Tony Blair admet sa responsabilité dans l'avènement de Daesh L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair s'excuse d'avoir complètement détruit l'Irak. Tony Blair s'excuse. «Je peux dire que je présente des excuses pour le fait que les informations données par les services secrets étaient fausses», déclare-t-il à CNN. Plus loin, il reconnaît: «Bien-sûr, il n'est pas possible que dire que ceux qui ont déposé Saddam en 2003 ne portent aucune responsabilité dans la situation en 2015.» Il vient ainsi donc, 12 années après l'invasion de l'Irak et sa totale destruction, présenter ses excuses comme s'il avait manqué de respect à un voisin qui l'aurait agacé à un moment donné. Mais ce n'est point le cas. Tony Blair fut un fervent allié de l'équipe de Bush junior qui cherchait à se venger des événements du 11 septembre, en envahissant l'Afghanistan puis l'Irak. Il faut rappeler que beaucoup parmi les pays européens ont refusé l'invasion de l'Irak, au point où Bush, soutenu par Blair est allé chercher d'autres alliés dans la «nouvelle Europe», qui a rejailli des cendres du bloc de l'Est, après l'effondrement du mur de Berlin. Bush avait alors lancé l'insulte de la «vieille Europe», en réponse au groupe autour de Chirac qui voulait des preuves sur le bien-fondé de cette guerre. C'est à ce moment là qu'est sorti sous les feux des projecteurs Tony Blair, plus que jamais déterminé à battre Saddam, quitte à mener la guerre loin de ses frontières et sans résolution onusienne. Il fallait donc inventer des arguments massues pour faire avaler la pilule. Le duo Bush-Blair a trouvé le prétexte des «armes de destruction massive». En mars 2003, l'armada «anglo-saxone», soutenue par la «nouvelle Europe» et certains pays arabes, comme la Syrie, a envahi l'Irak. Les images, diffusées sur toutes les chaînes de TV ont montré les soldats américains déboulonner la statue de Saddam et hisser le drapeau américain, après avoir fait taire la chaîne Al Jazeera en la ciblant d'un obus. Une fois le pays conquis, il a été difficile de prouver l'existence d'armes «de destruction massive», comme annoncé. Ils ont essayé toutes les parades, mais rien à faire puisque aucune preuve matérielle n'a été présentée. Et comme il fallait abattre les «sources du mal», les Britanniques se sont partagé les territoires avec les Américains. On a assisté alors aux massacres massifs, à la torture, les liquidations physique de l'ancienne garde de Saddam, le vol des musées dont les objets, statues et autres datent de la préhistoire, comme si les nouveaux envahisseurs voulaient chasser l'Irak de l'Histoire, en opposant «la géographie à l'Histoire», comme l'avait écrit un confrère au moment des faits. Des dépassements insupportables avaient eu lieu en Irak, au début du siècle de la communication et des droits de l'homme. Et la grande démocratie qu'est la Grande- Bretagne s'est distinguée par l'atrocité de Abou Ghrib, images à l'appui, pour prouver au monde que la démocratie finit là où commence les intérêts des Etats. La boucle a été bouclée par la pendaison de Saddam Hussein, le jour de l'Aïd. Les musulmans du monde entier ont saisi le message. Désormais, il sera question «d'être ou de ne pas être», pour reprendre la formule très britannique des rapports de civilité entre les humains. Tony Blair reconnaît aussi une certaine responsabilité «dans la montée de l'organisation de l'Etat islamique (Daesh)». Qu'à cela ne tienne, en démantelant l'armée irakienne et en disséquant l'Irak entre Kurdes, chiites et sunnites, les Occidentaux ont mis la région dan une situation de vulnérabilité où tous les excès deviennent possibles. Après avoir commis l'irréparable, Blair dit: «Je m'excuse aussi pour certaines erreurs dans la planification et nos erreurs dans notre compréhension de ce qui se passerait une fois le régime tombé.» Les excuses de Blair ne valent rien sur le plan de l'éthique vis-à- vis de l'Histoire. C'est aux Etats britannique et américain de s'excuser auprès des Irakiens pour avoir réduit leur pays en miettes.