La question du Sahara-Occidental revient avec insistance cette semaine à la faveur du vaste mouvement de solidarité internationale, et aussi des importantes rencontres des dirigeants sahraouis avec les plus hauts responsables du royaume d'Espagne toujours considéré par les Nations unies comme la puissance administrante de ce territoire cédé au Maroc en 1975. L'on assiste depuis quelques jours à des rapprochements que l'on dit suscités par la pression de l'opinion publique espagnole très proche du peuple sahraoui victime d'une vaste conspiration. Un mouvement encadré par les dizaines d'intellectuels espagnols qui ont interpellé leurs gouvernants, notamment ceux du parti socialiste ouvrier espganol (PSOE) revenu aux affaires en mars dernier, mais très en retrait sinon franchement proche de la position du Maroc puissance occupante. Ce qui est en train de se produire en Espagne est donc important, mais il ne faudrait pas que les rencontres en question entourées d'un strict protocole soient une fin en soi. Ce n'est là qu'une étape dans ce long travail de rétablissement des faits, parce que concernant l'Espagne, il est inapproprié de parler de persuasion. C'est dans un tel contexte que le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a poursuivi sa série de rencontres avec les responsables espagnols. Il s'est ainsi entretenu avec le président du Parti populaire (PP, opposition), Mariano Rajoy, dans une « atmosphère amicale et empreinte de chaleur ». Selon une source sahraouie, M. Rajoy a souligné que « le peuple d'Espagne a été depuis toujours et demeure l'ami du peuple sahraoui » et que son parti « continuera à œuvrer au renforcement de cette amitié ». Il a affirmé que la position du PP est claire et consiste en « le soutien au plan Baker ou plan pour l'autodétermination du peuple sahraoui qui a été adopté à l'unanimité par le Conseil de sécurité » des Nations unies dans sa résolution 1495, de juillet 2003. Le président Abdelaziz a remercié M. Rajoy pour la « clarté » de la position de son parti concernant la question du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Le PP qui n'est autre que le parti de M. José Maria Aznar, ancien chef de gouvernement espagnol jusqu'au mois de mars dernier, est certainement le seul parti espagnol à avoir clairement traité la question du Sahara-Occidental en affirmant par la voix de son secrétaire aux Affaires étrangères qu'elle relevait de la décolonisation. Ce haut responsable venait alors de mettre les points sur les i. Rappelons que M. Abdelaziz a eu, au début de sa visite de plusieurs jours en Espagne, samedi dernier, des entretiens avec le Premier ministre, secrétaire général du Parti socialiste, Jose Luis Rodriguez Zapatero. La rencontre s'était déroulée au siège du PSOE. D'autres rencontres ont eu lieu, toutes exprimant une certaine continuité dans la relation de soutien au peuple sahraoui apporté par l'opinion et la multitude d'organisations espagnoles dont la pression sur la classe politique n'a jamais faibli. Plusieurs communautés autonomes d'Espagne ont reçu le leader sahraoui. M. Abdelaziz a ainsi rencontré le président du Parlement d'Aragon, Francisco Pina, qui a rappelé à cette occasion que son institution avait adopté à l'unanimité une déclaration institutionnelle de soutien au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui devant être appliquée à travers la mise en œuvre du plan Baker. Le Sénat espagnol a pris acte de ce courant sous la forme d'une résolution adoptée massivement par ses membres l'été dernier. Un processus semble engagé, il sagit alors de le consolider pour faire prévaloir le droit et la justice. Et rien d'autre.