La secrétaire générale du PT toujours fidèle à elle-même Sellal dit une chose, Bouchouareb le contraire. Benkhalfa fait des clins d'oeil au patronat et tente de rassurer les travailleurs. Haddad annonce des révolutions multisectorielles. Qui décide en Algérie? Affirmant, lors d'une conférence de presse qu'elle a tenue hier au siège de son parti à Alger, qu'il existe bien des éléments au sein du pouvoir, installé depuis la mise en route de l'ajustement structurel imposé par le FMI à l'Algérie, qui jouent le rôle de relais des oligarques auprès du gouvernement dans l'objectif de mettre l'Etat au service exclusif de ces derniers, Louisa Hanoune considère que «l'Algérie est dans une zone de haute turbulence car l'Etat est désormais ouvertement au service des intérêts d'une minorité d'oligarques», Ali Haddad s'étant, selon elle, «substitué au président de la République, au Premier ministre et même à la diplomatie algérienne». Et de citer des exemples pour étayer ses propos: «On n'arrête pas de répéter que les acquis sociaux ne seront jamais touchés, que les subventions seront maintenues, que des projets continueront à être lancés, etc. Or, la loi de finances complémentaire contient beaucoup de mesures d'austérité et dont l'objet est la remise en cause de toutes ces affirmations. La suppression du Calpiref va ouvrir la porte à la corruption en matière d'accès au foncier et favoriser les oligarques, la généralisation de la taxe d'habitation à toutes les villes du pays et son augmentation dans les grandes villes est une injustice envers les citoyens. De plus, il y a recul en matière de projet, ce qui portera un coup dur au développement du pays», a-t-elle relèvé entre autres. Louisa Hanoune a aussi soulevé la suppression de l'article 66 de la LFC 2009 qui stipule qu'«il est interdit d'importer par procuration», ce qu'elle considère comme étant une lourde concession faite à l'oligarchie qui en fera un raccourci pour revenir au subterfuge des «prête-noms», ainsi que la mesure qui stipule que «sur trois employés qui partent en retraite, seul un employé est recruté dans la Fonction publique», ce qu'elle trouve scandaleux. Mais ce qui semble choquer le plus le Parti des travailleurs, c'est la remise en cause de la suppression de l'article 87 bis sur laquelle s'est engagé même le président de la République. «Il ne s'agit plus de supprimer l'article 87 bis mais de le réviser. Telle que contenue dans la LFC en préparation, cette révision profitera seulement aux classes les plus démunies et d'une façon très relative car, seuls ceux qui touchent un salaire inférieur ou égal au Snmg sont concernés et encore, car, les salaires de ceux-là seront, juste après l'entrée en vigueur de cette mesure, imposables», a-t-elle indiqué. Interrogée par L'Expression sur la rationalité des mesures proposées par le FCE pour régler la question des subventions dont profitent et les riches et les pauvres et les touristes et dont certains industriels tirent indûment bénéfice, notamment les fabricants de pâtes et de produits laitiers qui utilisent du blé et du lait subventionnés, Louisa Hanoune a dit qu'il n'est effectivement pas normal que des industriels profitent de ces mesures pour s'enrichir mais trouve inacceptable que le FCE, «qui ne fait que défendre les intérêts de ses membres» s'immisce dans ces affaires. «Le FCE veut privatiser l'Etat et cela semble bien marcher. Monsieur Bouchouareb a donné son accord pour les propositions du FCE. Les déclarations rassurantes du gouvernement sont de la poudre aux yeux. Le quatrième mandat de Bouteflika a accéléré le processus de privatisation de l'Etat parce que les oligarques qui ont financé sa campagne croient s'être appropriés l'Algérie», a-t-elle dit avant de recommander, en guise de solution au gaspillage qui se fait dans le cadre du système des transferts sociaux: «La solution est d'instaurer un impôt sur le patrimoine et un impôt sur la fortune. Les subventions, il y a 18 millions d'Algériens qui en vivent. On ne peut pas les supprimer pour les remplacer par la pension de solidarité que propose le FCE et qui nous rejette dans l'époque coloniale et fait des Algériens des indigènes.» Par ailleurs, évoquant le Premier ministre qui tente de rassurer les Algériens mais qui, dans le fait, fait «le contraire, Louisa Hanoune est catégorique: «Sellal ment aux Algériens». «Il dit aux Algériens qu'il n'y aura pas de mesures d'austérité et que l'Etat ne touchera jamais aux transferts sociaux. Or, sur le terrain, c'est le contraire qui se fait. On ne sait plus qui est qui, qui fait quoi et qui décide dans ce pays», a-t-elle argumenté. En effet, selon la porte-parole du Parti des travailleurs, avec la multiplication des avis et leurs divergences flagrantes sur des questions de fond, c'est une véritable cacophonie qui règne au sein du gouvernement. Néanmoins, le ton utilisé, bien qu'interrogatif, ne manque pas d'être, après tout, affirmatif: le chef de l'oligarchie est bel et bien Ali Haddad!