L'Arabie saoudite qui avait défendu bec et ongles l'option du maintien du plafond de production est disposée à infléchir sa position. L'Opep se dirige-t-elle vers une réduction de sa production? On le saura le 4 décembre lors de la réunion qu'elle tiendra à Vienne en Autriche. L'Algérie tire la sonnette d'alarme. Les déclarations du Premier ministre résonnent comme un appel pour cette alternative. «Les acteurs majeurs du marché pétrolier doivent assurément parvenir à s'entendre sur des niveaux de production à même de permettre un redressement durable des prix (du pétrole)», a déclaré Abdelmalek Sellal dans son allocution prononcée au 3ème Sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) qui s'est tenu à Téhéran. La dégringolade des cours provoque «une instabilité qui ne sert ni les intérêts des producteurs ni ceux des consommateurs ni encore ceux de l'industrie pétrolière dans son ensemble», a précisé le patron de l'Exécutif qui a souligné que cette chute «s'est répercutée négativement sur les prix du gaz qui ont atteint, aujourd'hui, des niveaux très bas, et cette situation nous interpelle». Inutile de revenir sur les conséquences de cette situation sur l'économie nationale et sur celles des autres pays producteurs membres de l'organisation et hors Opep. L'Arabie saoudite, chef de file du cartel, qui avait défendu bec et ongles l'option du maintien du plafond de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole malgré la dégringolade des prix semble disposée à infléchir sa position. Le fait que Riyadh ait laissé la porte ouverte à la concertation avec les autres pays producteurs de pétrole pour tenter de stabiliser les prix n'a pas laissé le baril insensible à cette information. Depuis lundi dernier il semble vouloir reprendre des couleurs même si l'on est loin du rebond espéré. Le 23 novembre vers 18h00, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 45,44 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 78 cents par rapport à la clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour la même échéance, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, gagnait 45 cents à 42,35 dollars. Hier il restait sur cette courbe ascendante. Vers 12h 00, le baril de Brent de la mer du Nord coté à Londres, était en hausse de 48 cents par rapport à la clôture de lundi. A New York, dans les échanges électroniques, le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance prenait 34 cents à 42,09 dollars. Les déclarations de Riyadh ont été interprétées comme une volonté de révision de sa politique de production effrénée. «C'est la première fois que l'Arabie saoudite montre une volonté de travailler à une solution, alors que le royaume avait précédemment choisi d'autoriser les forces du marché à évincer les producteurs aux coûts plus élevés, ce qui visait clairement l'industrie américaine du pétrole de schiste, qui a depuis montré une réelle résistance, malgré les prix bas», soulignait Craig Erlam, analyste chez Oanda. L'intervention du Premier ministre devrait consolider ce sursaut des cours de l'or noir. Elle s'inscrit dans l'esprit de l'offensive diplomatique sans précédent, lancée par l'Algérie et initiée par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, pour sensibiliser les pays producteurs (Opep et non-Opep) à la dégringolade des prix du pétrole. La réaction de l'Arabie saoudite résonne comme un signe de ralliement à cette démarche. Le ministre saoudien du Pétrole Ali Al- Nouaïmi avait affirmé, jeudi dernier, que son pays était «prêt à coopérer avec les membres de l'Opep et les producteurs non membres du cartel pour stabiliser le marché et les prix». L'espoir de voir le baril rebondir plus vite que prévu est permis.