Une industrie littéraire qui se renforce d'année en année Il s'agit d'un véritable pas de géant à mettre à l'actif des acquis de la langue amazighe car le roman a été jusque-là le vrai parent pauvre de cette deuxième langue nationale. Les observateurs qui appréhendaient, à juste titre d'ailleurs, que le roman amazigh soit absent de la première édition du Prix littéraire Assia Djebar, qui sera décerné lors du prochain Salon international du livre d'Alger (Sila), doivent se sentir réconfortés. En effet, le roman écrit en langue amazighe sera présent et de fort belle manière à l'instar des deux autres langues: l'arabe et le français. En effet, nous avons appris de sources proches des organisateurs que la première édition du Prix de la meilleure oeuvre littéraire, portant le nom de l'illustre romancière membre de l'Académie française Assia Djebar, verra la participation de pas moins de dix romans en tamazight et donc d'autant d'écrivains. Il s'agit d'un véritable pas de géant à mettre à l'actif des acquis de la langue amazighe car le roman a été jusque-là le vrai parent pauvre de cette deuxième langue nationale. En dépit des grandes avancées enregistrées par la langue amazighe, il n'en demeure pas moins que la production littéraire de qualité en tamazight reste très en deçà des attentes. Plusieurs années passeront sans qu'aucun roman ne soit encore édité en tamazight. Le nombre d'auteurs dans la même langue se comptait également sur les doigts d'une seule main il y a à peine quelques années. Ce n'est que ces trois dernières années que les choses ont commencé à s'améliorer un tant soit peu grâce notamment à la volonté et à la détermination de quelques éditeurs exerçant prinicipalement dans les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou. On peut en citer entre autres des maisons d'édition Tira, Tafat, El Amel, l'Odyssée... qui ont pris le risque, car c'en est vraiment un, d'éditer des romans en langue amazighe, rédigés par des auteurs souvent inconnus au bataillon mais qui ont l'audace et le talent d'écrire dans une langue qui vient à peine de sortir d'un ostracisme injuste et de renaître de ses cendres. Certaines de ces maisons éditions, à l'image de Tira Editions, gérée par l'écrivain Brahim Tazaghart à Béjaïa, se sont même tracées le défi d'éditer uniquement des livres écrits en tamazight. La maison d'édition Tira participe d'ailleurs avec pas moins de cinq romans dans la langue chère à Matoub Lounès, à la première édition du Prix du meilleur roman Assia Djebar. Les Editions Tafat, situées également dans la wilaya de Béjaïa, ont produit un roman en tamazight au courant de cette année 2015. Il y a lieu de souligner en outre que de nombreux autres romanciers en tamazight continuent d'être fidèles à leur langue maternelle et éditent leurs livres carrément à compte d'auteur pour pallier les problèmes de l'édition. Le cas le plus sciant est sans doute celui du plus grand écrivain en tamazight, à savoir Amar Mezdad qui est la référence en la matière. Depuis la publication de son premier roman en tamazight en 1990, intitulé «Id d was» (La nuit et le jour), Amar Mezdad n'a pas cessé d'écrire et de produire près d'une dizaine d'autres fictions littéraires. C'est le cas des romans «Tettilid ur dketchem», «Ass-nni», «Tagrest, urghu», etc... On ignore pour l'instant si cet auteur de talent et surtout prolifique a participé au Prix Assia Djebar. D'autres écrivains en tamazight comme Ahmed Nekkar (auteur entre autres du roman «Yugar ucherrig tafawets») Tahar Ould Amar (auteur de «Bururu»), Salem Zénia (auteur de Tafrara) et quelques autres encore méritent égards et hommages car écrire en tamazight est une véritable aventure compte tenu du contexte défavorable dans lequel baignait cette langue il n'y a pas longtemps. Le fait que tamazight n'ait pas été exclue du Prix Assia Djebar constitue en outre une grande avancée pour cette langue pour laquelle des hommes ont sacrifié leur jeunesse, leur vie pour certains.