Les pays européens ont engagé, ces dernières années, un processus de concertation. L'Algérie abritera, mardi prochain, une rencontre des 5+5 qui regroupe, outre notre pays, la Tunisie, le Maroc, la Libye et la Mauritanie côté maghrébin, la France, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et Malte côté européen. La rencontre qui se tiendra à Oran les 23 et 24 novembre intervient dans une conjoncture mondiale et régionale particulière. Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres aborderont plusieurs thèmes relatifs à la sécurité, la lutte contre l'émigration clandestine et la drogue ainsi que la création d'une zone de libre-échange. Elle intervient dans un contexte de régionalisation initiée par les grandes puissances économiques et militaires puisque outre l'Otan qui s'ouvre aux pays du Sud, la francophonie gagne de nouveaux espaces depuis le dernier sommet de Beyrouth en 2002. Les pays européens, conscients que leur stabilité dépend en grande partie de celle des pays de la rive sud de la Méditerranée, ont engagé, ces dernières années, un processus de concertation en vue d'aborder les grands dossiers, comme la lutte contre la drogue, l'émigration clandestine comme la lutte contre la drogue, l'émigration clandestine ou encore le développement dés échanges économiques et commerciaux. Le groupe dit des 5+5 n'est pas à sa première rencontre puisque, depuis la fin des années quatre vingt-dix, plusieurs sommets se sont tenus des deux côtés de la Méditerranée.L'Europe, (l'Italie, l'Espagne, la France, le Portugal et Malte), ne peut plus contenir les flots d'immigrants clandestins qui échouent sur leurs plages. Le problème qui prend actuellement les allures d'un drame a suscité l'intérêt de l'Union européenne qui a sommé ses membres, considérés comme des zones d'accès faciles, à promouvoir une coopération pour endiguer le fléau, avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. Dans ce contexte, l'Espagne a engagé tout un processus de coopération avec le Maroc et l'Algérie pour une meilleure surveillance des eaux territoriales pour chasser les boat- people. Les clandestins africains constituent aujourd'hui une véritable hantise pour l'Espagne et l'Italie qui ont convenu de développer une coopération accrue avec l'Algérie, le Maroc et la Libye à même de trouver les meilleurs moyens pour lutter contre le phénomène. A ce titre, il faudrait rappeler les positions de notre pays qui a précisé que la lutte contre ce phénomène ne pouvait être efficace que si des perspectives d'avenir sont offertes aux jeunes Africains dans leur pays d'origine. La lutte contre la drogue constitue un autre sujet de la rencontre. Les pays européens, un vaste marché pour les trafiquants de drogue, ont évoqué à plusieurs reprises que les solutions passent par l'éradication des champs de culture du pavot implantés au Maroc. La proposition d'introduire des cultures de substitution dans les régions où se concentrent les plants de drogue, a été évoquée, mais elle a trouvé des réticences chez les agriculteurs marocains «refroidis» par les coûts de production des nouvelles cultures ou encore par les bénéfices qu'ils pourraient en tirer. La stratégie, qui pourrait être discutée au cours de la rencontre d'Oran, envisage le développement des moyens de contrôle douaniers et des services de sécurité et une harmonisation de l'arsenal juridique entre les pays membres du groupe. La perspective d'adhésion de notre pays à l'OMC pourrait se trouver facilitée grâce aux discussions des modalités au sein du groupe des 5+5. La création d'une vaste zone de libre-échange pourrait servir les intérêts des économies européennes fragilisées par les effets du «dumping sud-asiatique». Plusieurs groupes industriels européens acculés par leurs difficultés se sont lancés dans une vaste opération de délocalisation, ce qui a créé des tensions sociales dans leur pays. La création d'une zone de libre-échange, dans le cadre du groupe dit des 5+5 avec des tarifications douanières attractives, pourrait constituer une issue de secours à l'économie européenne asphyxiée par une invasion de produits sud-asiatiques et contrainte de subir des surtaxes pour toute volonté d'entrée en Amérique. La sécurité et la coopération dans ce domaine, la lutte contre le terrorisme, le développement de la pêche et des discussions d'ordre politique pour harmoniser les points de vue sur les grands dossiers de l'heure, seront les autres sujets que débattront les ministres des Affaires étrangères du groupe des 5+5 à Oran.