Les SGP sont des entreprises publiques économiques dont le capital est intégralement détenu par l'Etat. Le mandat de deux années donné aux membres des directoires des sociétés de gestion et de participation (SGP), de la part du président du conseil des participations de l'Etat (autrement dit le chef du gouvernement), prendra fin le 12 décembre prochain, soit dans moins de deux semaines. Il faut rappeler que les SGP sont des entreprises publiques économiques (EPE) au sens de l'article 2 de l'ordonnance 01.04 du 20.08.2001, dont le capital est intégralement détenu par l'Etat. Ainsi donc, si le changement des membres des directoires reste en vertu de leurs mandats, une chose normale, du moins réglementaire, il n'empêche que cette opération va s'opérer actuellement à l'ombre de certains autres changements politiques annoncés à tort ou à raison. En effet, les nominations des membres des directoires se font «théorique-ment» par l'assemblée générale de chaque SGP, dans la pratique, c'est en effet le conseil des participations de l'Etat (CPE), autrement, la chefferie du gouvernement qui le fait. Maintenant si l'on conjugue les changements du gouvernement, annoncés avec récurrence à ceux qui toucheront au plus tard ce début 2005, le sommet pyramidal des outils économiques de l'Etat, qui sont les SGP, l'on peut deviner, déjà, quel visage aura l'Algérie institutionnelle de demain. Au moins deux modifications (dont on aura plus tard la possibilité de mesurer la profondeur et l'efficacité). La première est celle des staffs qui seront placés à la tête de ces institutions ainsi que ceux qui seront appelés à disparaître. Les informations contradictoires et autres rumeurs «persistantes» sur un éventuel changement profond de l'équipe gouvernementale, dès le lendemain de l'élection présidentielle du 8 avril dernier, ne sont pas des choses totalement innocentes dans ce contexte. Il faut se rappeler ici, avec quelle «insistance» le départ «imminent» de Ouyahia a été annoncé durant cette période. Et même si l'actuel chef du gouvernement, de plus en plus discret ces temps-ci, a pris le soin, à l'époque, de démentir cette «fausse information» distillée, selon ces dires, par des «partis» qui cherchent à brouiller ces relations «parfaites» avec le chef de l'Etat, celles-ci (les rumeurs) ne se sont pas évaporées pour autant. A la fin du premier semestre 2004, le nom de Sellal revenait régulièrement, dès lors qu'il était dans l'esprit des gens, le chef de la campagne du candidat Abdelazziz Bouteflika et donc la première personne à gratifier. Actuellement l'on parle surtout de Mourad Medelci, conseiller à la présidence et ce d'autant plus qu'il vient de représenter le chef de l'Etat au sommet du Nepad organisé récemment par Alger. D'autres noms circulent (même si leurs candidatures semblent peu probables) ayant pour point commun de faire partie du premier cercle présidentiel. C'est le cas de Chakib Khelil, ministre de l'Energie, voire de Benachenhou, ministre des Finances. Dans ce contexte, même si un changement gouvernemental aurait lieu, il faut s'attendre, au plus, à des mutations de faibles proportions dans le staff dirigeant, autrement, des permutations tout au plus. La raison est que ce type de changement politique a déjà eu lieu juste avant le 8 avril et a touché essentiellement les ministres dits pro-Benflis. Par contre, l'impact le plus important, en cas de changement gouvernemental, serait vraisemblablement le rythme et l'entendue de la mise en branle des chantiers de réformes économiques, entre autres. Une liste de plusieurs centaines d'entreprises a déjà été donnée, récemment par le CPE, répartie sur plusieurs SGP dont cinq EPE non affiliées. Une autre liste parmi d'autres, diront certains ! Seulement, il reste plus que probable que les prochaines années verront une mise en oeuvre effective et étendue de ces privatisations définies «comme étant un acte». Un problème demeure, le suivi de ces opérations. Car si l'on sait que l'Algérie a eu tant de mal à suivre la liquidation des petites entreprises locales (EPL) confiées aux services des domaines, dont le personnel n'est nullement formé pour ce type de mission, l'on imagine assez avec quelle «dextérité» serait menée une autre opération d'envergure, concernant les EPE cette fois-ci, tant les outils de suivi restent à peaufiner et parfois à mettre en place. La liquidation des EPE (ou privatisation) n'aura par ailleurs qu'un impact quasi négligeable sur la structure des agrégats économiques du pays. Le privé assure depuis plusieurs années l'essentiel de la croissance. Par contre, en termes d'emploi et donc de paupérisation, le risque est là si ces mêmes réformes ne sont pas accompagnées d'un plan de relance parallèle sérieux. Enfin à signaler, en termes de modalité, un changement mineur, à savoir une volonté affichée par le CPE pour «la dynamisation du processus de privatisation par le recours à la bourse...insuffisamment exploré».