«L'Iran est depuis longtemps la cible des «Faucons» qui se sentent gonflés d'importance», après la réélection de M.Bush. La multiplication des déclarations, des mises en garde de plus en plus menaçantes par l'administration américaine contre l'Iran au sujet de la prolifération des armes nucléaires, fait craindre le pire. Même si elle n'est pas à l'ordre du jour, l'utilisation de la méthode forte contre l'Iran n'est pas écartée, connaissant la nature belliqueuse de M.Bush «quand il s'agit de la sécurité américaine». Curieusement, les déclarations américaines rappellent celles qui, il y a deux ans, ont précédé l'attaque puis l'occupation de l'Irak. Fabrication d'armes de destruction massive, liaison du régime irakien avec le réseau Al Qaîda, nature tyrannique du président déchu Saddam Hussein... A quelques différences près, les mêmes «chefs d'inculpation» sont retenus contre Téhéran. Outre la fabrication des armes nucléaires , les responsables américains accusent régulièrement l'Iran de soutenir les groupes irakiens qui ont pris les armes contre les forces de la coalition et le gouvernement irakien. Envahir l'Iran serait une erreur «catastrophique» a averti, samedi dernier, le journal américain, New York Times dans son éditorial. Jugeant que les déclarations récentes de l'administration Bush sur l'Iran rappellent celles des mois précédant le déclenchement du conflit en Irak. «L'Iran est depuis longtemps la cible des «Faucons» de l'administration qui sans aucun doute se sentent gonflés d'importance» après la réélection de George W.Bush, souligne le quotidien en estimant qu'il «n'y a pas de solution militaire» pour ce pays. «Nous espérons que le président Bush a retenu la leçon de l'aventure irakienne pour comprendre les dangers de s'appuyer sur des informations fausses des services du renseignement afin de créer une impression erronée d'urgence sur une menace à la sécurité nationale». En début de semaine, le président Bush a lancé une mise en garde à l'Iran et à la Corée du Nord. Il les a avertis que les Etats-Unis et leurs partenaires d'Asie et du Pacifique les empêcheront de développer des armes nucléaires. M.Bush a souligné combien il était «important que le gouvernement iranien sache que nous sommes préoccupés par leurs intentions et très inquiets du fait d'informations qui montrent (...) qu'ils cherchent à accélérer la fabrication de matières qui pourraient mener à une arme atomique». Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, a lui aussi maintenu ses accusations selon lesquelles l'Iran chercherait à adapter des ogives nucléaires sur ses missiles balistiques. De leur côté, les Israéliens maintiennent la pression et espèrent, à défaut d'une attaque militaire qui sera menée par l'armée US, des sanctions économiques de la part du Conseil de sécurité de l'ONU. Non satisfaits de la décision iranienne de suspendre l'enrichissement de l'uranium, les Israéliens soutiennent que la menace nucléaire iranienne est réelle: «Nous disposons (...) d'informations précises sur un réseau d'installations secrètes où les Iraniens vont poursuivre l'enrichissement de l'uranium». Pourtant, l'Iran a consentit la suspension de l'enrichissement, en vue d'empêcher les accusations américaines. La décision de Téhéran est intervenue à la suite d'un accord sur l'arrêt de l'enrichissement de l'uranium en échange d'une coopération économique élargie avec la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne. Ces positions américaines et israéliennes ont en outre été étayées par des accusations, lancées toujours au début de cette semaine, par des diplomates à Vienne selon lesquelles l'Iran a accéléré la production d'un dérivé d'uranium, l'UF6.