Les actionnaires ont mis la main à la poche La restructuration d'El Hadhar, la création d'une nouvelle aciérie, la mise en marche de Bellara et l'exploitation de Ghar Djebilet peut permettre à l'Algérie, qui importe entre 5 et 6 milliards de dollars d'acier aujourd'hui, d'en exporter d'ici 2018, selon Kamel Djoudi. «Aujourd'hui, on importe en acier à peu près 5 à 6 millions de tonnes. La facture de ces importations est évaluée à 7 milliards de dollars» a déclaré, hier, lors d'un passage à la Radio Chaîne III, M.Djoudi Kamel, P-DG du Groupe Imetal. M.Djoudi est longuement revenu sur la récupération des actifs d'ArcelorMittal, de sa restructuration et des objectifs de cette démarche qui se résument essentiellement en deux points: le retour à un niveau de production appréciable pour satisfaire la demande nationale et la sauvegarde des emplois. Abordant, dans un premier temps, la récupération des actifs qui a été présentée comme étant une opération de «re-nationalisation» par nombre de médias, il dira que cette opération n'en est pas une en vérité. «Je vous rassure que ce n'est ni une opération de nationalisation, ni de re-nationalisation. On sait très bien qu'une nationalisation est assortie de quelques conditions. Parmi ces conditions, on peut citer la volonté de l'Etat d'instaurer un monopole, alors que ce n'est pas le cas chez nous. Le marché de la sidérurgie est aujourd'hui bien imprégné par les opérateurs privés. L'Etat n'a pas l'intention d'instaurer un quelconque monopole. De plus, l'Etat n'intervient pas. Aujourd'hui, l'état des programmes d'investissement qui ont été négociés avec des banques portent essentiellement sur des crédits pour des actionnaires. L'Etat n'intervient pas dans le financement. Donc, tous ces éléments font que ce n'est pas une opération de re-nationalisation mais une opération de rachat à titre gracieux sans contrepartie financière. Les actifs font partie du patrimoine de la société. Rachat ou récupération d'actifs, pour nous, c'est la même chose. Le plus important est que les négociations se soient soldées par une opération de rachat au dinar symbolique,» a-t-il indiqué. Revenant, par la suite, sur la genèse de la démarche, Kamel Djoudi a expliqué que «c'est une revendication que nous avons reçue de la part des travailleurs, du collectif et même de la part de l'équipe de management général». «J'ai entamé des discussions avec ArcelorMital dès mon installation, en mai 2015, pour faire le bilan. Ce bilan ne peut pas être tout à fait blanc ou tout à fait noir. Mais le plus important est de prendre les décisions qui s'imposent. En même temps, le groupe ArcelorMittal lui-même compte se restructurer à travers ses différentes filiales à travers le monde. C'est la conjugaison de ces deux stratégies, celle d'ArcelorMittal et la nôtre, qui fait que nous sommes arrivés à un accord.» Au sujet de la restructuration du complexe d'El Hadjar, le P-DG du Goupe Imetal a fait savoir que celle-ci s'articule sur des axes particulièrement financiers. «Nous avons mis en place un plan de restructuration du complexe. Ce plan s'articule autour de mesures financières particulièrement. Il y a une enveloppe de 720 millions de dollars qui a été négociée et mise à la disposition d'El Hadjar: 600 millions sont mobilisés par la BNA et 120 millions par les actionnaires. C'est-à-dire que les actionnaires ont mis la main à la poche, même Arcelor Metal. Certains médias disent que ArcelorMittal s'est retiré parce qu'il n'a rien à perdre. Mais je dirais non. Nous avons reçu récemment, dans le cadre de ce plan d'investissement, 80 millions de dollars de la part d'ArcelorMittal», a-t-il annoncé avant d'ajouter: «Ce plan d'investissement se décline en deux phases. La première, de court terme, avec 400 millions de dollars, consiste à réhabiliter le haut fourneau et son environnement. C'est une grosse opération que nous menons avec des partenaires étrangers. Dans la deuxième phase, avec 320 millions de dollars, on va créer une nouvelle aciérie avec une capacité de production de 1 million de tonnes.» Par ailleurs, répondant à une question sur la sortie de Bouchouareb qui a déclaré que l'Algérie produira, d'ici 2017, 2 millions de tonnes d'aciers et mettra fin définitivement à l'importation, M. Djoudi a affirmé que cet objectif sera atteint et même dépassé avec tous les projets qui sont en cours dans le secteur. «Je dirai que cet objectif sera même dépassé. Aujourd'hui, seulement sur la plate-forme d'El Hadjar existante, dans la première phase, d'ici février ou mars, nous allons produire 1.2 million de tonnes. Donc, avec la plate-forme d'El Hadjar et l'aciérie qu'on va lancer, on aura 2.2 millions de tonnes. Sans parler du projet Bellara qui, à terme, va produire 4 millions de tonnes. Donc, uniquement dans le public, on sera à plus de 6 millions de tonnes,» a-t-il révélé. De plus, M.Djoudi a indiqué qu'une réflexion est en train de se faire pour développer Ghar Djebilet afin d'alimenter les sidérurgies. C'est un projet de dimension nationale et beaucoup de départements doivent intervenir. C'est une activités très capitalistique. Sans expertise étrangère, nous n'allons pas être efficaces,» a-t-il, néanmoins, avancé à ce sujet. Le P-DG du Groupe Imetal a également saisi cette opportunité pour répondre à ceux qui considèrent que le rachat d'ArcelorMittal est «une mauvaise affaire». «On peut tartiner, mais ce qui importe pour nous, c'est que le complexe puisse revenir à des niveaux de production importants et de préserver tous les emplois. Le groupe Imetal emploie plus de 2500 agents et a un chiffre d'affaires de 100 milliards de dinars. On intervient dans la sidérurgie, la métallurgie et la construction métallique. C'est la sidérurgie qui nous tire vers le bas et c'est pour dynamiser ce volet qu'on travaille, a-t-il lâché avant d'annoncer que, d'ici 2018, le Groupe qu'il manage sera en surcapacités et pourra même exporter. Toutefois, conscient de l'importance du projet, Kamel Djoudi n'a pas manqué de préciser que «pour répondre aux besoins, on doit investir entre 5 et 7 milliards de dollars».