Pour le ministère allemand des Affaires étrangères, c'est au gouvernement d'Assad d'engager en premier lieu le combat contre l'EI, au lieu de concentrer ses forces contre celles de l'opposition. La ministre allemande de la Défense s'est montrée ouverte à la participation de troupes syriennes à la lutte internationale contre l'organisation Etat islamique (EI), rejoignant ainsi la position française tout en réaffirmant que le président syrien Bachar al-Assad devait quitter le pouvoir. «Il y a des parties des troupes en Syrie que l'on peut tout à fait prendre, comme dans le cas de l'Irak où a eu lieu avec succès la formation de troupes locales», a affirmé la ministre conservatrice, Ursula von der Leyen, dimanche soir sur la chaîne de télévision publique ZDF. Elle a toutefois insisté sur le fait qu'il n'y aura «pas d'avenir avec Assad, cela est clair». La porte-parole du gouvernement, Christiane Wirtz a également réaffirmé hier qu'il n'y aurait «pas de coopération avec Assad et pas de coopération avec des troupes sous Assad». «C'est la position du gouvernement allemand», a-t-elle insisté. Pour le ministère des Affaires étrangères, c'est au gouvernement d'Assad d'engager en premier lieu le combat contre EI, au lieu de concentrer ses forces contre celles de l'opposition dite modérée, et ainsi signifier son attachement à un accord en novembre à Vienne sur la mise en place d'un gouvernement de transition en Syrie. «Si le gouvernement d'Assad est prêt à sérieusement mener des discussions avec l'opposition syrienne sur la formation d'un gouvernement de transition, il pourrait le prouver en faisant en sorte que l'armée syrienne sous le commandement du président se mette à combattre ceux qui, et c'est notre conviction totale, représentent le plus grand danger», a relevé le porte-parole du ministère Martin Schäfer. La France, qui a désormais pour priorité en Syrie la lutte contre l'EI, avait pour la première fois envisagé vendredi d'associer les forces du régime syrien, tout en soulignant qu'une telle coopération ne pouvait s'inscrire que dans le cadre d'une transition politique. Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a précisé hier qu'une collaboration avec l'armée syrienne n'était envisageable que si Assad n'était plus aux commandes. Après les attentats de Paris du 13 novembre revendiqués par l'organisation jihadiste, l'Allemagne, jusqu'ici réticente à intervenir en Syrie, a assuré la France de tout son soutien. Elle a annoncé qu'elle allait notamment déployer une frégate et fournir des avions de reconnaissance et de ravitaillement dans le cadre des bombardements effectués sur des cibles jihadistes en Syrie. Au total, quelque 1.200 soldats allemands devraient être mobilisés, ce qui en fera la mission la plus importante en cours à l'étranger. Jusqu'ici Berlin s'était contenté d'envoyer une centaine de militaires de la Bundeswehr former et équiper des combattants kurdes peshmergas en lutte contre l'EI. Le conseil des ministres doit adopter aujourd'hui les grandes lignes de cette intervention qui devra ensuite encore être soumise au feu vert des députés. Berlin a promis d'agir vite.