La saison touristique dans le Sud algérien vient de commencer par un coup de tonnerre. Il s'agit bien entendu de cette affaire de «disparition» des cinq touristes allemands dans le Sahara, qui a défrayé la chronique pendant près de quatre jours, avant qu'ils ne soient retrouvés en possession «de pièces archéologiques protégées». Beaucoup de questions se posent après ce scandale, qui a une nouvelle fois ébranlé le secteur du tourisme, déjà fragilisé par le manque d'intérêt. Un désintérêt qui se confirme de plus en plus. D'autant qu'avec cette affaire, c'est un coup dur qui vient d'être porté à l'activité touristique. Cependant, ce qui ajoute de l'huile sur le feu, c'est le manque sidérant de communication, dont continue de faire preuve le département de M.Mohamed Seghir Kara. En effet, aucune information n'a filtré évoquant une quelconque «disparition» des cinq touristes allemands. Et n'était la sonnette d'alarme tirée par la presse nationale, le scandale serait passé sous silence et le résultat n'aurait été que fatal pour, entre autres, notre patrimoine culturel national. Pis, le ministre du Tourisme, après avoir déclaré que les touristes ont été retrouvés, a vite fait machine arrière en apportant un démenti formel à ses propres déclarations. «Le ministère du Tourisme tient à apporter un démenti formel à cette information qu'aucune source officielle n'est d'ailleurs venue confirmer», a-t-on indiqué dans un communiqué rendu public. Déjà, en mars 2003, l'enlèvement des quatorze touristes européens par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) a donné un coup fatal au secteur touristique. L'on s'interroge désormais sur la manière avec laquelle on compte attirer les touristes étrangers, notamment avec le manque flagrant de sécurité. Une condition sur laquelle on est d'ores et déjà appelés à se pencher si on veut rendre au secteur du tourisme sa crédibilité. Une crédibilité qui ne peut être concrétisée, en raison du manque de coordination entre la tutelle et les agences de tourisme. D'ailleurs, comment explique-t-on la fuite ou la pseudo disparition de ces touristes allemands, si ce n'est par l'imprudence et l'absence de «surveillance» des responsables devant assumer cette tâche? Rappelons que ces ressortissants sont entrés en Algérie via le poste frontalier Taleb Larbi dans la wilaya d'El Oued. «Ils étaient pris en charge par un guide de l'agence touristique Chena Voyages, et sont arrivés en compagnie d'un guide à Djanet» avant de disparaître dans la nature. En somme, il est temps que les autorités, en particulier, les ministères du Tourisme et de l'Intérieur, comprennent que la réforme de ce secteur relève non seulement de notre capacité d'appliquer la réglementation avec rigueur mais aussi de mettre les moyens nécessaires afin de colmater les «brèches» dont nous continuons de payer la facture.