Le baril de pétrole qui ne cesse de jouer au yoyo met sur les nerfs dirigeants et économistes des pays producteurs L'Algérie qui risque de trinquer ne s'est pas encore prononcée sur la position qu'elle va tenir lors de la réunion du cartel qui se tiendra le 27 novembre à Vienne. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole adopte une attitude suicidaire. Sans message clair de sa part, elle contribue à la dégringolade des cours de l'or noir. Paroles d'experts. «Le marché doute que l'Opep tombe d'accord sur une réduction de sa production lors de sa prochaine réunion», indiquait hier Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. «En raison des divergences évidentes entre les pays membres de l'Opep à propos de l'ajustement des capacités de production, il est peu probable qu'un accord significatif intervienne entre l'Arabie Saoudite, qui plaide pour le statu quo, et le Venezuela et l'Algérie, qui militent pour une diminution importante de la production» estime pour sa part Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Le Royaume wahabite n'est pas le seul membre à militer pour un maintien de la production de l'organisation. Le 10 novembre, le ministre koweïtien du Pétrole avait indiqué que l'Opep ne devrait pas annoncer de réduction de sa production le 27 novembre lors de sa prochaine réunion qui doit se tenir à Vienne en Autriche. «Je ne pense pas que l'Opep va procéder à une réduction de sa production. Une telle décision sera très difficile», a déclaré le ministre Ali al-Omair, cité par l'agence officielle Kuna. L'Arabie Saoudite, chef de file du cartel, a profité de son leadership au sein du cartel pour assouvir des «instincts» bassement égoïstes. C'est sans remords apparent que Riyadh a sacrifié l'intérêt collectif pour privilégier le sien. «Plusieurs pays membres (comme l'Arabie Saoudite, chef de file du cartel) ont suivi le marché, réduisant leur prix de vente à leurs clients, signalant ainsi être plus préoccupés par leurs parts de marché que par le niveau des prix» a rapporté une dépêche de Romandie.com datée du 10 novembre 2014. Le Venezuela, un des chefs de file des faucons de l'Opep, a appelé à des «actions pour stopper la chute des cours du pétrole surtout depuis que nous sommes convaincus que cela ne résulte pas d'une modification fondamentale des conditions du marché mais qu'il y a bien une manipulation du prix pour créer des problèmes aux pays producteurs de pétrole». Des divergences affichées au grand jour comme des divisions qui confirment que l'Opep se déchire. L'Algérie qui risque de trinquer ne s'est pas encore prononcée sur la position qu'elle va tenir lors de la réunion du cartel qui se tiendra dans deux semaines exactement, dans la capitale autrichienne. Tout indique cependant que le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, rejoindra très probablement le camp des «faucons de l'Opep» (Venezuela, Iran, Equateur...) qui se battront bec et ongles pour une réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. La conjoncture le recommande. Les prix du pétrole évoluent bien en dessous des niveaux (plus de 100 dollars) dont ont besoin ces pays pour assurer leurs équilibres financiers et la paix sociale. A combien pointent-ils actuellement? Hier, en milieu de journée, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 81,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une baisse de 51 cents par rapport à la clôture de lundi. En début de matinée, il avait glissé jusqu'à 81,23 dollars, son plus bas niveau depuis le 22 octobre 2010. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude (WTI) côté à New York reculait de 40 cents pour afficher 77 dollars. Des niveaux qui permettent aux uns (Le Royaume saoudien en particulier) de tirer les ficelles et à d'autres (Algérie, Venezuela, Iran, Libye...) de voir fondre leurs recettes pétrolières comme neige au soleil. Un contexte qui annonce de «viriles empoignades» pour le 27 novembre. L'Opep risque de se donner en spectacle.