Formé de théologiens et de docteurs émérites, le Haut Conseil islamique est à la fois, un observateur avisé de la société et une institution qui intervient au bon moment pour donner les éclairages idoines. Ses avis ne sont pas basés sur des bagarres idéologiques ou politiques, et ne sont pas inspirés par des considérations partisanes. Ses membres, qui sont tous des érudits en matière coranique, se réfèrent toujours aux textes sacrés et aux hadiths du prophète (QSSL) pour motiver leur avis ou leur fetwa. Et ce qu'on peut remarquer, c'est que ces avis éclairés et motivés ne versent pas dans les débats idéologiques byzantins, mais, au contraire, tiennent compte de l'évolution de la société. C'est l'esprit même de l'ijtihad, défendu par le prophète Mohamed et par les grands fekihs de l'islam. Le débat à coeur ouvert que nous avons eu avec le président du Haut Conseil islamique nous a convaincus de la justesse de ce point de vue. Sur des questions d'actualité qui font débat et qui sont exploitées par certains pour allumer les feux de la fitna, le HCI prend du recul et de la hauteur pour rendre des avis mesurés et pondérés. Aussi bien sur la question de l'évangélisation de la Kabylie, qui a défrayé la chronique, que sur celle de la révision du code de la famille, M.Bouamrane a montré que l'obscurantisme ne vient pas de l'islam et du texte sacré qui le fonde. En replaçant la première question dans le cadre du dialogue des religions et des cultures, et la deuxième dans l'évolution normale de la société: «Les droits de la mère et des enfants, on ne transige pas là-dessus» , il coupe l'herbe sous le pied de ceux qui voudraient en faire une exploitation partisane ou électoraliste, et en ce sens, le Haut Conseil islamique apparaît bien comme une institution de la République qui joue un rôle de régulateur éclairé et autorisé au sein de la société. Par les revues qu'il édite, les colloques et les cycles de formation qu'il organise à l'intention des imams, le HCI apporte sa pierre à l'édification d'une société musulmane équilibrée et harmonieuse. Bien sûr, cette érudition théologique s'accompagne d'une connaissance parfaite de l'histoire de l'islam mais aussi des deux autres religions monothéistes, de leurs divergences et de leurs traits communs. Autant d'érudition est mise au service de la société et de l'Etat, sans pour autant se substituer au ministère des Affaires religieuses, en considérant que ses missions sont avant tout pédagogiques et consultatives. Et M. Bouamrane de citer l'imam Ali, gendre du prophète, qui avait déclaré : «Adressez-vous aux gens dans la langue qu'ils comprennent», pour nous informer que les revues éditées par le Haut Conseil islamique sont faites en arabe bien sûr, mais aussi en français, en anglais, et bientôt en espagnol et en allemand. Le but visé par le Haut Conseil islamique est bien celui de l'éveil des esprits.