Le fait que les compagnies se soient retirées, préférant attendre l'indépendance de la Rasd, est déjà une reconnaissance. En référence à l´avis juridique onusien, datant de janvier 2002, contestant la souveraineté du royaume chérifien sur le Sahara occidental, et rendant de fait nul et non avenu tout contrat signé par Rabat portant sur l´exploitation des richesses sahraouies, la Rasd avait mis en garde que tout accord conclu avec l´occupant serait caduc et contraire au droit international. Ce verdict a été réaffirmé encore une fois par l'ambassadeur sahraoui. Selon lui, le fait que ces mêmes compagnies se soient retirées, préférant attendre l'indépendance de la Rasd, est déjà une victoire sur le royaume chérifien, mais surtout une reconnaissance, indirecte de la Rasd. En guise de rappel, il s'agit de 12 blocs off-shore, dont Daoura, Amgala, Haouza, Farsia, Mahbès, Imlili, El Guelta et Djrifa. Les contrats qui ont été discutés par certaines compagnies pétrolières avec le Maroc ont provoqué une passe d'armes. Kerr Mc Gee, à titre indicatif, a résilié la convention sous la pression des organisations internationales favorables à l'autodétermination du peuple sahraoui. Trois autres compagnies étrangères, signataires avec Rabat de contrats de prospection pétrolière, le long des côtes du Sahara occidental, ont connu le même sort. Il s'agit de la société norvégienne TGS-Nopec, la hollandaise Fugro, la française Total-Fina-Elf. Toutes les compagnies se sont retirées du territoire en 2003 et 2004, suite aux pressions internationales. Pour ne citer que celles-ci, le Polisario, par la voix de Mohamed Yeslem Beïssat, mettra les choses au clair : rien ne se fera sans l'autodétermination du peuple sahraoui. Et de préciser que la question portant prospection de pétrole dans les territoires sahraouis n'est qu'une autre polémique suscitée par le palais royal tendant «à compliquer davantage la situation». Ce n'est pas tout, l'ambassadeur du Polisario à Alger pense également que le royaume chérifien, en jetant cette question au coeur de la controverse, espérait se consolider et détourner l'opinion publique nationale. «Le Maroc table sur une victoire dans une bataille perdue d'avance», conclut-il. Les compagnies étrangères détentrices d´un permis de prospection de pétrole n'entameront leurs activités donc qu'après le recouvrement de la souveraineté de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) sur l´ensemble de ses territoires, à en croire l'invité de l'Expression. Il est donc clair qu'inciter ces compagnies pétrolières à faire pression sur les instances onusiennes pourrait être le début de la fin. Mais une chose est sûre, dans une bataille «perdue d'avance», le royaume chérifien se perd encore face à une communauté internationale de plus en plus solidaire avec le peuple sahraoui.