La mise au point du président de la République intervient après une féroce campagne orchestrée par le MSP. La plus haute instance du pouvoir exécutif, le conseil des ministres, a tranché en faveur de la suppression de la filière sciences islamiques dans l'enseignement secondaire. Le chef de l'Etat a donc clairement signifié la volonté de l'Etat de soustraire, une bonne fois pour toutes, l'école algérienne de toute chapelle idéologique, en déplorant «les calculs politiciens qui ont vu le jour autour de la suppression de la filière des sciences islamiques dans l'enseignement secondaire». Le Conseil des ministres où siégeaient justement les têtes de file du mouvement de protestation contre la décision du ministère de l'Education, a réaffirmé la détermination de la République de ne plus négocier l'avenir des nouvelles générations. En effet, la suppression de la charia en tant que spécialisation obéit à une démarche non pas idéologique, mais relève du bon sens. La Commission nationale de réforme du système éducatif a préconisé cette disposition pour une multitude d'autres spécialisations, jugées par les experts comme étant précoces. Les islamistes, sans doute, affolés de voir l'école algérienne échapper à leur emprise idéologique, ont crié à la trahison. Leur réaction, tout au long des dernières semaines, a permis à l'opinion publique de constater que l'essentiel, pour eux, n'est pas tant d'aboutir à l'efficacité de l'enseignement de manière générale, mais de s'assurer d'un enseignement intensif, qu'ils voudraient même exclusif, de la charia, telle qu'ils la conçoivent. La mise au point du président de la République intervient après une féroce campagne orchestrée par le MSP et qui a vu défiler toutes les composantes de la société islamiste en Algérie. Ainsi des partis politiques aux étudiants, en passant par certains imams qui ont usé du minbar pour tomber à bras raccourcis sur la réforme de l'école, tout ce beau monde a tenté d'actionner un maximum de leviers pour freiner la dynamique réformatrice de l'institution éducative nationale. L'objectif non avoué de cet acharnement est de décrocher une victoire psychologique en faisant reculer l'Etat sur l'un des principaux aspects de la réforme de l'école. Une manière comme une autre de démontrer à l'opinion un poids politique supposé très important, à même d'influer sur la démarche présidentielle. La suffisance dont ont fait montre certains dirigeants islamistes, lors de leur campagne contre la suppression de la filière sciences islamiques de l'enseignement secondaire, trahissait une trop grande assurance quant à l'issue du bras de fer qu'ils ont engagé avec Boubekeur Benbouzid. Une assurance, sans doute, acquise à l'occasion de leur autre campagne sur le code de la famille où, après une âpre polémique sur le sujet du tutorat, le président de la République a coupé la poire en deux, en leur accordant le principe, tout en donnant à la femme la liberté de choisir elle-même son tuteur. Le résultat de l'arbitrage du chef de l'Etat, d'ailleurs réclamé par les islamistes au pouvoir, a été diversement apprécié. Alors que certains observateurs avaient lu la décision présidentielle comme une concession faite aux islamistes, d'autres y ont vu une volonté de se conformer à la tradition séculaire de la société, tout en laissant à la femme la liberté de se faire parrainer par la personne de son choix, ce qui constitue, en soi, une notable évolution de la législation en la matière. Les islamistes, pour leur part, n'ont pas tarder à crier victoire et afficher une sorte d'arrogance en direction des milieux modernistes, faisant ainsi croire que l'Algérie est bien prise en main par le courant islamo-conservateur. Et c'est sur cette «victoire» qui n'en n'est pas une, que les intégristes se sont basés dans l'espoir d'obtenir le recul de la République. Mais force est de constater qu'ils ont lamentablement échoué.