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«Nous regrettons d'avoir réagi violemment»
AHMED BEN AICHA, EX-EMIR REGIONAL DE L'AIS, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 02 - 05 - 2005

Ahmed Ben Aïcha, l'émir de l'AIS pour la région ouest, s'est livré dans cet entretien à bâtons rompus à nos questions en toute franchise, en émettant toutefois des réserves s'agissant du dossier épineux des disparus. Il est revenu sur la crise politique qui a secoué le pays et qui continue d'entraver la transition tant attendue par les acteurs de la scène nationale. Favorable à l'amnistie générale, il n'en évoque pas moins les difficultés rencontrées sur le terrain concernant la reddition des groupes armés qui sévissent encore dans les maquis. Il a révélé que les contacts avec le président de la République ont eu lieu depuis 1997. C'est à partir de ce moment-là qu'avait germé l'idée de l'amnistie générale. Remarquons, et c'est ce qui ressort, en substance, de notre entrevue qui a duré plus de deux heures, dans une somptueuse et cossue demeure de l'un de ses fidèles amis à Chlef, que c'est ce langage lénifiant et conciliant qui fait désormais place au discours radical des années houleuses de l'ex- FIS.
L'Expression: Aujourd'hui il y a un nouveau contexte, et un nouveau processus a été mis en branle pour mettre fin à une décennie de terrorisme. Comment l'abordez-vous?
Ahmed Ben Aïcha:Je veux d'abord rectifier une chose, c'est le terme terrorisme employé à tout bout de champ. Comment peut-on définir ce concept alors que les puissants de ce monde sont incapables de le faire. On répète bêtement ce mot alors que parfois, c'est une question de légitime défense.
Sans tomber dans les méandres philosophiques, il est loisible de dire que le fait de terroriser un peuple et d'assassiner des gens désarmés ne peut être autrement perçu que comme étant du terrorisme.
Ne pensez-vous pas que les auteurs des crimes doivent passer devant la justice?
Il y a une réalité en Algérie qu'on ne doit pas perdre de vue. Le problème national est politique. Il est le résultat d'une grave dérive commise par le pouvoir.
Le président Bouteflika propose l'amnistie générale qui est une solution politique car la justice est handicapée devant cette crise. La justice ne peut pas la résoudre. Nous sommes pour ce projet dans le sens où il constitue une sortie de secours qui permettra de transcender le conflit et oeuvrera au retour à une situation normale.
Ce conflit dont vous parlez, qui concerne-t-il réellement?
Il concerne le pouvoir en place au moment de l'arrêt du processus électoral en passant par la période qui a suivi et qui s'est caractérisée par les affrontements de notre parti avec ce pouvoir jusqu'à leur arrêt.
Vous parlez de la trêve?
Oui, le contrat que nous avons conclu avec les chefs militaires en octobre 1997. D'autres parties à des degrés différents et variables sont également impliquées. Reste que les deux principaux acteurs sont le FIS et le pouvoir.
A qui faites-vous allusion, soyez plus explicite?
Citons à titre d'exemple ceux qui ont soutenu le pouvoir contre notre parti, le RCD et le PAGS. D'autres partis sont entrés en conflit avec le FIS contre le pouvoir, comme le FFS et le FLN et ont exprimé leur refus du processus électoral à Sant'Egidio.
Hormis ces partis, les groupes armés qui ont continué malgré la trêve à commettre des actes terroristes, seront-ils concernés par l'amnistie générale?
Je ne peux pas me prononcer sur cette question. Quand le texte y référent sera promulgué, les rétifs qui refuseront de se soumettre au consensus national ne seront pas bien vus.
Si on suit votre raisonnement, la justice ne doit pas interférer dans le règlement de la crise alors que nous savons pertinemment que les victimes du terrorisme demandent que justice soit faite. Ne sommes-nous pas là dans une impasse?
Le président détient des prérogatives qui lui permettent de mettre en place des mécanismes juridiques pour aboutir à la vérité. La justice devient à ce moment-là un moyen qui aide à éclairer les zones d'ombre sans passer forcément par les tribunaux.
Apparemment vous ne voyez pas l'utilité de recourir à la justice?
Encore une fois, je précise que c'est au président de la République qu'échoit cette responsabilité. Il est le seul habilité à trouver ces mécanismes que j'évoquais précédemment.
La commission de Ksentini qui a enquêté sur les disparitions forcées a abouti à des dépassements des services de sécurité tout en avançant que ce sont des actes isolés. Quelle a été votre réaction par rapport à ces conclusions?
