La remise à niveau du secteur passe par l'organisation d'assises où sera donnée la parole aux professionnels du secteur La note positive reste le service d'hémodialyse où les malades, des habitués, vantent les efforts et la disponibilité des personnels de cet établissement. L'Etat a investi des sommes faramineuses dans la dotation en équipements et en réalisation des structures de santé. Cependant, l'impact sur le citoyen et sa prise en charge laisse à désirer. Où réside le décalage entre les deux donnes qui se contredisent? A l'ère du numérique et de la vitesse, nos structures de santé avancent à lallure d'une tortue. Le décor et l'allégeance aux supérieurs ont fini par devenir une règle. L'exemple est celui de l'établissement hospitalier public Mohammed-Boudiaf de Bouira. Cet établissement a été mis en service le 14 septembre 1993. Il couvre une population globale de plus de 250.000 habitants répartis dans neuf communes. Il reçoit aussi des citoyens résidents sur les limites avec la wilaya de M'sila et de Médéa. Disposant de 12 services d'hospitalisation, il est doté de 340 lits dont 22 relèvent du service hémodialyse et 64 places du service de maternité. Concernant le plateau technique, cet établissement, ancien secteur sanitaire reclassé EPH conformément à la décision 07/140 du 19 mai 2007 portant réorganisation du secteur de la santé, compte un laboratoire central d'analyse, un centre de transfusion sanguine, un service de radio-scanographie, un service d'épidémiologie, un service de médecine légale, une pharmacie et un service du Samu et récemment a ouvert un service d'oncologie. Cette structure qui couvre plusieurs communes a fait l'objet d'un important marché pour la réalisation de six blocs opératoires, d'une remise à niveau du service des urgences pour ne citer que ces deux grandes opérations. Le chantier des six blocs est terminé mais il demeure fermé pour cause de défauts dans la climatisation selon une source. Les interventions sont toujours réalisées au niveau d'une partie du service d'ophtalmologie situé au premier étage du bloc de médecine interne. Les citoyens craignent de voir ce service de chirurgie rejoindre celui de l'imagerie médicale, équipé mais fermé depuis 7 ans pour manque de radiologue. Le service des urgences pour sa part tourne et est la scène au quotidien d'altercations entre les malades et les personnels. Toutes les portes de ce service portent les stigmates de patients qui perdent leur sang-froid quand ils se présentent pour tel ou tel bobo. Le manque de personnel paramédical reste le justificatif le plus en verve présenté par les responsables. La charge de travail qui pèse sur ceux en poste reste immense. Le comportement des citoyens aussi n'est pas toujours sain. Chaque malade qui se présente au service est souvent accompagné par plusieurs personnes qui s'agglutinent devant les accès, obstruent les couloirs et «deviennent l'espace d'un moment des médecins en promulguant des conduites à suivre». Les personnels manquent de formation, c'est un fait et nombre d'entre eux ne savent pas recevoir les malades. Que dire alors des passe-droits. Ce phénomène n'est certes pas spécifique à Bouira mais, il y est plus prononcé. Les passe-droits et les amabilités se font au vu et au su de tous. «Quand vous voulez aller à l'hôpital il est préférable de connaître un infirmier ou une femme de ménage», confie un citoyen. Au service de maternité, les sage-femmes et les femmes de ménage gèrent les lieux à leur guise. Où sont passés les comités de l'ordre médical? Même les médecins spécialistes sont victimes du chantage de ces accoucheuses qui trient les malades à leur admission et où le portable ouvre toutes les portes fermées. Les exemples sont légion et il suffit de passer un moment dans ce service pour faire le constat. Toutes les femmes qui ont accouché une fois dans ce service ont une histoire à raconter. La note positive reste le service d'hémodialyse où les malades, des habitués, vantent les efforts et la disponibilité des personnels de cet établissement. Là au moins on sait atténuer les souffrances de personnes, majoritairement âgées, mais reconnaissantes. La remise à niveau du secteur passe par l'organisation d'assises où sera donnée la parole aux professionnels du secteur. Les réunions avec les «costumes-cravates» ont montré leurs limites. La bonne volonté du ministre qui veut bannir des images de la maternité de Constantine ne peut se concrétiser qu'avec l'association des hommes et femmes du terrain. C'est là l'unique condition pour remettre sur les rails une santé malade de sa gestion.