Cette rencontre marquée par du beau jeu et un fair-play total a vu chacune des deux équipes avoir sa mi-temps, mais c'est le Doyen qui a fini par remporter les trois points de la victoire. Lorsqu'à la mi-temps du dernier clasico Mouloudia-JS Kabylie qui s'est joué avant-hier après-midi au stade Omar-Hammadi de Bologhine pour le compte de la 8e journée de la Ligue 1 Mobilis, les Canaris du Djurdjura avaient rejoint le vestiaire avec un but d'avance, personne, pas même les Mouloudéens, n'avait osé imaginer la tournure prise par la suite des débats. Pour cause, les Canaris kabyles auraient même pu achever la première mi-temps sur le score logique de 2 à 0, si Boulaouidet n'avait pas échoué de peu devant le portier Chaouchi, et surtout sur une action où il aurait été préférable de donner le ballon à Diawara, d'autant plus que l'attaquant Burkinabé était idéalement placé pour corser l'addition, et récidiver une seconde fois juste avant la pause. Diawara qui avait pour rappel ouvert la marque trois minutes après la fin de la demi-heure de jeu, suite à une belle et tranchante incursion de Boulaouidet, inscrivait son quatrième but sous couleurs de la JS Kabylie, et venait surtout de donner un avantage à son équipe, non négligeable, devant un Mouloudia d'Alger de nouveau «tétanisé» à Bologhine. Première défaite à l'extérieur pour les Kabyles Dominique Bijotat et le onze kabyle aligné par ses soins, étaient visiblement bien partis pour préserver leur invincibilité en déplacement, d'autant plus que tout au long des premières quarante-cinq minutes, Meziane Ighil sentait très bien que le Mouloudia qu'il drivait pour la première fois, poussait en vain. Il est vrai que les gars de Bab El Oued sortaient d'une dernière très amère défaite essuyée chez eux face au DRB Tadjenanet, et qui avait laissé beaucoup de traces au sein du Mouloudia, à l'image d'un Sid Ahmed Aouedj, complètement perdu, et dont le dernier penalty raté contre le néo promu Constantinois, était loin d'avoir été oublié par les milliers de supporters Mouloudéens. Il est vrai aussi que les camarades de Hachoud avaient tenté d'entamer la rencontre sur les chapeaux de roue, et auraient pu bénéficier d'un penalty, suite à une erreur commise sur Merzougui, dans la surface kabyle, par le keeper international Doukha. Le onze mouloudéen aligné pour la première fois par Ighil et dans lequel Zeghdane effectuait son retour sur le côté gauche de la défense, allait effectivement échouer dans la plupart de ses entreprises, face à un bloc kabyle bien en place, et surtout à l'affût de la moindre faute. D'ailleurs, tous les Mouloudéens craignaient revivre un autre cauchemar, pratiquement identique à celui vécu une année plutôt, face à ces mêmes Canaris au sein desquels, les Rial, Kamel Yesli, Seddiki, et autres le jeune excellent Raïah, figuraient parmi l'équipe qui les avait battus la saison écoulée à Bologhine. Mais tout juste après la pause-citron, c'est un autre Mouloudia complètement métamorphosé. Pour cause, avec l'entrée de l'Ethiopien Salah Eddine, en lieu et place de Aouedj, les Vert et Rouge allaient complètement se libérer en attaque, pour prendre à la gorge des Canaris kabyles, subitement aux abois, et surtout acculés de partout dans leur camp, au point de commettre l'irréparable à la 64e mn, suite à une action orchestrée par le joueur international éthiopien, et sur laquelle le néo-défenseur des Verts Ziti, allait provoquer cette fois un penalty que Merzougui réussissait avec beaucoup de sang-froid. A ce moment de la rencontre, le public du Mouloudia poussait enfin un grand ouf de soulagement, tandis que du côté de la formation kabyle on semblait avoir accusé sérieusement le coup. Pis encore, l'égalisation du MC Alger allait donner des ailes aux coéquipiers de Merzougui, d'autant plus que le coaching effectué dès l'entame de la seconde période de jeu par Meziane Ighil, allait s'avérer payant au tableau d'affichage, puisque le Mouloudia allait prendre l'avantage à la marque à la 78e mn, sur une action éclair, menée pratiquement