Cela me désole que Ksentini dévoile le rapport de sa commission alors qu'il était tenu de le présenter au président.
Pour notre part, nous ne nous hasarderons pas à faire des commentaires, il ne s'agit pas d'incriminer des individus ou même des institutions.
La question qui s'impose est comment sortir de la crise, comment aboutir à la vérité dans son aspect politique et non juridique. Nous devons trouver les moyens d'aider le président dans son projet et barrer la route à ceux qui profitent du statu quo.
Encore une fois, vous parlez avec des ellipses?
Au contraire, nous sommes très clairs. Nous désignons les ennemis de la réconciliation. Ceux qui ont fait barrage à la légitimité populaire et qui ont amassé des fortunes colossales au nom de la lutte antiterroriste. Ici à Chlef, tout le monde les connaît. Ils sont nombreux et pas qu'ici d'ailleurs.
Il est notoire aussi que certains se sont enrichis en étant impliqués dans le terrorisme...
Les véritables parties au conflit ont tout perdu que ce soit le pouvoir ou nous. L'Etat a perdu 25 milliards de dollars et «El Djebha» a consenti plus de 100.000 hommes.
Vous ne répondez pas à ma question. Ces personnes qui sont à la tête de ces fortunes amassées durant la décennie sanglante seront-ils touchés par l'amnistie générale?
Je vous renvoie encore une fois vers le président. C'est à lui de définir l'aspect économique. Ce que nous pouvons dire, c'est que la solution doit être globale et juste et qu'elle permette la décantation.
Quelle serait à votre avis le point nodal sur lequel reposerait cette solution qui serait globale et juste?
L'amnistie générale doit résoudre définitivement la question de la légitimité.
Vous voulez dire que le FIS doit revenir sur la scène nationale?
La parole doit revenir au peuple.
Vous contestez les résultats du 8 avril 2004?
Nous ne considérons pas les élections comme totalement libres. Les élections, en période d'état d'urgence et dans des conditions d'insécurité sans que les représentants de la majorité soient présents, ne sont pas tout à fait ce qu'elles doivent être.
Cependant, nous disons que c'est mieux que rien jusqu'au jour où toutes ces contraintes seront levées.
Vous ne désespérez pas du retour du FIS sur la scène politique?
Si la légitimité populaire est sollicitée, je ne vois pas ce qui pourrait entraver son retour.
Mais le FIS a été dissous. Il n'existe plus?
Organiquement oui, mais en tant que conviction, mouvement et esprit il est toujours là quand bien même la loi a tranché pour sa dissolution en tant que formation politique et cela est contraire à la Constitution.
Au nom de la loi il y a eu des jugements injustes. Le FIS a été interdit politiquement, il n'a commis aucun délit.
Comment qualifiez-vous l'appel au djihad? Ce n'est pas un acte politique c'est plutôt un acte de guerre?
Je ne peux pas me prononcer à la place de la direction du parti. Je parle de l'aspect politique. Ce qui nous intéresse dans le projet du président c'est le retour à la légitimité populaire.
Vous revenez à chaque fois sur cette question. N'y a-t-il pas dans vos propos une dualité, voire une contradiction. D'un côté vous soutenez le président et d'un autre vous trouvez à redire concernant le verdict des urnes.
Cette position ne peut-elle pas constituer une pomme de discorde entre vous et le président?
Il n' y a pas de contradiction dans notre position. Le président est conscient de cet état de choses. Il sait que la problématique est politiquement persistante. Elle ne le concerne pas uniquement, elle concerne l'Algérie toute entière. Pensez-vous que les autres institutions élues sont légitimes?
Là, vous glissez sur un autre terrain. Vous remettez en cause tout le système?
Quand on parle de la légitimité établie grâce à des élections libres et honnêtes, nous pouvons dire à ce moment-là que les institutions sont représentatives, nous ne parlons pas d'individus. Nous avons voté pour Bouteflika pour, justement, qu'il règle le problème et ouvre le champ à toutes les tendances politiques. Il sait que la mouvance qui représente le FIS a été privée de son droit. Je ne citerais que les cas de nos éléments qui se sont portés candidats sur les listes d'En Nahada et de Wafa et qui en ont été écartés.
Vous insistez sur votre retour sur la scène politique en dépit du fait que votre parti est décrété illégal?
