Une nouvelle fois un cinéaste algérien est piégé par le lobby sioniste. Après Jean-Paul Liedo, après Lyès Salem qui a failli participer au festival d'Ashdod, après les jeunes cinéastes invités à Locarno pour participer dans l'opération Open Doors, financée par un ministère israélien, voilà que Merzak Allouache, le réalisateur algérien le plus représenté à l'étranger, est programmé au festival du cinéma de Haïfa dans les territoires occupés par Israël, avec son dernier film «Madame courage». Le film a été projeté en version arabe sous-titré en hébreu et en anglais pour le public israélien le 27 septembre et sera reprogrammé le 1er octobre prochain à 13h30 à la salle Kriger à Haïfa. On ignore si le réalisateur était présent à la projection. Sur sa page Facebook, le réalisateur algérien n'a pas mentionné sa participation au festival israélien. Chose qu'il a faite à chaque fois que son film est sélectionné dans un festival international. C'est le mouvement antisioniste BDS Algérie (Boycott, désinvestissement et sanction) non encore agréé en Algérie qui a dénoncé dans un premier temps cette participation avant d'être rejoint dans cette optique par le journaliste Youcef Benzatat, dans une contribution sur son blog. Aujourd'hui, on ne peut rien cacher, les nouvelles technologies révèlent tout et dès qu'un Algérien est associé à un événement avec Israël, c'est révélé sur Internet. Ainsi sur le site Internet du festival, on peut découvrir la programmation du film, mais l'Algérie n'est pas mentionnée en tant que producteur. Le film «Madame Courage» est produit par l'Algérie à travers le Fdatic à hauteur de 60%. Il est également produit par le CNC français, Doha Institut et Sanad Dubai, soit trois producteurs arabes et un seul producteur français. On ignore comment le film a atterri à Haïfa. Ce qui est sûr est le fait que le producteur délégué Antonin Dedet qui dirige la société Neon Film coproducteur du film travaille beaucoup avec les festivals et apporte souvent son soutien au cinéma israélien. Dans ce cas comme dans celui de Lyès Salem, c'est généralement le producteur qui propose les films pour les festivals, avec l'accord du réalisateur bien sûr. Donc Allouache a autorisé le producteur à présenter le film à Haïfa et contrairement au festival d'Ashdot où les dirigeants sont de la gauche israélienne, celui de Haïfa est piloté par la droite dure israélienne. La 31e édition du Festival international du film à Haïfa, qui a débuté le 26 septembre dernier est surtout un rendez-vous important pour la communauté française présente en Israël. L'ambassade de France et l'Institut français d'Israël, sont d'ailleurs pleinement impliqués dans ce festival qui rendra hommage au réalisateur Claude Lanzmann, pour les 30 ans du film «Shoah» et pour célébrer son 90ème anniversaire. Le festival proposera en outre une rétrospective des films de Claude Lanzmann avec les projections de «Shoah» (1985), «Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures» (2001), «Le rapport Kaski» (2010) et «Le dernier des Injustes» (2013). Des films qui saluent hautement le sionisme et la création de l'Etat d'Israël. Par ailleurs, plusieurs invités français, professionnels de la production et de la distribution, participeront à la journée de pitching sur le thème des longs métrages de fiction israéliens. Seront présents: François Yon, P-DG de la société Films Distribution et vice-président de l'Association des Exportateurs de films (Adef), Mathieu Delaunay, responsable des ventes internationales chez Memento Films, Marine Goulois, responsable des ventes internationales chez Les Films du Losange, et Arnaud Bélangeon-Bouaziz, responsable marketing, en charge des festivals et des artistes pour la société Urban Distribution International. Autant dire que ce festival est un rendez-vous du cinéma français en Israël. [email protected]