Un parc à renouveler et une gare à construire. De tous les secteurs d'activité à Béjaïa, celui du transport reste incontestablement le plus perturbé cette année, des perturbations qui traduisent, on ne peut mieux, l'urgence de revoir toute la copie dans ce domaine, considéré à juste raison comme le poumon de la ville. Le dernier débrayage en date reste celui qui a touché la localité d'Aokas dans la journée d'hier. A bien analyser la série de mouvements de grève qui ont secoué ce secteur, il est aisé de distinguer les urgences et de prendre directement des mesures adéquates. Faut-il pour autant qu'il y ait des bonnes volontés? Si les mouvements de grève ont soulevé des problèmes liés directement à la profession, notamment une gare routière, la réorganisation de la planification, il reste que les usagers ne veulent plus de ces moyens de transport désuets. Que l'on en juge: le parc compte en majorité des véhicules qui, outre leur âge avancé, sont très peu rentables pour les propriétaires et très inconfortables pour les usagers qui de ce fait espèrent tous ici à Béjaïa une véritable opération de renouvellement du parc. Si du côté des pouvoirs publics, l'opération a été entamée depuis 2002, l'espoir demeure d'aboutir bientôt à l'utilisation des autocars de 40 places sur les lignes urbaines, c'est-à-dire assurant les dessertes dans les villes. Un système qui a un double avantage celui d'assurer d'abord un confort aux usagers puis de réduire, par la même occasion la densité de la circulation dans les centres urbains, mais lorsque les ruelles ne s'y prêtent pas, les moyens actuels seront reconduits par obligation à condition que les textes de loi soient respectés, en ce sens que les véhicules doivent être pourvus d'au moins 15 places, comme le stipule clairement la réglementation. Lors du mouvement de grève de l'Ugcaa, l'ouverture de nouvelles lignes figurait dans les revendications comme condition pouvant encourager l'investissement sur de gros moyens de transport dans ce secteur. Cette garantie d'obtention de lignes, avant même l'engagement du projet dans son volet financier, reste l'élément qui a conduit à la situation actuelle que vit le secteur du transport. De l'avis général, la direction des transports a fait preuve d'une passivité à l'origine de ces remous discontinus avec bien évidemment la complicité de certains syndicalistes qui veulent garder la mainmise sur toutes les lignes et imposer facilement leur diktat, comme ce fut le cas lors des augmentations tarifaires décidées de manière unilatérale et sans base justificative. Les réactions qui ont suivi n'ont, en dépit de leur légitimité, suscité aucune réaction des responsables. A l'exception de l'APW qui a rendu publique une déclaration incriminant directement la direction de tutelle, les autres organismes de l'Etat sont restés muets face à une recrudescence de manifestations à travers toute la wilaya. Par ailleurs, le problème de l'absence d'une véritable gare routière à Béjaïa s'est toujours posé avec acuité. Si un début de solution s'est manifesté pendant un certain moment, il reste que le lancement des travaux tarde à venir. Longtemps rendue impossible pour une histoire d'indisponibilité d'assiette de terrain, le projet en question verra le jour au niveau du quartier Quatre chemins. C'est tout ce qu'on peut dire pour l'instant, car depuis que la wilaya, qui venait de récupérer le site de l'ancienne briqueterie à la faveur d'une décision de justice prononcée en sa faveur, en a fait l'annonce, rien n'a été fait pour indiquer que le projet de construction d'une gare routière allait véritablement se concrétiser. L'écueil du foncier franchi, la gare routière ne devait théoriquement souffrir d'aucun obstacle pour sa réalisation, mais sur le terrain, c'est une autre histoire. L'absence d'une gare routière dans la ville de Béjaïa a souvent été avancée comme facteur aggravant la situation d'anarchie qui caractérise le secteur, particulièrement dans son chapitre transport interurbain. Jusqu'à présent et sans doute pour longtemps encore, les usagers souffriront le calvaire de l'actuelle aire de stationnement du stade de l'Unité maghrébine. C'est elle qui continue à faire office de «gare routière». Un lieu qui est loin de répondre aux exigences des transporteurs et des usagers, car dépourvu de la moindre commodité donnant ainsi l'image parfaite de la situation qui prévaut dans le secteur des transports. La même image est dégagée aussi par l'autre aire de stationnement réservée aux transporteurs et usagers de la côte ouest de la ville. Interpellés à plusieurs reprises sur le problème, les pouvoirs publics sont restés impuissants face à une situation des plus complexes par l'absence d'une structure de contrôle. Il en est ainsi même du refus continuel des responsables quant à la résolution de la crise qui mine un secteur qui semble leur échapper complètement. Ces derniers, lorsqu'ils ne sont pas absents, sont en réunion.