L'APC de Tizi Ouzou n'a pas les moyens financiers pour gérer ce complexe culturel. Quel fantôme hante les estrades du théâtre municipal Kateb Yacine de Tizi Ouzou? Cet espace de culture, bien situé par rapport à la vie quotidienne du citoyen ou de cet amoureux de l'art, vient encore une fois de fermer ses portes, malgré les nombreuses tentatives osées jusqu'à ce jour par les autorités afin de redonner vie à ce lieu de réflexion et de joie. En effet, l'APC, gestionnaire de cette structure, n'arrive pas à relancer les activités. Quelques activités conjoncturelles durant le mois de Ramadan n'ont pas suffi à drainer les partenaires culturels en mesure d'assurer la production et la diffusion de l'oeuvre artistique. On se souvient encore de ce centre de rayonnement culturel, de ces nuits vibrantes au rythme des applaudissements, des monologues des acteurs, à toutes ces joies procurées des années durant...Hélas, les portes en bois sculptées se sont refermées au mépris de la culture de l'esprit. Pour un membre de la nouvelle APC, cette situation est due notamment à la «direction de l'action sociale et culturelle de l'APC qui est chargée de donner vie au théâtre, mais elle n'a aucun budget pour ce faire et ne peut, par conséquent, payer le cachet des chanteurs. Actuellement, nous sommes à la recherche de sponsors pour prendre en charge les spectacles. L'appel est lancé et nous attendons également les propositions des associations». Mais peut-on dire que l'argent est la seule cause de ce pourrissement? En effet, les raisons techniques viennent se greffer à ce marasme. Un équipement approprié absent rend caduques toutes les opportunités offertes. Ainsi, au regard des informations recueillies, la situation du théâtre s'est davantage dégradée depuis la présence des URS lors du délogement des animateurs des archs en 2002. Selon les estimations de l'APC, il faudrait au minimum 5 milliards de centimes pour restaurer ce «bijou» culturel, ce dont l'APC ne dispose pas. Malgré cela, l'institution a pu débloquer quelques millions pour la réfection de la vitrerie, la boiserie et la peinture de l'orchestre. Le balcon n'a pas été touché. Ainsi, toutes ces actions de replâtrage n'ont rien amené de concret. Enfin, la gestion d'un théâtre d'une telle envergure par l'APC seule, ne peut donner les résultats escomptés. Il faut revoir toute la législation qui régit ce genre d'institutions. Le théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou sonne le glas de la faiblesse des moyens mis en place et les compétences sur le plan de la responsabilité ont montré leurs limites. Le cas du théâtre de Tizi Ouzou, pour paraphraser Brecht, «ressemble à ce nid de corbeaux» où tout le monde croasse mais dont l'écho demeure muet.