Ses entretiens avec le président Bouteflika ont porté sur le dialogue politique. Jaap de Hoop Scheffer et Abdelaziz Belkhadem ont qualifié de “signe politique fort” la visite, jeudi, à Alger, du secrétaire général de l'Otan. Cette visite est la première du genre dans notre pays d'un premier responsable de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord ; elle est aussi la première de M. Scheffer, depuis sa prise de fonction en janvier 2004 —en remplacement du Britannique George Robertson —, dans l'un des sept partenaires du Dialogue méditerranéen. Le sommet d'Istanbul, tenu les 28 et 29 juin dernier, avait décidé de passer du stade du dialogue à celui du partenariat avec les riverains du Sud (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie, Egypte, Jordanie et Israël). “Ma présence ici est le signe d'une nouvelle dynamique dans nos relations. Aujourd'hui, des politiques nouvelles sont en train de s'élaborer et, l'Algérie, depuis 2000 — date de son adhésion au Dialogue méditerranéen de l'OTAN — a érigé ce dialogue à un élément essentiel de sa politique étrangère et su entendre sa voix dans le monde”, a commenté Scheffer, au cours d'une conférence académique, au Palais des Nations, en présence de plusieurs ministres, de cadres du ministère de la Défense et d'étudiants de l'ENA (école nationale d'administration). “Aujourd'hui, a-t-il ajouté, il est temps d'élever ce cadre à un partenariat pour la paix, conformément aux résolutions du sommet d'Istanbul”. Pour lui, en l'espace de dix ans, les différents partenaires ont “progressé dans la voie de la compréhension mutuelle”. Des militaires des pays du Dialogue, dont les militaires algériens, ont ainsi pu suivre des formations dans des centres de l'Otan en Allemagne et en Italie. Le partenariat suppose notamment, la mise à niveau des forces armées, l'échange de renseignements et, éventuellement, de l'organisation d'opérations militaires — ou maritimes — conjointes de lutte contre le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et, globalement, l'insécurité en Méditerranée. Jaap de Hoop Scheffer a d'ailleurs indiqué, lors d'un point de presse dans l'une des salles annexes du Palais des Nations, que son organisation soutiendrait toute demande et tout effort émanant de l'Algérie visant à prendre part à des opérations militaires. Des manœuvres militaires communes ? “Elles sont possibles, a-t-il rétorqué, à condition que la décision provienne du libre choix du gouvernement algérien”. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a, de son côté, fait savoir que l'Algérie était intéressée par une “coopération dans les domaines civils et de la formation, l'acquisition des techniques et des technologies”, mais aussi “dans des opérations de maintien de la paix”. “Nous désirons un partenariat qui tienne compte de la souveraineté de la décision, du respect des valeurs et du partage du principe”, avait dit Belkhadem en préambule. Le secrétaire général de l'Otan soulignait précédemment que l'organisation discute et travaille de façon séparée avec ses partenaires, “il appartient à chacun de définir sa façon de coopération avec nous”. Que, dans sa stratégie, celle-ci observait trois principes : “Coresponsabilité, c'est-à-dire respect et confiance mutuels et, en la matière, l'Algérie est un partenaire fort ; complémentarité, qui suppose le concours de tous et de toutes ressources dans la politique de partenariat ; respect des spécificités locales et régionales, pas d'approche donc uniformisées de la question de la sécurité.” En bref, “l'Otan, ne veut nullement d'une relation à sens unique”, a clamé son premier responsable. Ces précisions ont évidemment leur importance. Et pour cause. Si l'Alliance Atlantique refuse de se hasarder à imposer des normes de sécurité ou de définitions uniformisées, c'est parce que les pays du Dialogue sont presque tous concernés, directement ou indirectement, par le conflit palestino-israélien. Ce conflit ralentit considérablement les efforts de rapprochement entre les partenaires ; il pourrait, demain, constituer un facteur de blocage pour toute opération conjointe, voire empêcher carrément la concrétisation de quelques décisions prises de commun accord ou quelques projets importants. M. Scheffer a tenu à préciser que ce conflit ne devait en aucun cas prendre en otages ces efforts de partenariat. “Sans perspective de paix au Proche-Orient, le dialogue peut en pâtir, certes, mais nous devons faire en sorte que cela ne puisse pas représenter une embûche sur la route de l'entente et de la coopération entre l'Otan et ses partenaires. Cela dit, le processus de paix, tel que conçu par le quartette (états-Unis, Russie, Nations unies, Union européenne) reste une priorité pour l'Otan”, a-t-il conclu. Bientôt une troisième escale de l'Otan à Alger, selon Belkhadem Le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a annoncé, jeudi, en marge de la visite du secrétaire de l'Otan à Alger, qu'une troisième escale de cette organisation dans la capitale est pour bientôt. M. Belkhadem répondait à une question sur une demande précise formulée par l'Algérie à l'Otan, à l'occasion de la venue de Jaap de Hoop Scheffer. “Nous n'avons pas formulé de demande spéciale, mais uniquement exprimé des positions dans le cadre du Dialogue méditerranéen”, a précisé le ministre. Rencontre des ministres des AE le 8 décembre à Bruxelles Les ministres des Affaires étrangères des 26 pays membres de l'Otan rencontreront leurs homologues des sept pays du Dialogue méditerranéen le 8 décembre prochain au siège de l'Organisation, à Bruxelles. Les motifs de cette rencontre n'ont pas été précisés. L. B.