L'artiste donne une rétrospective de son oeuvre picturale jusqu'au 16 décembre. Du bleu sur du blanc épicé d'une multitude de signes et de motifs, c'est ce qui frappe notre regard quand on découvre l'exposition de Rachid Koraïchi qui se tient actuellement à la galerie Esma à Riadh El Feth. Le vernissage de cette exposition qui a pour thème Sept variations indigo a eu lieu le 21 dernier. Koraichi revient avec plus de 49 oeuvres exceptionnelles faites d'indigo, cette matière bleue de synthèse autrefois tirée de l'indigotier, elle est aussi une couleur fondamentale du spectre solaire. L'artiste qui est parti chercher l'inspiration dans la ville d'Alep au nord de la Syrie, cette vieille cité plusieurs fois millénaire, voulait trouver des traces de bleu sur cette route de l'Inde d'où venait l'indigo. Au fil du temps, cette teinture avait été l'objet de nombreuses études à Alep, dont certains secrets furent peu à peu révélés. L'indigo mêlé d'écorce et des additions plus ou moins étranges, donnaient à l'indigo d'Alep toute sa réputation de mystère sur le pourtour de la Méditerranée. Toute cette splendeur, Rachid Koraïchi l'a étalée sur de la soie, chinée de ces tampons anciens que les imprimeurs de tissu utilisaient encore au début du XXe siècle. Rachid Koraïchi a fait une synthèse entre ses propres trouvailles et la tradition alépine, créant ainsi une oeuvre inspirée de ces étoffes imprimées. De fait, l'artiste qui a trouvé à Alep ses inspirations et l'occasion de son renouveau, s'est installé à demeure dans cette belle ville syrienne où il poursuit ses investigations et ses recherches picturales. Dégagé des soucis de la critique d'art. Koraïchi oeuvre selon son inspiration, révélation de son âme en ce qu'elle a de plus pur, pour aller toujours plus loin dans la maîtrise de son art. Chaque étape vient s'ajouter aux précédentes, bâtissant ainsi son savoir et sa maîtrise d'un art qui lui est propre, ajoutant à une culture ancestrale des lumières du Grand Sud de sa jeunesse, la lumière d'Alger, lumière de la Tunisie et de Marseille où il a longtemps vécu. Rachid Koraïchi reste attaché à ce culte de symbole, à la magie des signes, sa conception des choses était la nécessité d'orienter sa vie loin des contraintes matérielles et de suivre ce qui est le plus important, c'est-à-dire, la passion de créer à chaque instant, d'imaginer, de rêver pour s'inscrire dans une lignée de ceux qui laisseront aux générations futures des traces de l'homme. Rappelons enfin que l'artiste-peintre est aussi sculpteur, graveur, plasticien, graphiste et auteur de plusieurs ouvrages. Il expose son génie et ses créations en Europe, au Maghreb, au Moyen-Orient, aux Etats-Unis, unissant parfois son talent à celui d'autres créateurs, musiciens, danseurs et gens de plume, tous impliqués dans une dimension mystique d'ouverture et de tolérance. Les voyages qu'il a fait et les recherches dans lesquelles il s'est investi, lui ont été très fructueuses, car toutes ces créations, vibrent de vertus philosophiques qui respirent la contingence du monde, l'esthétisme et l'éthique, reliant les êtres qui progressent sur le chemin de l'humanisme.