Ouyahia ,Saâdani ,Ghoul ,Touati «Qui êtes vous? Quel mandat avez-vous pour parler au nom des Algériens et interpeller le chef de l'Etat?», répliquent en choeur les partis opposés à cette initiative. Après le FLN de Amar Saâdani, le RND d'Ahmed Ouyahia, a vite pondu un communiqué pour fustiger les auteurs de cette action. Le TAJ d'Amar Ghoul n'est pas en reste. Ce parti est également tombé à bras raccourcis sur les initiateurs de la demande d'audience formulée sous forme d'une lettre le 1er Novembre dernier auprès du directeur de cabinet de la présidence de la République et du conseiller particulier du président Bouteflika. A l'initiative des 19 voulant rencontrer le président, s'ensuivirent des réactions en cascade. «Qui êtes vous? Quel mandat avez-vous pour parler au nom des Algériens et interpeller le chef de l'Etat?», répliquent en choeur les partis opposés à cette initiative. «Le président Bouteflika rend des comptes au peuple uniquement», a été l'argument commun mis en avant par les chefs de ces partis. Les patrons de ces formations interprètent cette initiative comme «une escalade de la secrétaire générale du PT contre l'Etat et son dirigeant». Saâdani est allé jusqu'à expliquer ce «déchaînement», voire cet «aboiement barbare» par le limogeage de la tête du DRS, du général de corps d'armée, Mohamed Mediene dit Toufik. Le TAJ d'Amar Ghoul, décèle dans cette action, ce qu'il appelle «la tentative de mettre en doute les capacités et la lucidité du président à gérer le pays». Le porte-parole de cette formation a dénoncé «les doutes exprimés à l'égard des institutions de l'Etat». Ce parti affirme que «Bouteflika assume ses fonctions constitutionnelles le plus normalement du monde». Mieux encore, ces doutes exprimés contre la présidence sont qualifiés «d'inacceptables, exagérés, dépassant les lignes rouges et peuvent porter atteinte à la stabilité du pays». Moussa Touati, accuse les signataires de courir derrière des postes de responsabilité. Pour Boudjemaâ Guechir, président de la Laddh, l'un des signataires de la demande, «les réactions agacées de ces partis reflètent la dégradation de la culture politique dans notre pays». «Il est inconcevable qu'un chef d'un parti, de surcroît affabulé de titre de première force politique renvoie les citoyens algériens à se renseigner sur la question relative à l'état de santé de leur président et savoir dans quelle direction se dirige le pays, auprès d'un président étranger en l'occurrence François Hollande», dit-il. «On est un groupe de citoyens dont l'action médiane se situe à mi-chemin entre l'approche de l'opposition et celle des soutiens aupouvoir», indique-t-il. Ce groupe, qui se défend d'avoir demandé l'application de l'article 88 de la Constitution, a pour rappel évité de limiter le nombre des signataires à 18, car en 1988, 18 personnalités dont Belaïd Abdesselam, Ali Haroun et Reda Malek, ont adressé au président Chadli Bendjedid une lettre dans laquelle ils dénonçaient la dégradation de la situation socio-économique et la torture pratiquée contre les manifestants. Ils ont aussi évité de la porter jusqu'à 22, ce qui qui aurait suscité l'allusion au groupe ayant déclenché la guerre de libération le 1er Novembre 1954. Comme ils ont refusé d'élargir la liste des signataires au point de lui donner l'allure d'une pétition, dont la réception par le président sera impossible. En tout état de cause, le groupe se réunira bientôt pour débattre des suites à donner à leur initiative, selon M Guechir. Pour certains observateurs, cette initiative inédite du fait que la majorité des signataires se compte parmi les soutiens indéfectibles et de longue date du chef de l'Etat, a chamboulé l'actualité en effaçant et la Constitution et les graves retombées du choc pétrolier. La dichotomie du contenu de la lettre entre l'éloge au patriotisme du président et le doute sur la paternité des dernières décisions, n'a pas empêché cette action d'apporter de l'eau au moulin de l'opposition qui exige une élection présidentielle anticipée. Elle intervient alors que le duel autour du leadership entre le FLN et le RND, deux appareils de l'entourage présidentiel atteint son paroxysme. Les auteurs de la demande qui savent pertinemment que toutes les portes sont closes et qu'ils ne seront probablement jamais reçus par le chef de l'Etat, oseront-ils poursuivre leur action en optant pour ce qu'ils appellent un «plan B» pour contrer le «groupe extraconstitutionnel» qui a accaparé les centres de décisions de l'Etat? Pour rappel, Amar Saâdani a soutenu que ces personnes doivent d'abord être mandatées par le peuple pour interpeller le président sur la dégradation de la situation générale du pays.