Notre pays, second pays à signer le Mécanisme, doit se soumettre l'année prochaine à l'évaluation par ses pairs. Incontestablement, le sommet d'Alger du Nepad aura donné un second souffle, le bon celui-là, à cette institution venue sortir l'Afrique de son isolement, tant économique que politique. Sur la vingtaine de délégations présentes, pas moins de douze, et non des moindres, à commencer par l'Afrique du Sud et le Nigéria, ne se font rien moins représenter que par leurs chefs d'Etat respectifs. Une première dans les annales de ce Mécanisme. D'autant que l'initiative, lancée en 2001, ne commence à porter ses premiers fruits qu'à l'occasion de ce qu'il convient d'appeler la rencontre d'Alger. C'est à la suite de cette rencontre, en somme, que le mécanisme d'évaluation a commencé à prendre sa véritable vitesse de croisière, pour ne pas dire qu'il a simplement commencé à fonctionner véritablement. Sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Mali, Mozambique, Nigeria, Ouganda et Sénégal) feront en effet l'objet d'une évaluation de leur «bonne gouvernance» dans le courant de l'année prochaine. C'est ce qu'a annoncé le président nigérian Olusegun Obasanjo, président en exercice de l'Union Africaine. Le mécanisme d'évaluation n'a concerné que quatre pays jusque-là. Il s'agit du Ghana, de l'île Maurice, du Kenya et du Rwanda. Encore faut-il préciser que même les résultats en demeurent méconnus pour le moment, ce qui donne la pleine mesure de l'importance du sommet d'Alger. Son importance se mesure aussi bien à l'aune du nombre de pays désormais soumis à cet examen, qu'à celui des chefs d'Etat qui ont pris la peine d'y assister et, enfin, au fait que deux autres pays, dont les noms sont maintenus secrets, ont émis le voeu d'intégrer le Nepad. La manière dont sera désormais géré le Nepad, dont le prochain sommet est prévu au Caire au début de l'année prochaine, ambitionne désormais de placer l'Afrique en pole position pour ce qui est des investissements occidentaux, en grande partie tournés vers l'Asie depuis que la délocalisation est devenue un véritable «sport national» en Amérique du Nord et au niveau du Vieux Continent. Corruption, conflits endémiques, pronunciamientos, instabilité économique et politique, ont toujours fait fuir les capitaux de ce continent aussi riche que pauvre depuis la période coloniale qui n'a épargné que peu d'espaces du Berceau du Monde. L'Afrique, qui prend résolument son destin en main, et qui sait qu'à la faveur du nouvel ordre mondial les cadeaux ne seront guère faits, et les erreurs loin d'être permises, ne pouvait trouver meilleur endroit qu'Alger, à l'histoire glorieuse et séculaire, dont les combats épiques n'en finissent guère de forcer l'admiration, pour abriter le véritable sommet de la relance, ou plutôt le sommet de la véritable relance. N'oublions pas que même l'ONU a connu un souffle nouveau, vécu une véritable révolution démocratique, là encore, depuis le sommet d'Alger, cela même si la magnanimité et la discrétion d'Alger ont permis à la Libye, boudée par l'Occident, d'en recueillir quelques fruits avant de redevenir «fréquentable» pour le bien de toute la région. Il doit en être de même lors du sommet de la Ligue arabe, lui aussi prévu l'année prochaine dans notre pays. Entre la démocratisation et la «réponse» appropriée à opposer au GMO américain, l'Algérie a élaboré un plan d'attaque infaillible, qui devrait permettre à cette ligue, quasi inexistante et inécoutée par les puissants de ce monde, de jouer un rôle efficace et actif aussi bien dans les décisions qui se prennent de par le monde, mais aussi pour ce qui concerne son propre destin, à commencer par la nécessaire création d'un Etat palestinien dans les plus brefs délais et de désarmer le bras criminel de Tsahal, éclaboussée par des scandales qui confirment à ceux qui en doutaient encore qu'elle n'est guère loin de ressembler aux troupes SS de Himler. Il va sans dire que l'Algérie, qui a toujours relevé ne pas du tout se sentir concernée par le GMO US, reste toujours la première à donner l'exemple. C'est pourquoi le Président Bouteflika a affirmé, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec le chef de l'Etat du Nigeria, M.Olesegun Obansajo et la présidente du panel des éminentes personnalités du MAEP, Mme. Marie Angélique Savané, que notre pays «a été le deuxième (Etat) signataire du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs après le Nigeria», ce qui n'est pas peu dire. De son côté, Messahel n'a pas manqué de relever que «des progrès très significatifs ont été réalisés par le Nepad depuis le lancement de cette initiative il y a trois ans». Comment pourrait-il en être autrement alors que le concept de bonne gouvernance se cristallise enfin, à la faveur de ce sommet qui fera date dans l'histoire de l'Afrique.