L'Expression: Quelle lecture faites-vous du message du président Bouteflika concernant l'amnistie et le dossier des disparus? Me.Fatima Benbraham: La légitimité populaire est un principe que je prône. Il fait partie des droits sacrés que sont la liberté, l'égalité et la propriété. C'est d'elles que découlent tous les autres droits. La démocratie consiste d'abord à permettre au peuple de s'exprimer librement sans entraves, ni menaces. En second lieu, un peuple qui se sent en sécurité, peut considérer qu'il vit dans un Etat de droit. Dans ce cas précis, on a l'avantage de pouvoir donner librement son opinion. Celle-ci, quand elle est majoritaire, va contrôler les actes des gouvernements. La légitimité d'un peuple, consiste donc à pouvoir vivre dans un monde où l'on aspire à l'ordre et à la paix. C'est à cela qu'aspire le citoyen à travers les vertus démocratiques. Aujourd'hui, le peuple algérien doit donner son avis. Le référendum est ce que le peuple demande ou le gouvernement propose lorsqu'une question fondamentale se pose à la société, ou lorsque le devenir d'un peuple est en question. Ceci pour les questions générales. S'agissant de cette situation particulière, la notion de droits de l'homme a certes beaucoup évolué ces dernières années. L'adhésion de l'Algérie, soit à travers des signatures, soit à travers des ratifications, quasi totales des conventions internationales relatives à la protection des droits de l'homme en est la preuve matérielle la plus sûre. Cela, bien que certaines réserves aient été formulées concernant l'application de certaines conventions dont l'application contredirait les us, coutumes et religion de notre peuple. Il n'est en en effet pas interdit d'adapter les conventions internationales aux spécificités dictées par la culture et la tradition, voire notre civilisation tout court. Partant de ce que vous dites, il est donc permis de dire que vous êtes favorable à la démarche de Bouteflika... Oui. Elle répond au principe de la vérité publique, elle-même basée sur la libre circulation des idées. Cette dernière est rehaussée par la liberté de la presse et d'expression. La démarche de Bouteflika vient mettre un terme au hiatus qui existe entre le peuple et l'Etat. Celui-ci devra devenir l'émanation volontaire du citoyen. Est-ce que votre vision est la même concernant le code de la famille alors que le président soutient les amendements prévus et que vous prônez des idées contraires? La société dans son ensemble est basée sur la famille. Tout ce qui se fait actuellement à travers le monde va dans un seul sens : la protection de l'individu, composante de base de la société, mais aussi de la famille, cellule de base de l'Etat. Ainsi, quels que soient les textes que l'on produit, ils doivent aller dans le sens du bien-être de l'individu et de la société. Aujourd'hui, il est temps de toiletter, c'est-à-dire d'amender, notre code de la famille tout en respectant ce principe qu'il ne faut pas déroger aux règles coraniques. La déclaration universelle des droits de l'homme ne doit pas nous impressionner. Il ne peuvent pas nous faire croire que les droits de l'homme sont seulement vieux de 200 ans quand nous savons que le Coran, datant de plus de 14 siècles, contient les mêmes règles que nous prônons aujourd'hui, à savoir l'égalité, la propriété et la liberté. Je demande à tous les courants civilisationnels qui veulent nous faire croire que les libertés individuelles et les droits fondamentaux sont une création récente, de revenir 14 siècles en arrière pour constater que tous ces grands principes sont contenus dans le coran. Nous constatons même, aujourd'hui, que certains pays reviennent vers ces droits fondamentaux. L'exemple français en est tout trouvé. Après avoir admis sa débâcle judiciaire, due à la dissolution des moeurs, la France revient à un traditionalisme dans la composition de la famille française, tel que spécifié il y a de cela des centaines d'années. C'est à un véritable retour aux sources que nous assistons.