Fajr Libya, la coalition de milices islamistes qui contrôle la capitale libyenne Tripoli, ainsi que son gouvernement parallèle et le Conseil général national (CGN), tous les deux non reconnus par la communauté internationale, a trouvé la parade pour ne pas envoyer ses représentants au dernier round du dialogue interlibyen, qui devait se dérouler, jeudi à Skhirat, au Maroc. À la veille de cette rencontre, avec l'envoyé spécial de l'Onu en Libye, Bernardino Leon, deux représentants importants du CGN ont annoncé successivement leur démission, provoquant ainsi l'annulation de la participation du Parlement parallèle de Tripoli à la réunion de Skhirat. C'est pour la deuxième fois consécutive que le CGN reporte son déplacement à Skhirat après l'avoir fait, il y a de cela deux semaines, prétextant un remaniement ministériel au sein du gouvernement de Tripoli. Mais en réalité, les autorités non reconnues de Tripoli cherchent à gagner du temps, faisant fi de la menace terroriste du groupe autoproclamé Etat islamique (Ei/Daech). Car Fajr Libya attend la fin, en octobre prochain, du mandat du gouvernement exilé à Tobrouk, internationalement reconnu, pour pouvoir peser de tout son poids dans le processus de négociations parrainé par l'ONU. C'est ce qui explique en partie l'empressement de l'ONU à faire signer l'accord de paix et la formation d'un gouvernement d'union nationale pour éviter le pire des scénarios qui pourrait intervenir après octobre. Passé cette date, en effet, aucune partie ne peut revendiquer de légitimité. Fajr Libya peut donc faire valoir son droit à intégrer le futur gouvernement et exiger son implication dans les institutions législatives, ce que refuse, aujourd'hui, le gouvernement reconnu du Premier ministre Abdallah al-Theni. Autrement dit, il y a de quoi se montrer pessimiste quant à une possible signature, par le CGN, de l'accord de paix de Skhirat, malgré les assurances de Bernardino Leon et de son équipe de médiation, à laquelle participent l'Algérie et l'Italie. L. M.