L'attaque d'avant-hier, qui a ciblé le consulat américain à Djeddah, en Arabie Saoudite, a été revendiquée par la branche saoudienne du réseau Al Qaîda. Un communiqué diffusé par un site Internet islamiste atteste de cet état de fait et informe que certains assaillants ont pu prendre la fuite après l'opération. «Vos frères de la brigade du martyr Abou Anès Al-Chami ont investi un bastion des croisés américains dans la péninsule des Arabes, à Djeddah, (...). Ils ont pu se retirer du consulat et gagner un endroit sûr, après avoir perdu deux martyrs, qui couvraient la retraite des Moujahidine, dont trois ont été blessés et sont actuellement soignés», lit-on dans un communiqué. Une déclaration qui contredit les propos du porte-parole du ministère de l'Intérieur saoudien qui, lui, parle de 5 exécutants, dont 2 ont été tués et trois autres faits prisonniers après avoir été blessés par les forces de sécurité. Le même responsable a, par ailleurs, démenti l'information faisant état de la mort de 4 éléments de la garde nationale. Cependant, un bilan de cet attentat, établi hier matin, donne13 morts, dont cinq employés ou contractuels non américains du consulat, quatre assaillants et quatre membres de la Garde nationale saoudienne. Au lendemain de cet attentat, les journaux saoudiens sont revenus sur le film des événements qui ont conduit des hommes armés à pénétrer dans un bâtiment qui, comme toutes les missions diplomatiques américaines à l'étranger, surtout au Moyen-Orient, a été transformé depuis les attentats du 11 septembre en véritable camp retranché. Les témoignages recueillis par la presse saoudienne relèvent que les auteurs de l'attaque avaient soigneusement observé les procédures d'entrée au consulat. Plutôt que l'entrée principale sur la rue Palestine, très fortement protégée, les assaillants ont attaqué une entrée secondaire située sur le côté est du complexe abritant le consulat. Réservée aux voitures diplomatiques, cette entrée n'est pas aussi bien gardée. Peu avant 11h00 locales (08h00 GMT), deux voitures, apparemment blindées, portant une plaque diplomatique américaine se présentent à cette entrée et la grille s'ouvre devant elles. Au même moment, une Nissan blanche aux vitres teintées et portant sur la vitre arrière la mention «La ilaha illallah» («il n'y a qu'un seul Dieu») au-dessus d'une épée, s'arrête brusquement devant la grille grande ouverte. Plusieurs hommes lourdement armés en descendent et se précipitent vers les deux véhicules, sur lesquels ils ouvrent le feu à bout portant. Selon le quotidien Arab News, le chauffeur du second véhicule, un Pakistanais, et ses deux passagers, dont une femme, sont blessés. D'après le journal, un employé yéménite du consulat serait parvenu, au péril de sa vie, à extraire, sous les balles, la femme blessée de la voiture et à la traîner dans une pièce voisine, où il l'aurait cachée dans une armoire pour la protéger. Les assaillants, dont le nombre total n'est pas précisé, avancent en courant à l'intérieur du complexe tout en tirant sur les gardes de sécurité. Au passage, ils prennent le temps de décrocher un drapeau américain et d'y mettre le feu, avant d'incendier un bâtiment à l'aide de grenades, provoquant des explosions et d'énormes nuages de fumée noire. Pendant ce temps, les forces de sécurité saoudiennes, dont l'entrée est bloquée par la barrière, qui refuse de s'ouvrir, démolissent le mur d'enceinte pour pénétrer dans le complexe, alors que des tireurs d'élite prennent position dans le minaret d'une mosquée surplombant le consulat et dans les étages supérieurs d'un hôpital voisin. La fusillade, intense durera jusqu'au début de l'après-midi, avant que quatre assaillants soient abattus et deux autres blessés et capturés. Il semble donc que les terroristes aient très bien préparé leur opération, ce qui suppose un haut degré d'organisation.