En raison des divergences au sein de l'Otan, autour de la crise irakienne, Jaap De Hoop Scheffer jouera toutes ses cartes avec les pays dits «du dialogue méditerranéen». Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer et le président d'Interpol, Jackie Selebi, sont attendus à Alger en fin de semaine. Le premier animera jeudi au Palais des Nations une conférence débat intitulée, «l'Otan après le sommet d'Istanbul et le dialogue méditerranéen» alors que le second qui arrivera aujourd'hui, s'intéressera plus particulièrement à l'action des services de sécurité algériens, en matière de lutte antiterroriste et d'investigations. Jackie Selebi se rendra, ce matin, à la direction de la police scientifique où il doit visiter les différentes structures de cette institution ainsi que des laboratoires de recherche, dont le dernier est le laboratoire d'analyses ADN inauguré récemment. L'hôte de l'Algérie se rendra ensuite à la direction des unités républicaines d'El-Hamiz où il s'informera sur les techniques utilisées dans le désamorçage des bombes par les artificiers algériens qui ont acquis une riche expérience dans leur lutte contre le terrorisme. Le Centre africain des études et de recherche sur le terrorisme d'El-Harrach inauguré par le chef de l'Etat en marge de la conférence internationale sur le terrorisme, tenue au Palais des Nations, sera la dernière escale de M.Selebi. Pour sa part, le secrétaire général de l'Alliance atlantique, dont la présence en Algérie coïncide avec la tenue de la rencontre des 5+5 à Oran, consacrée, notamment à la lutte contre l'immigration clandestine, le trafic de stupéfiants et le crime organisé, aura sans doute des contacts avec les responsables militaires et politiques algériens. Dans ce contexte, il est utile de rappeler que le dossier irakien ne sera pas en reste des discussions, même si, à première vue, l'Algérie a refusé tout envoi de troupes en Irak. La légalité internationale ayant toujours guidé sa politique internationale, l'Algérie inscrit tout éventuel engagement dans toute initiative de maintien de la paix en Irak, dans le cadre des Nations unies. Il est tout à fait clair qu'en raison des divergences au sein de l'Otan, autour de la crise irakienne, Jaap de Hoop Scheffer jouera toutes ses cartes avec les pays dits «du dialogue méditerranéen». La visite du patron de l'Alliance atlantique intervient au moment où l'Algérie procédera, sous l'égide du ministère de la Défense nationale, à la destruction des mines antipersonnel à Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa. Une opération qui sera rehaussée, indiquent des sources sûres, par la présence du chef de l'Etat et du secrétaire général de l'Otan. La présence de M. Scheffer est on ne peut plus symbolique, d'autant que le dossier des mines antipersonnel a été au centre des débats de la dernière réunion de Bruxelles. Par ailleurs, devant la dégradation des relations transatlantiques, engendrées par les divergences des membres de l'Otan autour de la guerre en Irak, le secrétaire général de cette organisation entame une véritable course contre la montre pour amener les pays de l'Alliance à accorder leurs violons. Le malaise au sein de l'Otan a été clairement exprimé, par de Hoop Scheffer dans un récent entretien au Financial Times en déplorant «l'absence d'un véritable dialogue au sein de l'Alliance atlantique» avant le déclenchement de la guerre en Irak, en mars 2003. Ce qui a fait qu' une dizaine de pays, dont la France, l'Espagne et l'Allemagne, sur les 26 membres de l'Otan, n'entendent pas participer à la mission en Irak. La tenue mercredi dernier, à Bruxelles, de la première réunion du comité militaire en session des chefs d'état-major de la Défense des pays de l'Otan avec les pays du Dialogue méditerranéen, en présence du général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, ainsi que de ses homologues de l'UMA et d'Israël, a constitué une occasion pour élargir l'Alliance aux pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Pour cause, c'est la première fois qu'un sommet de l'Alliance atlantique réunit les chefs militaires des rives nord et sud de la Méditerranée. La situation en Irak, la lutte antiterroriste, le démantèlement des mines antipersonnel et la coopération militaire, ont été au centre des débats de la rencontre qui, faut-il le rappeler, intervient au lendemain du sommet d'Istanbul. L'engagement de l'Algérie dans le cadre de la lutte antiterroriste depuis les évènements du 11 septembre aux Etats-Unis, a été ponctué de la visite du chef de l'Etat au siège de l'Otan en 2002. Un geste hautement symbolique, d'autant plus que l'Algérie avait été aux premières loges dans la lutte antiterroriste au cours de la dernière décennie. Ce qui, aujourd'hui, fait de notre pays un partenaire incontournable dans le Bassin méditerranéen. Une place confortée par le choix de l'Algérie pour abriter la rencontre des 5+5, le sommet du Nepad et la conférence des parlements africains.