en solo par Gourmi, et sur laquelle l'ex-Ententiste résistait à la charge d'un défenseur, avant de lober de manière imparable son coéquipier de l'EN, en l'occurrence l'infortuné portier kabyle Doukha. Ce second but mouloudéen qui intervenait au moment où les Canaris du Djurdjura, étaient tous montés en attaque, pour tenter de profiter d'un corner, s'étaient laissés surprendre en contre, et allaient d'ailleurs subir le même sort neuf minutes plus tard, lorsque l'autre ex-joueur de l'ES Sétif, en l'occurrence Karaoui, allait à son tour ajouter un 3e but d'anthologie au Doyen, en se permettant le luxe de crucifier d'un superbe tir du pied gauche, le malheureux gardien de but N.1 de la JS Kabylie. Un Azzedine Doukha qui allait encaisser en 45 minutes la bagatelle de trois buts, au cours d'une rencontre fort plaisante à suivre, mais au cours de laquelle la seconde période a été de trop pour son équipe, et surtout fatale. «Da Meziane» a sa revanche Après avoir longtemps fait illusion, et surtout réellement donné l'impression de pouvoir récidiver au stade Omar-Hammadi de Bologhine, le club N.1 de la Kabylie, a finalement encore flanché après la pause, et surtout complètement fléchi sur le plan physique, comme si quelque part, la dernière préparation en date d'avant-saison n'était pas du tout probante, ni la mieux indiquée. Pour preuve, tous les buts encaissés à ce jour par les Canaris kabyles, se sont pratiquement produits en seconde mi-temps, et selon le coach Dominique Bijotat, ce n'est pas seulement la défense kabyle qu'il faut incriminer aujourd'hui. Pour le technicien français, son équipe souffrirait d'un sérieux problème lié à un manque flagrant sur le plan tactique. Il est vrai que depuis sa prise en main du club phare des Genêts, l'actuel coach des Canaris n'a pas cessé de mettre le doigt sur les nombreux manques à gagner relevés par ses soins. Il n'en demeure pas moins que cette défaite concédée contre le Mouloudia d'Alger, montre bien combien le ténor kabyle, reste toujours aussi fragile dans son jeu, et surtout encore très loin de répondre aux nombreuses attentes de ses milliers d'inconditionnels. Maintenant il est possible que la sortie pour cause de blessure, en deuxième période de jeu, d'un élément comme Diawara ait aussi changé quelque part la donne de ce 87e clasico, d'autant plus que l'attaquant Burkinabé s'est avéré très dangereux aux avant-postes. Côté Mouloudia, on a eu le grand mérite de revenir dans un match que tout le monde craignait beaucoup dans le camp mouloudéen, et au terme duquel Meziane Ighil a surtout retenu la victoire, tout en estimant que la manière avec laquelle sa nouvelle équipe a renoué avec le succès, était encore loin d'être parfaite. Il est vrai que sur le vu de la prestation fournie durant les premières 45 minutes par le onze algérois, Ighil sait très bien qu'il est trop tôt de parler de titre, encore moins de parler déjà d'effet «Ighil». Physique, coaching ou défense...? Cette dernière victoire du Doyen, permet seulement pour l'instant aux Vert et Rouge de la capitale, de rester au contact du podium avec 14 points. En attendant de confirmer ses véritables intentions, lors du prochain derby, prévu au 5 Juillet contre le NA Hussein Dey, le club de coeur de Meziane Ighil, le néocoach du Mouloudia va devoir remettre sérieusement de l'ordre dans un club où la discipline est selon l'ex-sélectionneur de l'EN, la véritable clé de la réussite. A ce titre, les supporters du MCA, et notamment ceux qui continuent d'user de fumigènes, risquent fort de pénaliser leur équipe, d'autant plus que les éternels énergumènes ont encore agi de manière imbécile et surtout inconsciente. Quant à Bijotat, ce dernier revers essuyé à Bologhine, a encore mis en lumière tout le long chemin qui attend désormais les Canaris du Djurdjura. Il faut enfin souligner le fair-play qui a caractérisé ce dernier beau duel au sommet kabylo-algérois, et qui aurait certainement mérité de se jouer dans un stade de la dimension du 5-Juillet, non pas à Omar-Hammadi de Bologhine.