Madame Morano et son parti ratissent large en allant brouter sur les terres de l'extrême droite La France était un «pays de race blanche avec des racines judéo- chrétiennes» «J'adore le couscous et les bricks à l'oeuf (...) Ce que j'attends d'un jeune musulman c'est qu'il ne parle pas verlan et ne mette pas sa casquette à l'envers» Voilà, tout est dit! Oh! Pour des raisons bassement électoralistes, Madame Morano et son parti ratissent large en allant brouter sur les terres de l'extrême droite. Curieusement, Madame Morano parle de judéo-christianisme, et De Gaulle parlait, lui, de christianisme. Est-ce pour s'attirer les sympathies des Français de confession juive? Cependant, tout n'est pas perdu pour l'acculturation de Madame Morano qui aime le couscous... De plus, curieusement, on s'aperçoit que son nom «Morano» pourrait bien avoir des racines qui ne sont pas souchiennes et, pire encore pour elle, ses racines seraient arabes et musulmanes. Dans l'Encyclopédie Wikipédia on lit: ««Morano» est un nom de famille catalan, sobriquet désignant celui qui est brun de peau comme un maure. Morin. Moreno est un nom d'origine hispanique signifiant «brun». Il s'agit du quinzième patronyme le plus répandu en Espagne. Etymologiquement, il provient de l'adjectif moro qui signifie «maure». À mettre en lien avec la longue présence arabo-musulmane dans la péninsule ibérique». La bonne race et la bonne religion pour être un bon Français Comme lu sur le journal Le Monde: «Lorsque Nadine Morano a affirmé, durant l'émission «On n'est pas couché», sur France 2, que la France était un «pays de race blanche», elle s'attendait forcément à susciter des réactions indignées, mais elle ne pensait sans doute pas que l'UMP finirait par lui retirer l'investiture pour les régionales dans le Grand Est. L'ancienne ministre, soutenue par certaines figures d'extrême droite, assume: elle invoque le patronage de De Gaulle et revendique un certain «bon sens». Qu'en est-il? Nadine Morano se défend en affirmant citer le général de Gaulle. Le passage est en effet connu, et on le trouve très régulièrement cité sur Internet par la «réacosphère». D'où vient cette phrase? Elle est rapportée par Alain Peyrefitte, biographe de Charles de Gaulle - l'ancien ministre est d'ailleurs le seul à la citer, plus de trente ans plus tard (en 1994). Dans le tome 1 de C'était De Gaulle, il est écrit que le premier président de la Ve République aurait prononcé cette phrase le 5 mars 1959, en pleine guerre d'Algérie: «C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle. Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.» (...) Si le général a eu d'autres propos qui paraissent choquants quarante ou cinquante ans plus tard, il semblent davantage se rapprocher de l'usage sémantique en vigueur à l'époque que de propos racistes ou racialistes.» (1) Si «race» se trouve en effet dans les dictionnaires, mais reste pour l'instant dans la Constitution. (...) Le terme de «race» ne recouvre donc aucune réalité scientifique précise: il est le résultat d'une construction sociale et/ou de perceptions visuelles: les «Noirs» ne constituent pas un groupe biologiquement homogène ou cohérent, pas plus que les «Blancs», les «Jaunes», etc. (...) Parler de «races» est donc tout sauf innocent, et la défense de Mme Morano consistant à s'abriter derrière le «bon sens» des différences physiques, ne suffit pas. Le racisme est, en soi, un délit. Et d'autres «dérapages», par exemple celui du socialiste Georges Frêche qui évoquait en 2006 «les Blancs (..) nuls en football», ou Manuel Valls parlant des «Blancs, white, blancos», ont été largement condamnés (mais pas forcément sanctionnés), comme celui de Mme Morano». (1) Un sondage Odoxa pour iTele et «Paris-Match» montre que près d'un Français sur deux a une mauvaise opinion de l'élue Les Républicains. C'est le constat d'un sondage Odoxa réalisé moins d'une semaine après le début de la polémique et dévoilé vendredi 2 octobre. Le sondage montre en tout cas que 60% de l'opinion publique trouve que le parti Les Républicains court après le Front national et ses idées. (2) Les réactions Dans la plus pure tradition hypocrisie, c'est à la fois la gauche et une partie de la droite qui s'émeuvent. Même Nicolas Sarkozy, qui voudrait réviser les accords d'Evian, s'il venait à être réélu, l'a désavoué mollement, ce qui laisse à penser que tout a été voulu, su et adoubé. La réaction la plus nette est venue d'une députée française de la Réunion. «A l'Assemblée nationale, la députée de La Réunion, Ericka Bareigts, a sévèrement critiqué Nadine Morano: «Cet épisode n'est que la suite d'une longue série de dérapages.» «Pour moi, députée noire de la République, la France décrite par Mme Morano, n'est pas la mienne», a lancé Ericka Bareigts, née sur une terre de métissage. «Cette expression [...] ne relève pas de l'erreur malencontreuse, elle a été préparée, répétée et confirmée», rappelant que Nadine Morano a prévenu qu'elle ne s'excuserait pas. L'élue a assuré qu'une partie du parti Les Républicains est sujette à une surenchère droitière. Elle déplore que «des digues sautent», et ce au mépris de «l'héritage et de la tradition» de la droite républicaine». (3) L'archevêque de Paris critique lui aussi Madame Morano: «Il y a plus d'Africains et d'Arabes chrétiens qui se font trouer la peau par fidélité au Christ, que de gens de race blanche. Je suis spécialiste en christianisme et je trouve que cela soit surprenant que Jésus n'ait pas son passeport pour la tradition judéo-chrétienne parce qu'il n'était pas de race blanche. Dans le monde il y a plus d'Africains, d'Asiatiques et d'Arabes chrétiens qui se font trouer la peau par fidélité au Christ que de personnes de race blanche.»