La multiplication des milices et groupes jihadistes a compliqué la donne libyenne face à des politiques déconcertés Les attaques armées se poursuivent en Libye notamment à Tripoli, suscitant l'indignation de l'ONU qui a appelé à la mise en place d'un climat «plus propice» aux négociations pour un règlement pacifique de la crise. Dans une tentative visant à reprendre le contrôle de Tripoli, les forces du gouvernement reconnu par la communauté internationale (Tobrouk) ont affronté vendredi les éléments de la coalition de milices Fajr Libya à Tajoura, à 30 km de la capitale libyenne, contrôlée par celle-ci. Les forces du gouvernement avaient attaqué le camp de la coalition. Le bilan est lourd: 14 soldats, quatre membres de Fajr Libya et trois femmes sont morts dans les combats entre les camps rivaux, selon des sources militaires pro-gouvernementales. Vingt-quatre autres personnes y ont été blessées. Ces nouvelles attaques font suite à celles menées mercredi à Tripoli en vue d'en chasser la milice de Fajr Libya: Ainsi, l'aviation du gouvernement de Tobrouk, a bombardé un camp militaire contrôlé par la coalition Fajr Libya, près de Tripoli. Fin mars, celui-ci a annoncé une offensive pour libérer Tripoli, tombée aux mains de Fajr Libya en août 2014, et mène depuis des raids contre des positions de cette coalition de milices, notamment dans la région d'Al-Aziziya, non loin de la capitale. Quant à Benghazi, berceau de la révolte qui a mis fin au régime de Maâmar El-Gueddafi fin octobre 2011, elle connaît de violents combats entre les forces gouvernementales et celles du «Conseil de la Choura des révolutionnaires de Benghazi». Hier, au moins dix civils ont été blessés dans des affrontements entre les deux forces rivales, selon la chargée de communication à l'hôpital al-Jalaa. La Libye a deux gouvernements et deux parlements depuis que la coalition de milices s'est emparée de Tripoli et que le gouvernement reconnu s'est replié à l'est du pays. Pour mettre fin à ce chaos, l'ONU s'efforce de rapprocher les points de vue entre les protagonistes de la crise. Pour l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Bernardino Leon, les violences survenues vendredi à Tripoli sont «injustifiées» et «mettent en danger la vie de civils». Il a, en outre, renouvelé son appel à toutes les parties à «déployer tous les efforts possibles pour mettre fin immédiatement aux combats (...) et prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement plus propice aux négociations» dans le cadre du processus du dialogue en cours. S'agissant des combats de mercredi dernier, l'émissaire onusien les a qualifiés de «développement extrêmement négatif». «C'est non seulement inacceptable, mais nous espérons qu'il y aura une enquête pour déterminer qui est derrière», a-t-il poursuivi. Il a en outre évoqué la nécessité de parvenir à un accord final, «y compris sur les noms» des membres du gouvernement d'union national, et exhorté les parties en conflit «à se montrer flexibles et prêtes à faire des concessions». L'Algérie qui joue le rôle de facilitateur dans le dialogue inter-libyen en accueillant plusieurs rencontres à Alger entre des responsables politiques libyens en vue de mettre un terme à ce conflit, ne cesse de réaffirmer sa position à l'égard de cette question. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a ainsi affirmé jeudi soir lors d'une visite à Madrid que «la voie pacifique reste le moyen incontournable pour le règlement des conflits et des différends», en faisant référence notamment au conflit en Libye. Toujours à Madrid, M.Messahel a déclaré que «l'Algérie et l'Espagne partagent le même point de vue quant à la formation d'un gouvernement d'Union nationale consensuel en Libye». La semaine écoulée, les dirigeants de partis et des militants politiques libyens, réunis à Alger sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Unsmil), avaient souligné leur engagement aux principes adoptés dans la Déclaration finale du premier round de dialogue, tenu le 11 mars dernier à Alger. Ils avaient déploré la persistance des hostilités et de la violence dans plusieurs régions de Libye.