L'on ne sait pas, ici, grand chose mis à part que le CPE compte dynamiser le recours à la Bourse d'Alger dont l'activité est, depuis des années, assez morne. Mille deux cents entreprises publiques, réparties sur 28 SGP, dont cinq entreprises non affiliées à une SGP, constituent le nouveau lot des entités économiques nationales à privatiser. Une «énième» liste après celles qui ont été prévues par M.Temmar alors ministre des Participations de l'Etat. Sait-on lesquelles, pourquoi et comment? Pas grand chose. Le pire est que, parfois, les premiers concernés par cette opération, en l'occurrence les cadres dirigeants et le personnel, demeurent dans le flou. Tout ce que l'on sait est que le gouvernement considère que cette opération serait «une modalité d'ouverture de l'économie algérienne à l'économie de marché consacrée légalement par la promulgation d'un nouveau cadre législatif», en l'occurrence, l'ordonnance n°01-04 qui «abroge le cadre réglementaire des privatisations mis en place en 1995». Mais au-delà de cette culture du flou, le gouvernement nous informe-t-il sur le comment de cette opération? Autrement dit, y a-t-il une vision globale et cohérente de cette démarche? La réponse demeure sans appel depuis des années: Non. Car si le nombre importe peu, dès lors que l'article 15 de l'ordonnance 04.01 du 20 août 2001 considère que «sont éligibles à la privatisation les entreprises publiques économiques relevant de l'ensemble des secteurs d'activité économiques» ce sont les modalités pratiques qui devraient être au centre des débats et ce d'autant plus que l'on ne connaît toujours pas quelles sont les entités (voire secteurs) dites stratégiques à préserver, pourquoi et sous quelles formes? Pour ce qui est des modalités de privatisation, les textes réglementaires ont prévu, comme mécanismes, soit le recours à la Bourse (offre publique de vente à prix fixe), l'appel d'offre ou le gré à gré (après autorisation du Conseil des participations de l'Etat). L'intéressement des salariés est prévu mais reste assez hypothétique pour l'aboutissement des transactions de reprise par les opérateurs intéressés. Ceci nous amène à nous demander quelle modalité sera retenue pour telle ou telle entreprise ainsi que son éventuelle efficacité. L'on ne sait pas, ici, grand chose mis à part que le CPE compte dynamiser le recours à la Bourse d'Alger dont l'activité est, depuis des années, assez morne. Les entreprises sélectionnées pour admission (ouverture de capital qui est une forme de privatisation) sont au nombre de onze (11) présentant, selon le département des Participations de l'Etat «une représentativité au sein du portefeuille dont elle relève ; une pérennité de leurs activités et de bonnes performances». Revenant à l'aspect dit de choix stratégique. En effet, la privatisation est considérée par les spécialistes comme étant «un acte éminemment politique qui doit être accompagné de la définition de l'objectif à atteindre et d'une stratégie de concrétisation» et c'est ce qui fait justement défaut à ce jour. Cette carence si elle était compréhensible jusqu'ici du fait de conjonctures défavorables sur le plan de la «légitimité décisionnelle politique», aujourd'hui cette barrière semble avoir été dépassée, du moins a priori. Pourtant, sur le plan des choix économiques, nous manquons toujours de ligne de conduite claire. Ces atermoiements ont coûté et coûteront de plus en plus cher aux Algériens, salariés notamment, en raison d'un vecteur temps qui ne fait qu'amplifier, irrémédiablement, la dégradation de ce qui reste de notre secteur public. Une stratégie claire est incontournable, salutaire et urgente.