Prévues du 21 au 28 novembre 2015, avec au programme la projection de plus de 300 films de 58 pays dont le sulfureux Much loved du Marocain Nabil Ayouch... Devenues annuelles et à leur tête un cinéaste, producteur et enfant des JCC, Brahim Letaif pour ne pas le nommer, il est clair que cette année, la riche programmation que les JCC ont gagnée avec une nouvelle philosophie des plus pertinentes, est à même d'insuffler une dynamique et un regard nouveau sur ce que son président considère comme le plus grand ciné-club au monde. Avec une sélection de films des plus hétéroclites dont le non moins sulfureux Much Loved de Nabil Ayouch, interdit de diffusion au Maroc, la 26e édition des Journées cinématographiques de Carthage verra cette année six films algériens en lice pour le Tanit d'or dans la compétition officielle. Il s'agit de Le puits de Lotfi Bouchouchi et Madame Courage de Merzak Allouache dans la catégorie longs métrages, Babor Casanova de Karim Sayad et Lmuja d'Omar Belkacemi dans les courts métrages, ainsi que Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl et Fi Rassi rond-point de Hassen Ferhani dans la catégorie des films documentaires. Le jury de la compétition officielle longs et courts métrages est présidé par le Marocain Noureddine Sail, alors que celui des films documentaires est présidé par Daniele Incalcaterra (Italie-Argentine). Cette édition sera marquée par l'hommage qui sera rendu à la femme de lettres mais néanmoins auteure de plusieurs films dont La Nouba des femmes du mont Chenoua, disparue l'année dernière, Assia Djebar. D'autres hommages seront rendus notamment au cinéaste portugais Manoel de Oliveira, ainsi qu'aux actrices égyptiennes Faten Hamama et Meryem Fakhreddine. Dans un entretien accordé à Mahrez Karoui, pour Africiné, Tunis/Abidjan (Images francophones) le directeur des JCC soulignera sa philosophie de retour aux sources dit-il afin «de renforcer les acquis et l'identité du festival tels qu'ils ont été définis en 1966 par le fondateur Tahar Cheriaâ et ses compagnons», ajoutant que cela ne pourra se faire «qu'à travers des films». Aussi, un hommage sera rendu au Fespaco, dont un des membres fondateurs n'est autre que Tahar Cheriaâ. «Nous avons décidé cette année de ramener tous les films qui ont remporté l'Etalon d'or de Yennenga (le Grand Prix du Fespaco) et de les mettre dans une salle à part qui sera dédiée exclusivement à cet hommage. Tous les réalisateurs encore en vie seront présents à Tunis pour rencontrer le merveilleux public des JCC qui sera d'ailleurs invité à voter pour décerner un Tanit d'or au meilleur Etalon d'or de l'histoire du Fespaco. Un autre hommage sera rendu à Cheriaâ à travers la création à partir de cette édition du Prix de la première oeuvre qui portera son nom: «Prix Tahar Cheriaa de la meilleure première oeuvre de l'Afrique et du Monde arabe». Côté arabe, outre le grand cinéaste marocain Souheil Ben Barka, grande figure de l'histoire des JCC, mais aussi lauréat de l'Etalon d'or de Yennenga au Fespaco, un autre hommage sera rendu au Mauritanien Med Hondo. «Cette session rendra hommage également aux cinémas égyptien, algérien et tunisien. Nous présenterons également des films venant du Moyen-Orient», fera-t-il remarquer. Une autre nouveauté pour cette année est le Carthage Cinéfondation. Il s'agit d'une section internationale dédiée aux films d'école, visant à «dénicher de nouveaux talents et les propulser sur le devant de la scène. Le gagnant de cette section se verra offrir une résidence d'écriture de trois mois ici à Tunis assortie d'une bourse». Figure importante du cinéma tunisien qui défraye souvent la chronique grâce et par ses films dont ses propos souvent francs quasi provocateurs ont fait déplacer les foules à chacune de ses projections - l'on se souvient de la sortie en avant-première de son film Beautés voilées (Manmoutech), aux dernières JCC - Nouri Bouzid revient cette année mais pas que, sous les feux des projecteurs entre strass, sunlights et paillettes. En effet, c'est du pain sur la planche qui attend l'auteur de Making of. Le cinéaste à qui on rend hommage «aura droit cette fois à une série d'activités qui lui seront complètement dédiées: débats, rencontres avec ses élèves devenus cinéastes, séance spéciale avec ses camarades de cellule à Borj Erroumi, la célèbre prison où il a passé cinq ans en tant que prisonnier politique. Une deuxième séance spéciale sera également consacrée à son apport aux scénarii de ses collègues (il avait adapté plusieurs scénarii de films tunisiens) avec un master-class sur le scénario et la présence du désormais célèbre cinéaste franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui, rappelons-le, avait campé en 1991 le rôle principal dans le film de Nouri Bouzid Bezness. Au programme également se tiendra une section «Cinéma du monde» pour connaître les films qui se sont distingués durant l'année 2015.Une autre section baptisée «De Berlin à Carthage» sera réservée aux courts métrages présentés cette année au Festival de Berlin. Une autre pour les films «World Fund» [Fonds d'aide aux cinémas du monde, ndlr]. Quant à la section «Nouveaux territoires», dans la même lignée que Tarchikat programmée en 2014 il s'agira dune fenêtre ouverte sur les propositions cinématographiques récentes, des plus novatrices, subversives qu'incongrues. Outre le fait que la programmation des JCC sera étendue aux villes de l'intérieur, enfin un colloque sera dédié cette année à la mémoire de l'écrivain Abdelwahab Meddeb disparu en novembre 2014. «C'est le premier à avoir posé la question du rapport de l'image au texte», explique Brahim Letaif bien confiant dans l'organisation de ce festival qui, rappelons-le, aura la responsabilité, cette année, en étant le premier pays arabe à montrer le film de Nabil Ayouch dont la comédienne principale Loubna Abidar s'est fait agresser récemment au Maroc sans qu'on lui vienne en aide...