Le retour du festival amazighe sur la scène culturelle n'a pas été facile. Le cinéma était absent alors que l'audiovisuel a dominé 23 oeuvres des films qui étaient au programme de la compétition de cette édition pour décrocher L'Olivier d'or dans les sections long et court métrage, film d'animation et documentaire. Les membres du jury dans la section long métrage, pour la plupart venant du secteur cinématographique, comme le scénariste Tahar Boukella, les réalisateurs Djamel Bendedouche et Rachid Benallal et le critique de cinéma Abdelkrim Tazaroute, président de ce jury, se sont accordés à dire qu'il n'y avait pas de place au cinéma dans cette programmation. C'est Tahar Boukella, resté très attaché à la création cinématographique qui a appelé dans son message à la création d'une nouvelle section «audiovisuelle» permettant aux auteurs de téléfilms de participer à la compétition. D'ailleurs, le seul film de cinéma qui a participé à ce festival c'est celui de Belkacem Hadjadj avec Fatma N'soumer. Avec la qualité de son film, la maîtrise technique cinématographique, il avait décidé de ne pas être en compétition dans une section où la majorité des films projetés était du genre télévision, produit à petit budget. La compétition était vraisemblablement inégale. Mais la nouveauté était la naissance d'un nouveau genre de films: «Le Tiziwood». Un genre qui mélange, entre l'action et le dramatique et qui se rapproche beaucoup plus de Nollywood, qui définit les films vidéos en grande qualité qui sont fabriqués par les vidéastes du Nigeria et qui commencent à toucher l'audiovisuel au Sénégal et en Côte d'Ivoire. On est encore loin de Bollywood, dont la majorité des films sont toujours projetés au cinéma et encore plus loin de Hollywood, dont le cinéma reste toujours la référence suprême pour les cinéastes les plus talentueux de la planète. Si le film Justice rendue, d'Ali Reggane, a remporté l'Olivier d'or du long métrage au 14e Festival national du film amazigh, ce n'est pas parce que c'était le meilleur film ou que la chorégraphie de ses scènes de combat était parfaite. C'est plutôt par son scénario bien ficelé et surtout sa maîtrise de la caméra. La majorité des films amazighs qui étaient sélectionnés étaient des téléfilms qui n'avaient pas les budgets des films de cinéma et certains ont introduit des scènes d'action qui sont étrangères à notre genre cinématographique, c'est le cas du film Dayen de Sofiane Bellaili, qui a fait exploser le compteur des scènes de bagarre. Ce nouveau genre de films est entré dans les moeurs des réalisateurs kabyles en raison de leur influence cinématographique faite de violence et d'action. Ce ne sont pas des réalisateurs qui ont fait leurs classes dans les salles de cinéma, mais dans les vidéo-clubs du quartier. Les jeunes réalisateurs tentent de réaliser en image et en langue amazighe la composition sociale kabyle comme ce fut le cas pour les Américains, les Indiens, les Chinois et aujourd'hui les Africains. En introduisant une section audiovisuelle on va encore encourager la production de ces films d'action kabyles au détriment des films de cinéma qui traduisent la culture et l'identité amazighes. [email protected]