En dépit des assurances de l'Union des commerçants algériens et de la fermeté du ministère du Commerce quant au suivi de la permanence durant l'Aïd, beaucoup de magasins, épiceries, pâtisseries, boulangeries..., ont baissé rideau durant les deux jours de cette fête religieuse et même au moment où nous rédigeons cet article. Le phénomène des rideaux baissés sévit toujours dans la capitale à chaque occasion de fête. «Cette pratique est devenue une coutume, les commerçants semblent jouer à leur guise et certains ignorent la loi», déplore un citoyen rencontré à Belcourt. C'est vrai que le phénomène n'est pas particulier à la capitale, les autres wilayas de pays en souffrent également, mais Alger reste la plus vulnérable vu le nombre d'habitants qu'elle contient. Des concernés par la permanence désertent leur lieux de leur activité pour rejoindre leur famille ou rentrer au «bled», pour fêter, mettant ainsi le citoyen dans l'embarras. Désormais, il se trouve seul devant les assurances des autorités publiques et associations activant dans le domaine, et la fermeture des commerçants le jour de l'Aïd connu par les différents besoins alimentaires. Le ministère du Commerce et l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA) font à chaque fois des bilans positifs relatifs au respect de la permanence, mais la réalité sur terrain atteste le déni de certains commerçants et concernés par la permanence. «5% des commerçants n'ont pas assuré le service pendant l'Aïd» Les garanties de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA) à la veille de l'Aïd ne semblent rassurer les citoyens habitant à Alger. Ces derniers ont commencé déjà, à quelques jours de la fête, à faire des réserves et des approvisionnements concernant certaines denrées alimentaires qui sont demandées à cette occasion. Le pain est le grand problème des Algérois en dépit des mesures de précaution introduites par les autorités. Pourtant, l'UGCAA a affirmé que «90% des 35 000 commerçants réquisitionnés à travers le territoire national ont assuré l'ouverture de leurs commerces les jours de l'Aïd». En l'occurrence, l'Union n'a pas manqué de pointer du doigt certains boulangers qui n'ont pas respecté la permanence, notamment au niveau de la capitale. «La tension sur le pain est toujours là malgré toutes ces mesures appliquées par les autorités publiques», déplore un citoyen qui souhaite venir à bout de ce problème. Selon M. Hadj Tahar Boulanouar, le porte-parole de cette union, le taux de suivi a été établi à 99,47% et les concernés par le système de permanence ont poursuivi normalement leurs activités. «Sur les 4 565 commerçants mobilisés, seuls 24 n'ont pas respecté la permanence, soit un taux de 5%», a-t-il relevé, «30 millions de baguettes de pain ont été consommées durant l'Aïd», selon la même source qui a assuré qu'aucune plainte officielle n'est parvenue des directions du commerce et des associations de protection des consommateurs sur le manque de denrées alimentaires, notamment le pain, à travers le territoire national. Les programmes de permanence introduits par la loi 08-04 qui concerne les conditions d'exercice des activités commerciales durant les fêtes nationales et religieuses sont très fermes. «Toute fermeture non justifiée en dehors des deux premiers jours de l'Aïd est considérée comme illégale», a indiqué Mimoune Bouras, directeur du commerce de la wilaya d'Alger, lors d'une conférence de presse tenue, à quelques jours de la fête de sacrifice. Afin d'éviter toute interruption d'approvisionnement de la capitale en denrées alimentaires, le responsable a fait savoir que la permanence a été prolongée de 7 jours, soit 9 jours au total. Dans le cadre d'une mesure de précaution ordonnée et prise par le wali d'Alger, une augmentation de 284% (1 186 commerçants) par rapport à l'Aïd El-Fitr a été prévue. 609 boulangeries devraient travailler durant cette période. 2 500 marchands sont réquisitionnés contre 637 à l'Aïd El-Fitr. Leur hausse est estimée à 292%. Pour les activités diverses, telles que les stations-service, 1 944 opérateurs devraient assurer la permanence contre 252 l'Aïd passé. «Des sanctions seront prises à l'encontre des contrevenants» Des chiffres rapportés lundi par le ministère du Commerce affirment que les recommandations concernant la permanence ont été bel et bien respectées. En effet, 99,3% des commerçants en produits alimentaires réquisitionnés pour les deux jours de l'Aïd El-Adha avaient assuré la permanence. Sur les 34 278 commerçants réquisitionnés et activant dans le domaine des produits alimentaires de large consommation, seuls 240 commerçants (0,7%) n'ont pas respecté cette obligation, a précisé le ministère dans un communiqué. Des sanctions seraient prises à l'encontre des contrevenants conformément à la réglementation en vigueur qui prévoit une amende comprise entre 30 000 DA et 200 000 DA ,ainsi qu'une fermeture administrative pour une durée de 30 jours pour les commerçants récidivistes. Le nombre de commerçants qui devaient assurer la permanence durant cette fête religieuse a été augmenté de 54% et celui des agents de contrôle de 25% (2.210 agents) sur tout le territoire national afin d'assurer la disponibilité des produits de large consommation, avait annoncé mercredi dernier un responsable auprès du ministère du Commerce. Le nombre pour la capitale a augmenté de 284% avec 4 565 commerçants dont 609 boulangers, 2 500 détaillants des locaux d'alimentation générale et de fruits et légumes, huit laiteries, quatre minoteries et 1 444 locaux de divers services. La liste de permanence a compté, ainsi, 5 862 boulangers, en hausse de 42% par rapport à l'Aïd El-Fitr, et 19 751 commerçants d'alimentation générale et de fruits et légumes (+58%), alors que 407 unités de production devaient être mobilisées contre 274 lors de la fête précédente. En outre, quelque 7 215 commerçants, qui activent dans les autres créneaux nécessitant un système de permanence tels les pharmacies, ont été réquisitionnés lors des deux jours de l'Aïd El-Adha contre 4 285 lors de l'Aïd El-Fitr. La capitale a connu une taux de réquisition important de commerçants par rapport aux autres wilayas. Mais entre la loi et la pratique, le citoyen se demande «à qui le dernier mot».