Autre différend de même envergure, le pouvoir législatif attribué aux élus de Tripoli qui siégeraient au sein du futur Conseil d'Etat. Tobrouk rejette une revendication jugée inacceptable. A la veille de la date butoir du 20 septembre fixée par l'émissaire de l'ONU Bernardino Leon pour trouver un accord sur un gouvernementd'unité, un groupe de députés qui comprend entre autres le président du Parlement de Tobrouk, a publié un communiqué pour indiquer qu'il n'a pas donné son feu vert à ce texte élaboré lors des pourparlers interlibyens à Skhirat, sous l'égide de l'ONU, contrairement à la déclaration de l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye rapportée par l'agence émiratie Ermenews. Celui-ci avait en effet révélé, vendredi dernier, la conclusion d'un accord qu'il qualifiait d' «historique» entre les deux délégations, l'une de Tobrouk et l'autre de Tripoli, ajoutant que «cet accord sera un bon appui pour l'accord final qui sera signé dimanche prochain. Il stipule que la discussion sur l'étape de transition se fera conjointement entre toutes les parties libyennes, au sein du Parlement de Tobrouk, ce qui augmentera considérablement la représentativité de ce dernier». Bernardino Leon avait salué cet accord qui, selon lui, «sera sûrement une référence pour toute la région et particulièrement pour le Yémen, la Syrie et l'Irak». Pour y parvenir, il avait Introduit pas moins de neuf amendements exigés par le Parlement de Tripoli qui avait refusé de se rendre à Genève avant leur prise en compte. Si pour sept d'entre eux, relatifs au partage des rôles sur le terrain sécuritaire et énergétique, la conciliation semble possible, deux de ces amendements constituent un handicap majeur et un obstacle à la conclusion de cet accord. Les islamistes de Fajr Libya et leur Parlement de Tripoli ont une haine viscérale à l'égard du général Khalifa Haftar dont ils exigent la condamnation pure et simple en tant que «traître à la cause libyenne» alors que le Parlement de Tobrouk le destine à être ministre de la Défense dans le gouvernement d'union nationale! Autre différend de même envergure, le pouvoir législatif attribué aux élus de Tripoli qui siégeraient au sein du futur Conseil d'Etat. Tobrouk rejette une revendication inacceptable, tout en se disant favorable au document du 12 juillet signé par sa délégation, mais refusé par celle du Congrès général national, autant dire un document unilatéral. Si une partie du Parlement de Tobrouk penche pour des concessions et des ajustements du texte avant la date fixée par Bernardino Leon, une autre partie maintient son opposition catégorique à toute modification du projet selon les amendements exigés par Tripoli. Dans un communiqué paru tard vendredi soir sur le site officiel du Parlement basé à Tobrouk, elle conteste ces amendements introduits dans la dernière version. Ce groupe, qui se présente sous le nom de «commission chargée du suivi des affaires urgentes», ne précise pas le nombre de parlementaires qui y adhèrent et se démarque ouvertement de la délégation qui a mené les discussions au Maroc, même si un troisième groupe semble prêt à se rallier à la dernière proposition de Leon. Le même jour, les Etats-Unis et leurs alliés européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne) ont appelé les Libyens à s'entendre d'ici dimanche sur les candidats au gouvernement d'union nationale, afin d'ouvrir la voie à une aide économique et sécuritaire dont a grandement besoin le pays. Ni Fajr Libya ni les autorités de Tobrouk ne semblent enclins à sceller une entente cordiale et parapher un accord qui ouvrirait la voie au gouvernement d'union et donc au retour de la paix et de la sécurité, surtout que la mise en oeuvre elle-même de cet accord se heurtera immanquablement à des écueils aussi nombreux que contraignants, le plus évident concernant la mainmise sur les gisements de pétrole également convoités par les groupes terroristes de Daesh et d'Al Qaîda. Dans le cas où Tripoli et Tobrouk consentent un effort conjugué en ce sens, l'Algérie qui suit, avec une attention extrême, l'évolution de la situation à ses frontières et qui plaide, aussi bien au sein de l'Union africaine, de la Ligue arabe que sur le plan international, pour une solution respectant la souveraineté du peuple libyen et l'intégrité de la Libye, à l'exclusion de toute autre solution fondée sur l'intervention militaire ou sur une quelconque forme d'ingérence ne lésinera pas sur les efforts pour conforter la seule démarche à même de restaurer la sécurité et la paix dans un pays important pour le Maghreb et pour l'ensemble de la région méditerranéenne.