Bernardino Leon, chef de la mission des Nations unies en Libye, a, selon lui, accepté d'inclure pas moins de neuf amendements proposés par son rival de Tripoli. Parmi ces amendements, deux assez sensibles et quasiment irréconciliables. Le premier porte sur la personne de Khalifa Haftar. Les députés de Tobrouk l'ont proposé ministre de la Défense. L'Assemblée de Tripoli, qui est dominée par les islamistes, considère l'ancien général comme un traître. Le second porte sur le pouvoir législatif donné aux élus de Tripoli qui siégeraient au sein d'un nouveau conseil d'Etat. Tobrouk le juge exorbitant. « Le Parlement de Tobrouk reste attaché au document paraphé le 12 juillet à Skhirat par sa délégation et toutes les parties à l'exception du Congrès général national (CGN, Parlement rival) », rappelle le député Tarek Djourouchi. Et de préciser qu'il « rejette tous les amendements et toutes les modifications apportés au texte de l'accord signé mais pas le projet lui-même ». Le chef de la mission des Nations unies en Libye, qui a promis la formation d'un gouvernement d'union nationale le 20 septembre au plus tard, a annoncé, dimanche dernier, après de nouvelles négociations, un texte sur lequel les deux Parlements rivaux se mettraient d'accord pour arriver à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Réussira-t-il d'ici là à rapprocher physiquement et psychologiquement les deux camps ? « Oui », répond-il, même s'il ne cache pas son mécontentement quant au « climat de méfiance » qui règne entre les deux parties. A l'en croire, « malgré certaines divergences, les Libyens sont plus proches que jamais d'un règlement politique ». Quid des points de discorde ? Ils portent, dit-il, sur le contenu de l'accord et sur l'aspect procédural. Leon reconnaît que l'introduction ou non de certains amendements au texte de l'accord paraphé le 12 juillet dernier suscite certaines divergences. « C'est une situation normale qui accompagne, en général, les derniers moments précédant la signature de tout accord », dit-il, souhaitant voir les deux parties parvenir à une formule à même de surmonter cette situation et « réaliser » que la proposition onusienne « ne doit donner lieu ni à un vainqueur ni à un vaincu ». Précision du diplomate espagnol à l'endroit des deux protagonistes (la Chambre des représentants et le Congrès général national-CGN) : « Ni l'ONU ni aucune autre partie ne pourra décider à leur place ». Depuis la chute du régime Kadhafi, la Libye est plongée dans une crise politique et sécuritaire sans précédent sur fond de lutte pour le pouvoir entre la Chambre des représentants reconnue par la communauté internationale et le CGN qui insiste sur le respect du jugement de la Cour suprême basée à Tripoli ayant invalidé l'existence même du Parlement de Tobrouk.