Ahmed Fattani a salué l'institution de cette Journée nationale par le président de la République Désormais, les journalistes, les éditeurs de presse et les professionnels du secteur ont une belle occasion de se rencontrer et de débattre de leurs problèmes et de leurs ambitions. La presse a enfin sa Journée nationale. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika vient, en effet, 53 ans après l'indépendance et 26 ans après l'ouverture médiatique de décréter l'institution d'une Journée nationale dédiée à la presse. Il s'agit du 20 octobre. Lors de la célébration de cette journée, dans le cadre d'un forum organisé par le quotidien arabophone Echaâb, et à laquelle ont pris part plusieurs directeurs de publication, dont Ahmed Fattani, directeur de L'Expression, Bachir Chérif, directeur de La Tribune, ainsi que de nombreuses personnalités du monde des médias et de la politique dont Nacer Mehal, ex-ministre de la Communication, Mahieddine Amimour, Sadek Bouguettaïa, Abderahmane Belayat, etc., un débat a été engagé sur la relation entre la presse et la classe politique. Intervenant sur cette question, Mahieddine Amimour a, d'emblée, relevé que la classe politique et les médias doivent travailler perpétuellement en concertation. «Il n'y a pas de mal à ce qu'il y ait concertation entre la classe politique, l'Etat et les médias. Les médias doivent être au service de l'Etat, de sa politique», a-t-il indiqué en observant, cependant, qu'il existe une césure entre les hommes politiques, les chargés de presse des institutions de l'Etat et les médias. Evoquant par la suite la situation de la presse, il n'a pas barguigné pour déclarer qu'elle va de mal en pis en raison de la dégradation éthique de la profession et du manque de compétence des journalistes de la génération actuelle. «La situation va mal parce que les journalistes ne veulent plus faire des efforts et les médias ne peuvent plus jouer le rôle qu'ils ont joué par le passé», a-t-il dit. De son côté, Bachir Chérif a évoqué la collusion entre les intérêts personnels de certains directeurs de publication et les pouvoirs politiques, y compris étrangers. Ce faisant, il a tiré à boulets rouges sur «certains journaux qui travaillent pour les intérêts de la France». «Certains journaux travaillent pour les intérêts étrangers, notamment qataris et français. Deux journaux en particulier reçoivent 3 millions d'euros chacun par an de la part de Renault», a-t-il déclaré avant d'ajouter que ce sont ces même journaux qui se plaignent du fait qu'ils soient boycottés par l'Anep. «Il n'est pas normal que l'Anep donne de l'argent à des journaux pour qu'ils insultent l'Etat,», a-t-il soutenu dans ce sens. En gros, Bachir Chérif considère que certains directeurs de journaux ne sont pas nationalistes tandis que ceux qui tentent, contre vents et marées, de défendre une ligne éditoriale patriotique, citant le cas de son journal comme exemple, ils sont traités de vendus. Bachir Chérif a enfin appelé les journalistes de la nouvelle génération à ne pas prêter l'oreille à ce genre de discours et à défendre l'Etat, ce que Nacer Mahel a soutenu fortement en constatant, lui aussi, «qu'il existe une crise de nationalisme» dans la presse algérienne. Quant à Ahmed Fattani, il a tenu à rendre un vibrant hommage aux journalistes algériens assassinés durant la décennie noire par l'hydre intégriste en saluant l'institution d'une Journée nationale de la presse par le président de la République. «Je rends un grand hommage aux journalistes assassinés par les intégristes. Il n'y a pas longtemps, chaque mardi, on faisait nos adieux à un de nos confrères. Il n'y a pas un seul pays au monde où, en un temps aussi court, un nombre aussi important de journalistes a été perdu. L'Algérie a payé un lourd tribut», a-t-il rappelé avec émotion. Faisant ensuite sienne une pensée du grand journaliste français Jean Lacouture, Ahmed Fattani, a indiqué qu'il ne croit pas au journalisme non engagé. «Je ne crois pas au journalisme non engagé. Un journaliste doit être engagé ou rien. Ceux, parmi nos confrères, qui ont été assassinés ne le sont pas pour des intérêts personnels. Ils sont morts pour l'Algérie», a-t-il observé en s'interrogeant sur ce que l'Algérie aurait été si les intégristes avaient eu le dernier mot. D'autres comme Sadek Bouguettaïa, dirigeant du FLN, Abdelaziz Medjahed, général à la retraite, ont dit, chacun à sa manière, que la liberté de la presse ne doit pas faire oublier aux journalistes et aux directeurs de publication les intérêts suprêmes du pays.