(4) Une belle réplique: lettre ouverte à Nadine Morano Nicolas Huguenin répond d'une façon élégante à Nadine Morano: «Vous parlez de «race blanche» et de religion, en associant l'une et l'autre. Passons sur le fait que la «race blanche» n'existe pas (...) Mais associer une religion à une couleur de peau, là, il fallait le faire! Les Albanais sont blancs et musulmans. Desmond Tutu est noir et chrétien. Le pays musulman le plus peuplé du monde est l'Indonésie, habitée par... des jaunes. Ah, c'est compliqué, hein! (...) vous laissez entendre que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion et Mayotte, ce n'est pas la France. (...) ça raye de la carte cinq départements d'un coup. Vous expliquez ensuite que la France a une identité judéo-chrétienne. Non, madame, la France n'est pas judéo-chrétienne. Elle est catholique. Et elle l'est parce que, pendant mille trois cents ans, on n'a pas permis aux Français d'être autre chose. Juifs, Cathares, Vaudois et protestants le savent bien. Entre 496, et 1790-1791, date à laquelle on s'est résolu à considérer les juifs et les protestants comme des citoyens à part entière, les Français n'ont pas voulu être catholiques. Ils ont été contraints de l'être. (...). Et tous ceux qu'on avait massacrés au nom de Dieu, avant eux; (...)... Au passage, je trouve parfaitement dégueulasse votre tentative minable de récupérer les juifs et les protestants pour alimenter votre petit commerce de la haine. Quand on sait ce qu'ils ont subi en France pendant des siècles... En laissant les Français librement choisir leur religion, ou choisir de ne pas en avoir, on a des surprises. Et alors? Cela porte un beau nom, madame Morano. Cela s'appelle la liberté de conscience» (5) «Vous vous plaignez que, dans certains quartiers, on ne célèbre plus que cinq baptêmes, là où il s'en célébrait 250 il y a encore quelques décennies. Mais la faute à qui? Aux musulmans, qui «envahissent» nos villes, ou aux catholiques, qui renoncent à l'être et n'obligent plus leurs enfants à fréquenter le catéchisme? (...) Ou parce que le double discours d'une Eglise riche à milliards en faveur des pauvres n'est plus tout à fait pris au sérieux? Ou, tout simplement, parce que la foi, dans notre monde moderne, n'apporte plus de réponses suffisantes aux masses? Et d'ailleurs, rassurez-vous, les catholiques ne sont pas les seuls concernés. Tenez, je vous parie que, dans deux ou trois générations, les musulmans de France ne mettront pas plus souvent les pieds dans une mosquée que moi dans une église... Tout cela pour vous dire, madame, que votre vision d'une France réduite à ses seuls habitants «de souche» est non seulement insupportable moralement, mais aussi sacrément dépassée». (5) Comment être Français au XXIe siècle Qu'en est-il aujourd'hui de l'identité française au XXIe siècle? Doit-on la circonscrire uniquement aux Gaulois à têtes rondes pour paraphraser San Antonio dans «l'Histoire de France»? Doit-on au contraire faire du désir d'être ensemble le ciment d'une identité du XXIe siècle? On se souvient que le thème de l'identité a déjà été «vendu» lors des élections de 2007. Cela a commencé par une petite phrase: «La France: aimez-la ou quittez-la» plagiant la fameuse phrase de Ronald Reagan: «America love it or leave it» En fait il voulait insinuer «La France tu l'aimes chrétienne ou tu t'en vas» (6). «Qui est en fait Français et depuis quand? Quelle différence y a-t-il entre un Bulgare un Hongrois, un Arménien, un Espagnol, un Italien au regard de l'intégration avec un Algérien ou un Marocain? La différence réside d'abord dans la non-maîtrise par les premiers de la langue et de la culture françaises. En fait, il n'est pas important qu'ils connaissent la «Ballade des pendus» de François Villon. Par contre, leur avantage décisif est l'identité religieuse qui, a bien des égards, berce d'une façon invisible la société française. On le devine. Tout ce beau monde est «compatible» avec le corps social français pétri par deux mille ans de cultures chrétiennes quand bien même ces ci-devant candidats à la nationalité n'ont qu'un rapport lointain avec la religion chrétienne, n'empêche ils sont «comme nous». Par contre, on peut être français depuis un siècle, le nom patronymique et surtout l'appartenance à une sphère cultuelle différente sont des «marqueurs indélébiles». (6) «Doit-on tenir à distance le musulman au point qu'à la 4e génération on parle encore de l'origine des beurs? Nous donnons la parole à Jean Baubérot qui répond magistralement et avec humour au président Sarkozy: «Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t'adresses à tes «compatriotes musulmans», et c'est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog. Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient de Constantine, ville française depuis 1834 et chef-lieu d'un département français depuis 1848. Nous sommes donc d'anciens Français. Mais, comme tu l'écris très bien, nous sommes très «accueillants», nous autres. Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarkozy de Nagy-Bosca, qui fuyait l'avancée de l'Armée rouge en 1944. Nous sommes tellement «accueillants» que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République. (...) Quand les Sarkozy sont devenus Français, le ciel de Paris s'ornait d'une Grande Mosquée, avec un beau minaret. Je suis d'accord, moi Mouloud qui t'accueille, je dois te faire «l'offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire (ma) civilisation), (mon) art de vivre». Tiens, je t'invite volontiers à venir manger un couscous avec moi. (...)» (6) «Contrairement à moi, poursuit le philosophe Jean Baubérot, puisque tu n'es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux «valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale». (...) Tu fais preuve d'une curieuse obsession des minarets et tu sembles assez ignorant à ce sujet. Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière-grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions: Algérie, Savoie, ou Limousin,...Car nous avons été environ 100.000, oui cent mille, musulmans à mourir au combat pour la France. Nous étions déjà tellement «arrivés» en France, que nous y sommes morts! Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément. Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée: construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr. Elle avait décidé, en 1905, de «garantir le libre exercice du culte». «Garantir», c'est plus que respecter. C'est prendre les dispositions nécessaires pour assurer son bon fonctionnement. (...) De plus, et je vais t'étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets. Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré: «Quand s'érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l'Ile de France qu'une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses.» (6) C'est un fait! Ce rappel lancinant de la race au-delà des manoeuvres politiciennes a tout de même un fond rocheux. C'est le XIXe siècle qui a fait le lit du nazisme. Souvenons-nous de Renan, de Gobineau avec son ouvrage De l'inégalité des races, de Ferry et son Devoir des races supérieures. Souvenons-nous du «white man burden» de Kipling. Souvenons-nous de «la France juive» de Drummond. Souvenons-nous aussi que L'Eglise a longtemps adoubé cette vision de l'Histoire, même Pie XII s'est tu sur le martyre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Sophie Bessis a bien raison de dire que le nazisme n'a pas jailli du néant c'est le XIXe siècle qui a fait le lit du nazisme. Les musulmans seront au XXIe siècle les juifs du XXe siècle et des nuits de cristal sont partout organisées pour éteindre en prenant appui sur les monstres qu'ils ont créés (Daesh, Boko Haram, Al Nosra...) Les Français-musulmans dans leur immense majorité veulent vivre avec dignité leur culte. Ils connaissent les fils rouges à ne pas dépasser, ils savent ou ils doivent savoir qu'ils sont dans un vieux pays de tradition chrétienne. Pourtant, leur identité religieuse n'est nullement un frein à leur patriotisme. Pour rappel, les Algériens qui montaient à l'assaut de la colline de Wissembourg avant la débâcle de Sedan en 1870, outre le fait qu'ils y ont été décimés pour conquérir un bout de colline et y planter le drapeau français étaient des musulmans à part entière et des patriotes - à leur corps défendant à part entière -, il fut de même de ceux qui eurent à combattre les Allemands dans l'enfer de Verdun. Les descendants de ceux qui sont morts pour la France ont choisi de vivre en Europe, ils souhaitent le faire dans la dignité. Ils veulent vivre d'une façon apaisée et sans ostentation leur spiritualité à l'ombre des lois de la République. Ces attaques lancinantes à des Français-musulmans risquent de remettre aux calendes grecques l'utopie toujours recommencée de la Nation. 1.http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/01/les-races-morano-et-de-gaulle-pour-clore-la-polemique_4780347_4355770.html# oktUDYGD0hIvrzE1.99 2.http://www.rtl.fr/actu/politique/race-blanche-nadine-morano-recueille-16-d-opinions-favorables-7779937004 3.http://www.lexpress.fr/actualite/politique/pour-moi-deputee-noire-cette-france-decrite-par-madame-morano-n-est-pas-la-mienne_1721284.html 4.http://www.rtl.fr/actu/politique/race-blanche-la-sortie-de-nadine-morano-n-est-pas-une-declaration-politique-selon-mgr-andre-vingt-trois-7779919034 5.Nicolas Huguenin.dimanche 27 septembre 2015 www.facebook.com 6. C.E.Chitourhttp://www.legrandsoir.info/Comm- ent-etre-Francais-au-XXIe-siecle.html