C'est le film le plus attendu aux JCC à Tunis, «Much Loved» intitulé aussi «Ezzine Elli Fik», film polémique interdit au Maroc, de Nabil Ayouch, figure sur la liste des films sélectionnés dans la compétition officielle de la 26e édition des Journées cinématographiques de Carthage 2015 (JCC 2015) du 21 jusqu'au 28 novembre 2015. Les comédiennes ont vécu sous protection au Maroc, car elles ont reçu des menaces de mort via les réseaux sociaux. Interdit au Maroc par le ministère marocain de la Communication sous prétexte que l'oeuvre comportait un «outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine, et une atteinte flagrante à l'image du royaume», le film a été pourtant programmé dans un pays où l'islamisme est en croissance inquiétante. Le membre du comité artistique et chargé de la programmation des Journées cinématographiques de Carthage 2015 (JCC), Sami Tlili, a expliqué à la presse tunisienne que tous les films en compétition ont été choisis pour leurs qualités cinématographiques niant toute rumeur qui circule à propos du retrait de quelques scènes «intimes» du film marocain ou bien toute intention de le soumettre à des restrictions d'âge. Sami Tlili a précisé que les détails concernant les films sélectionnés pour les JCC sont mis en ligne sur le site Internet (jcctunisie.org) y compris «Much Loved». Après sa sélection à Cannes et son interdiction au Maroc, le film refait surface ces derniers temps dans les médias après que la comédienne Loubna Abidar, premier rôle du film en question, a été agressée au visage au Maroc. La star du film a aussitôt quitté le Maroc pour se réfugier en France suite à cette attaque. Dans une lettre ouverte publiée sur le site du Monde, Loubna Abidar, l'actrice marocaine du film «Much Loved», explique pourquoi elle a décidé de quitter son pays pour la France, quelques jours après avoir été victime d'une agression à Casablanca. Ainsi, Loubna Abidar, l'actrice du film «Much Loved», dans lequel elle incarne une prostituée, revient d'abord sur son expérience avec le film en question et sur les réactions qui ont très vite suivi au Maroc. «Dans ce film, j'ai mis toute mon âme et toute ma force de travail, portée par Nabil Ayouch et mes partenaires de jeu. Le film a été sélectionné à Cannes. J'y étais, c'était magique», déclare-t-elle. «Mais dès le lendemain de sa présentation, un mouvement de haine a démarré au Maroc. (...) «Much Loved» dérangeait, parce qu'il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu'il donnait la parole à ces femmes qui ne l'ont jamais. Les autorités ont déclaré que le film donnait une image dégradante de la femme marocaine, alors que ses héroïnes débordent de vie, de combativité, d'amitié l'une pour l'autre, de rage d'exister.» D'autres auraient pu me tuer. Déclarant avoir reçu «des dizaines» de messages de soutien et d'amour venus d'Europe et du Maroc, des messages de prostituées également, l'actrice revient sur la «campagne de détestation» dont elle est victime. Au moment où le film est rejeté dans tous les festivals arabes, la programmation du film en Tunisie va créer sûrement une énorme polémique, relançant ainsi la querelle entre les islamistes et les laïcs. [email protected]