Farhat Horchani et Beji Caïd Essebsi Cette attitude des dirigeants tunisiens amène à se poser des questions sur leurs intentions réelles. La langue d'un officiel tunisien a encore «fourché» au sujet de l'Algérie. Il s'agit cette fois du ministre de la Défense, Farhat Horchani, qui a déclaré devant un parterre de journalistes de la presse internationale que son pays subissait le terrorisme et ne le produisait pas. «Le terrorisme nous provient d'Algérie et de Libye», a affirmé M.Horchani dont les propos ont été rapportés par le quotidien arabophone basé à Londres Asharq Al-Awsat dans son édition d'hier. Le ministre tunisien de la Défense qui s'exprimait dans le cadre d'une cérémonie en rapport avec le prix Nobel de la paix décerné au quartette qui a favorisé l'enracinement de la démocratie en Tunisie, a choisi de faire relayer son discours par les médias internationaux, ce qui traduit une volonté de nuire. Cette attitude, très tunisienne, qui consiste à qualifier systématiquement l'Algérie de pays exportateur de terrorisme et de terroristes, amène à se poser des questions sur les intentions réelles des dirigeants tunisiens. Ces derniers se recrutent généralement dans le parti de Beji Caïd Essebsi, Nida Tounès. Rappelons, à ce propos, que c'est le président tunisien qui a ouvert le bal des «petites phrases» assassines. Il avait déclaré, sur la chaîne d'info française, I Télé, que les groupes terroristes avait pour chef un terroriste algérien. L'homme est allé jusqu'à systématiser cet «organigramme terroriste», une manière de dire que les Tunisiens n'ont aucune connaissance en action armée. N'étaient-ce les Algériens, il n'y aurait ni maquis, ni entraînement, ni trafic d'armes de guerre. Cette image de pays et de société «très pacifique» que les chefs de Nida Tounès veulent vendre au monde se construit sur le dos de l'Algérie, reléguée au statut de pays violent. Cette approche ne semble pas due au hasard des déclarations, mais relève d'une stratégie concoctée avec l'ancien président français, Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait d'ailleurs appuyé les propos de Beji Caïd Essebsi, en déclarant le 20 juillet, à partir de Tunis, à l'adresse des responsables gouvernementaux la concordance de son analyse avec celle du chef de l'Etat tunisien. «La Tunisie est frontalière avec l'Algérie, avec la Libye, ce n'est pas nouveau, vous n'avez pas choisi votre emplacement», avait cyniquement déclaré l'ancien locataire du palais de l'Elysée. De fait, la bourde du ministre tunisien de la Défense n'en n'est pas une. Elle participe d'une logique politique destinée à pointer l'Algérie du doigt et pour ce faire, les dirigeants tunisiens jouent bêtement le rôle du «doigt», au détriment de l'intérêt supérieur de leur pays. Et pour cause, ce ne sont pas les Européens et leurs dirigeants qui ont sauvé leur saison touristique. Ce n'est pas l'Union européenne qui a soutenu financièrement la Tunisie au moment où elle en avait tant besoin. C'est l'Algérie qui a avancé les 200 millions de dollars qui ont empêché l'écroulement de tout le système financier de ce pays. Cela pour dire que la stratégie de Nida Tounès, qui consiste à jouer pour le compte de l'Occident n'est certainement pas la meilleure manière de servir l'Etat tunisien. Cela pour la stratégie. Pour le reste, la déclaration du ministre de la Défense comme celle de Beji Caïd Essebsi n'a aucun fondement logique. D'abord, tous les attentats commis en Tunisie ont été le fait de Tunisiens qui n'avaient jamais quitté leur pays et s'étaient radicalisés au contact des salafistes tunisiens. Que ce soit les exécutions ciblées d'opposants politiques ou des massacres comme ceux du Bardo et de Sousse, il n'y avait point de trace d'Algériens ou même de Libyens. Ensuite, en parlant d'exportation de terroristes, il suffit de rappeler aux responsables de Nida Tounès que pas moins de 11 terroristes tunisiens faisaient partie du groupe qui a attaqué le site gazier de Tiguentourine. Cela pour l'apport de la «nationalité tunisienne» dans la déstabilisation du Maghreb. Le «génie criminel» tunisien est allé au-delà. Ils sont plus de 11.000 jeunes de cette nationalité à avoir rejoint les rangs de Daesh en Syrie. Dans le lot, quelque 4000 jeunes femmes y sont allées pour servir d'esclaves sexuelles. Le zawadj ennikah c'est en Tunisie qu'il a été pensé. Le ministre tunisien de la Défense a, lui-même, révélé que plus de 250 terroristes tunisiens ont fui les bombardements de l'armée russe en Syrie et sont actuellement en Libye. Ils y ont rejoint les rangs de Daesh et contribuent déjà à aggraver la situation sécuritaire de ce pays. En fait, au lieu de se donner des airs d'Occidentaux-démocrates-nobélisés horrifiés de vivre entre deux pays «violents», ce ministre et son président, de même que le secrétaire général de Nida Tounès doivent plutôt garder les pieds sur terre et voir leur pays dans sa réalité quotidienne: plus du quart des Tunisiens vivent sous le seuil de la pauvreté. La Tunisie n'est pas tirée d'affaire, au même titre que tous les pays de la région. Mais se prendre pour ce que l'on n'est pas ne résoudra pas les problèmes de la société et ne garantira rien du tout. Il y a lieu de souligner qu'avec ce dérapage «assumé» l'Algérie sait désormais à quels dirigeants elle a à faire.