Alger sera une ville fermée durant ce long week-end Si pour le carburant et les transports, la question ne se pose plus depuis quelques années déjà, il reste le cas des commerces qui seront le grand défi du ministre du Commerce... L'Algérie va t-elle fermer à tous les étages durant l'Aïd El Adha? C'est la grande crainte des citoyens qui se retrouvent otages de la situation, même plusieurs jours après l'Aïd. Encore une fois, les autorités ont promis la mise en place de permanences pour parer à ce problème. Mais qu'en est-il vraiment? Que prévoit ce programme? Est-il vraiment efficace? Si pour le carburant et les transports, la question ne se pose plus depuis quelques années déjà, il reste le cas des commerces qui seront le grand défi du ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, qui tentera de réussir là où ses prédécesseurs ont échoué...En effet, Naftal rassure d'ores et déjà les citoyens. Les stations-service travailleront normalement durant les fêtes. Tout comme la distribution! «Il ne faut pas s'inquiéter sur les produits pétroliers durant les fêtes de l'Aïd El Fitr et à l'instar des autres jours de l'année, la distribution de ces produits, surtout des carburants, sera assurée sur l'ensemble du réseau de stations-service et points de vente Naftal, et ce 24h/24 et à travers tout le territoire national», indique une source interne de l'entreprise. Il est vrai que Naftal nous a habitués à assurer une permanence performante durant les fêtes, qu'elles soient nationales ou religieuses. Les seuls moments où il y a eu des problèmes, c'est quand les rumeurs prenaient le relais en soutenant comme une traînée de poudre que les stations-service fermeront leurs portes pour l'Aïd. Le transport public devrait lui aussi être disponible durant les deux jours de l'Aïd, et ce même si ça ne sera pas avec la fréquence habituelle. A titre d'exemple, la Société nationale des transports ferroviaires (Sntf) prévoit de renforcer ses dessertes de grandes lignes à la veille de l'Aïd. A Alger, bus de l'Etusa, train, métro et tramway assureront le service, avec une fréquence moindre que d'habitude avant de reprendre normalement dès samedi prochain. Les bus inter-wilayas sont sur le qui-vive. Leurs services ont doublé leurs dessertes à la veille de l'Aïd, nous ont-ils révélé à la gare routière du Caroubier. Pour les jours de l'Aïd, certains d'entre eux font savoir qu'ils reprendront le boulot le deuxième jour de l'Aïd, alors que d'autres annoncent qu'ils seront à pied d'oeuvre dès le premier jour dans l'après-midi à partir de 15h. C'est le même constat chez les transporteurs privés de la capitale. «On veut assurer une mobilité aux gens pour qu'ils puissent aller rendre visite à leurs proches, mais nous aussi on veut passer l'Aïd chez nous. Alors on coupe la poire en deux, soit on commence le premier jour dès l'après-midi, soit directement le deuxième jour», nous explique-t-il. A priori, le transport public ne devrait pas poser problème. Il reste les autres commerces, comme les épiciers et les boulangers. Le ministre du Commerce a annoncé le chiffre de 32.689 commerçants qui seront mobilisés durant les deux jours de l'Aïd El Adha pour assurer l'approvisionnement des citoyens en produits de base sur l'ensemble des wilayas du pays. Ce nombre de commerçants retenus pour la permanence, devenue obligatoire durant les fêtes nationales et religieuses depuis 2013 dans le cadre de la loi relative aux conditions d'exercice des activités commerciales, est en hausse de 20,56% par rapport à celui de l'Aïd El Fitr où 27.114 commerçants ont été réquisitionnés. Les opérateurs concernés par la permanence sont 4976 boulangers, 20.148 commerçants activant dans l'alimentation générale et les fruits et légumes, 7155 opérateurs dans des activités diverses et 410 unités de production dont 179 laiteries, 259 minoteries et 32 unités d'eau minérale. Par répartition régionale, la région de Blida enregistre le plus grand nombre de commerçants réquisitionnés avec 6137 commerçants suivie de la région d'Alger avec 6103 commerçants puis de celle de Sétif où 5211 commerçants ont été retenus pour la permanence. Cependant, malgré ces assurances du ministre du Commerce les citoyens vivent sous la hantise des fêtes de l'Aïd précédentes. Car, ce système de permanence a déjà montré ses limites. Surtout que les gros problèmes n'apparaissent pas durant l'Aïd, mais les jours d'après! C'est presque devenu une habitude, pendant presque une semaine les citoyens ne trouvent pratiquement pas quoi manger dans le circuit commercial. Les produits de première nécessité font ainsi défaut dans plusieurs wilayas et grandes agglomérations du pays plusieurs jours après l'Aïd. D'ailleurs, depuis hier déjà certains produits sont portés disparus dans certains endroits, comme le pain. Ce qui annonce déjà la couleur...Au grand bonheur des spéculateurs qui se frottent les mains durant cette période de fête pour saigner les citoyens. Profitant de cette pénurie, des vendeurs à la sauvette proposaient des denrées alimentaires très prisées en pareilles circonstances à des prix exorbitants. On donne l'exemple du pain dont la baguette, qui durant les fêtes de l'Aïd précédentes, a été cédée sur les trottoirs à 20 DA l'unité, soit le double de son prix habituel. Le pain traditionnel, lui, a coûté 100 DA l'unité! L'Aïd El Adha sera donc le grand test du ministre Bakhti Belaïb pour montrer sa «force» avant de s'attaquer à des sujets plus importants tels que le marché informel. Réussira-t-il son examen? Wait and see...