«Toute exploitation pétrolière dans la région sera entamée en violation des principes du droit international.» Un autre succès diplomatique pour le Front Polisario : La compagnie pétrolière française Total Fina Elf vient de mettre un terme à ses activités de prospection et d'exploitation pétrolière au Sahara occidental. Une décision hautement symbolique, d'autant plus qu'il s'agit d'une compagnie pétrolière d'un pays dont la position vis-à-vis du règlement de la question sahraouie, est connue de tous. Il s'agit là, d'un pas de géant vers la concrétisation du plan Baker qui prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Le Front Polisario et le gouvernement sahraoui ont salué «la décision prise par Total de mettre un terme à sa présence au Sahara occidental à travers son retrait du contrat illégal établi avec le gouvernement du Maroc pour faire des prospections offshore de pétrole au territoire de la République sahraouie», rapporte l'agence de presse sahraouie SPS, citant un communiqué officiel. Pour sa part, le ministère sahraoui des Affaires étrangères a salué la décision prise par Total Fina Elf de mettre un terme à ses activités dans les territoires occupés du Sahara occidental, appelant par la même occasion la compagnie américaine Kerr Mc Gee à en faire autant, pour se conformer à la légalité internationale. Dans leur communiqué, les autorités sahraouies ont affirmé que les compagnies internationales doivent «éviter les tentatives marocaines de les impliquer dans son occupation illégale du Sahara occidental» et ne doivent aucunement «traiter avec le gouvernement marocain concernant le Sahara occidental» Il est utile de rappeler que le conseiller auprès de l'ONU, M.Hans Correll, a réaffirmé le 29 janvier 2002, que la présence du Maroc au Sahara occidental n'a aucune base légale et que l'exploration ou l'exploitation des ressources pétrolières du territoire auquel on «procède, sans tenir compte des intérêts et désirs du peuple du Sahara occidental, sera entamée en violation des principes du droit international applicables aux activités d'exploitation des ressources minérales dans les territoires non autonomes», ajoute le document. A ce propos, le communiqué appelle la compagnie américaine, Kerr Mc Gee, «l'unique compagnie pétrolière encore opérant illégalement au Sahara occidental, à mettre un terme à ses opérations immédiatement» Le retrait de la compagnie pétrolière française des territoires sahraouis occupés est en lui-même un désaveu aux autorités marocaines avec lesquelles elle avait, pourtant conclu, il y a quelques années un contrat d'exploration et d'exploitation pétrolière dans la région. Il intervient au lendemain de la tenue à Saragosse de la conférence de soutien au référendum d'autodétermination du Sahara occidental. Un rendez-vous auquel avaient pris part près de 500 délégués venus des quatre coins de la planète, des personnalités internationales, d'ONG et des partis politiques espagnols. C'était aussi une occasion pour le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz de s'entretenir avec le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Zapatero. Une rencontre qualifiée de «constructive» et «cordiale» par la secrétaire aux relations extérieures du Psoe, Trinidad Jimenez. «Nous allons entretenir un dialogue permanent pour favoriser l'émergence et la conclusion d'un accord qui satisfasse les revendications légitimes du peuple sahraoui», indique la même source, qui dit inscrire toute ébauche de règlement du conflit, dans le cadre de la légalité internationale, notamment des résolutions de l'ONU. Les analystes au fait du dossier du Sahara occidental considérant que l'audience accordée par Zapatero à Abdelaziz est en elle-même une reconnaissance de la Rasd. D'autant plus que la position espagnole par rapport à la question sahraouie a connu une nette amélioration sous la pression de la rue. A noter que la tournée du président sahraoui dans la péninsule ibérique s'est soldée par l'annonce par deux régions espagnoles, à savoir l'Andalousie et Castille et Leon, de leur soutien à l' «autodétermination et l'indépendance» du peuple sahraoui. Une position affichée par le parti populaire à travers le président de la région Castille et Leon, Jose Vicente Herera, qui s'est exprimé «en faveur des droits du peuple sahraoui à décider librement de son destin conformément à la légalité internationale». La percée de la cause sahraouie sur le plan international a été perçue ces derniers jours, à travers la résolution adoptée par le sénat australien, demandant au gouvernement d'annoncer sa reconnaissance de la Rasd.