L'amnistie générale changera la donne. Elle va dissoudre tous les obstacles, elle permettra surtout l'instauration de la liberté. Nous croyons au changement et à l'évolution. Il n'est pas dit que notre parti reviendra avec le même sigle mais la mouvance, elle, sûrement.
Le FIS est connu pour avoir opté pour l'affrontement. Ce qui est un tort à comptabiliser contre vous. N'avez- vous pas de regrets après tant d'années de désolation?
C'est une étiquette qu'on nous a collée. Nous n'avons fait que réagir à une injustice. Regardez ce qui s'est passé en Ukraine ou en Russie, quand les partis majoritaires ont été privés de leurs droits. Ils se sont soulevés et c'est le monde entier qui les a soutenus. Nous aurions trouvé de l'aide si notre projet était occidental.
Notre réaction a été effectivement brutale, mais c'est parce que nous avons été brimés. Tout parti qu'on aurait spolié de ses droits aurait réagi de la même manière.
Mais que faites- vous de la loi. Si tout le monde recourt à la force avant de faire appel à la justice, c'est la débandade et c'est ce qui s'est passé en Algérie. Le pouvoir serait-il plus important que la vie humaine?
Nous ne devons pas être condamnés pour notre réaction. Cependant, nous regrettons d'avoir réagi aussi violemment et d'avoir répondu à la provocation car elle a profité à nos détracteurs. Nous avons tiré les leçons de nos erreurs.
Comment voyez-vous l'amnistie générale dont on ne connaît pas grand chose puisqu'il n'existe au exte qui l'explique?
C'est un pas à franchir et une phase incontournable. Elle permet de résoudre la crise politique.
En Afrique du Sud, a été décrétée l'amnistie générale. Des tribunaux populaires ont été mis en place dans lesquels les bourreaux confrontaient leurs victimes. En fait, ils leur demandaient pardon et c'est une réparation morale avant tout. Le président d'honneur de la Cnag, Ahmed Ben Bella, a invité le chef de l'Etat sud-africain pour faire part de l'expérience de son pays dans son domaine. Etes-vous pour que l'Algérie s'inspire de cette expérience?
L'expérience dont vous parlez a permis à l'Afrique du Sud de sortir forte de l'épreuve qu'elle a traversée, seulement nous demandons au président d'innover. Sur le plan de la sémantique, je préfère parler des victimes de la tragédie pour reprendre la terminologie chère au président de la République. Pour votre information, nous avons rencontré Rabha Tounsi qui est présidente de l'association de ces victimes à Mostaganem. Là-bas nous avons rencontré également le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem. Nos discussions ont porté sur les moyens de concrétiser le projet du président. Cela dit, si le pardon contribue à la résolution de la crise, nous sommes prêts à demander pardon. Le pardon est une «makrama», il fait partie de nos valeurs islamiques, seulement nous ne pouvons pas accéder à des demandes irréalisables.
Comme quoi?
A «rendre» les disparus par exemple. C'est une chose impossible.
Avez-vous été contactés par le président?
Nous sommes en contact avec le président depuis 1997 avant même qu'il ne soit élu pour son premier mandat. Nous n'avons jamais rompu le contact. A l'époque déjà, nous parlions avec lui de réconciliation nationale et d'amnistie générale.
Etes-vous en contact avec les groupes armés qui activent toujours dans les maquis?
Oui, nous sommes en contact permanent.
Pourquoi refusent-ils de déposer les armes?
A cause du retard dans la concrétisation des accords avec l'AIS. Comme l'a dit notre émir national, 5% seulement de ces accords ont été réalisés. Si les promesses du pouvoir étaient tenues, on aurait évité beaucoup de larmes et de sang.
Pourquoi s'obstinent-ils à faire la guerre? N'est-ce pas une forme de pression ? Que cherchent-ils exactement?
Ils veulent des garanties matérielles.
Combien sont-ils et à quelles phalanges appartiennent-ils?
Je ne peux vous dire leur nombre exact. Ce sont des groupes issus des GIA et d'El Ahoual.
Le président va entamer sa campagne pour l'amnistie générale à partir de Chlef. Il va inspecter plusieurs projets qu'il a lui-même lancés. Allez-vous l'accompagner dans son périple?
Nous sommes avec le président et répondrons prêts s'il venait à nous solliciter. Nous sommes depuis longtemps en campagne pour l'amnistie générale. Nous voulons que ce projet aboutisse et que l'on puisse résoudre la crise politique définitivement.


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