La session du Cnes intervient dans un climat tendu entre le gouvernement et la Centrale syndicale. La conjoncture économique et sociale durant le premier semestre 2004, sera passée en revue par le Conseil national économique et social (Cnes) lors de sa 25e session plénière qui se tiendra les 7 et 8 décembre prochains au Palais des nations à Alger. Quatre projets de rapports seront examinés par les experts du conseil : la politique des infrastructures routières (enjeux et défis pour le développement), la femme et le marché du travail et le projet du 5e rapport national sur le développement humain pour l'année 2003 dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement. Attendue de pied ferme, l'intervention du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, ne passera pas inaperçue surtout que la conjoncture est assez particulière. En effet, la 25e session du Cnes intervient dans un climat relativement tendu entre le gouvernement et la Centrale syndicale. Les deux partenaires se regardent en chiens de faïence depuis l'échec consommé de la bipartite en septembre dernier. La tension s'est aggravée avec l'annonce, par le chef du gouvernement, de la privatisation de 12.000 entreprises publiques. Il convient de rappeler que c'est à partir de la tribune du Cnes que M.Ouyahia avait lancé, en juin dernier, à demi-mot, le pavé de la privatisation de ces entreprises. «Environ 1200 entreprises constituent actuellement le secteur économique public dont 700 sont jugées fiables, 300 déstructurées mais récupérables et 200 susceptibles de disparaître, a rappelé M. Ouyahia, affirmant que «depuis le début de 2004, dix-neuf entreprises publiques ont été ‘'vendues''. Les 1200 entreprises cumulent un découvert bancaire de quelque 300 milliards de dinars et souffrent d'un manque chronique d'investissements nouveaux», a déclaré le chef du gouvernement lors de la 24e session du Cnes. Aussi son intervention apportera-t-elle de l'eau au moulin de la Centrale syndicale. Cette dernière est actuellement médusée par la détermination de l'Exécutif Ouyahia à privatiser les entreprises publiques. L'Ugta, dont le patron Sidi Saïd a été mis devant ses responsabilités par le président de la République, lors du XXe congrès de l'ONM, est toujours à la recherche d'une réplique adéquate «pour sauver les meubles». Pour revenir à la 25e session du Cnes, l'appréciation la plus attendue sera incontestablement celle en rapport avec la politique des infrastructures routières. Le secteur des travaux publics, l'un des plus actifs sur le terrain des réalisations, souffre d'un manque d'enveloppe budgétaire.Les 2,7 milliards de dinars alloués au secteur dans le cadre de la loi de finances 2005 ne «sont pas suffisants», selon Amar Ghoul. Avec 30.0000 chantiers éparpillés sur le territoire national, le secteur de M.Ghoul est loin de satisfaire les besoins du pays surtout en termes d'infrastructures routières. En Algérie, il existe 1.007.000 km de routes qui nécessitent d'ici 2006, 300 milliards de dinars uniquement pour leur entretien. La réalisation de l'autoroute Est-Ouest n'a pas atteint sa vitesse de croisière et 5000 km de piste sont totalement abandonnés. Par ailleurs, l'appréciation du Cnes sur la femme et le marché du travail ainsi que le projet du 5e rapport sur le développement humain, apporteront des éclairages certains à un marché économique qui souffre de l'absence d'une banque de données.