Pour sa première sortie médiatique, en tant que premier secrétaire du FFS, il n'y est pas allé de main morte avec le pouvoir, en l'accusant d'être le responsable direct dans la catastrophe du 10 novembre, qui a coûté la vie à plus de 1.000 personnes. Le nouveau premier secrétaire du FFS, qui vient d'être réélu par le conseil national du parti pour la quatrième fois, sur la base d'un choix du président du FFS, M.Hocine Aït Ahmed, argumente ses déclarations par d'importantes études réalisées par le Cneru en 1987 et 1989 et sur un plan d'aménagement élaboré par la société anglaise de Sir William Hakrow dans les années 70. Ces études, affirme M.Djeddaï, donnent les explications justes et logiques des causes réelles de la catastrophe du 10 novembre. Le plus important fait qui a été générateur d'une telle catastrophe, c'est vraisemblablement le déboisement massif de la zone de Frais-Vallon et de Sidi Medjbar ainsi que la forêt de Baïnem durant les années 94 à 95 et ce, pour des raisons sécuritaires, ce qui a engendré une fragilité du site et causé des glissements de terrain. M.Djeddaï souligne aussi, dans son analyse de la catastrophe, la situation de Oued M'kassel (axe Frais-Vallon) qui traverse les communes de Oued Koriche et de Bab El-Oued et qui draine toutes les eaux de pluies et les eaux usées des communes d'El-Biar et de Bouzaréah ; cette dernière est découpée en cinq bassins qui se déversent sur Frais-Vallon, Raïs Hamidou, Bab El-Oued, Beni-Messous et Baïnem. A l'époque coloniale, précise M.Djeddaï, les urbanistes et les architectes ont pris toutes les mesures de sécurité nécessaires pour parer à d'éventuelles catastrophes et ce, en créant des zones non construites en abord de Oued M'kassel, plantant des arbres sur les versants de la vallée Frais-Vallon, en réalisant des ovoïdes (ouvrages souterrains destinés au drainage des eaux usées et de pluies), de diamètre important longeant le lit de l'oued, et une réglementation urbaine draconienne pour toute délivrance de permis de construire. Au lieu de cela, les responsables locaux procèdent, précise le n°2 du FFS, par la condamnation des bouches des ovoïdes situés sur les hauteurs d'Alger, la construction d'une station urbaine sur le point le plus vulnérable de l'oued, en face du bureau de recrutement, car le niveau de la mer est très proche de celui de l'axe routier, ce qui a causé la mort de plusieurs personnes qui attendaient le bus et qui ont été jetées par l'oued vers la plage El-Kettani. M.Djeddaï met l'accent sur la spéculation foncière, sur les terrains situés dans les zones non aedificandi de l'oued et, enfin, l'édification sans respect des orientations des études au sol, sachant que cet ensemble accidenté donne de fortes déclivités de part et d'autre des lignes de crête (pentes variant de 0 à 65%, alors que la moyenne mondiale est de 45%). Enfin, le premier secrétaire du FFS a conclu ce volet en accusant le pouvoir de non-assistance à personne en danger, sachant que la météo avait annoncé à l'avance l'arrivée d'importantes précipitations et que le plan Orsec pouvait être lancé plus tôt. Au volet politique, le responsable du FFS affirme que la priorité de son parti, est le retour à la paix, la démocratisation du pays et la justice sociale. «Il n'est pas question aujourd'hui de parler d'élections, alors qu'il y a d'autres problèmes politiques à régler», ajoute M.Djeddaï. Il poursuit, en affirmant que le mot «élection» est important alors qu'en fait, chez nous, c'est un scrutin préfabriqué où des partis ont déjà été placés. Concernant l'invitation faite aux ârchs par le gouvernement pour régler la situation en Kabylie, le premier secrétaire du FFS, a déclaré que le pouvoir a toujours refusé les médiateurs réels dans la région préférant ses propres interlocuteurs afin de mieux asseoir sa politique, avant d'ajouter: «Ce n'est pas un échec politique dans la région, mais une volonté délibérée de rendre invisibles les forces politiques, en présence dans la région.» Enfin, le nouveau premier secrétaire du FFS, M.Ahmed Djeddaï, fraîchement réélu par les membres du conseil national de son parti, en reprenant une déclaration de son président, Hocine Aït Ahmed, affirme que quoi qu'il en soit, le FFS demeure l'unique espoir pour ouvrir la voie à un retour à la paix.