Que dire d'un film dont les fautes techniques sautent aux yeux et que n'importe quel amateur et simple spectateur peut remarquer? «On se plaint souvent qu'il n'y ait chez nous que de grandes manifestations pour la culture. Si ces dernières nous permettent de faire des films, alors pourquoi pas!», martèlera le réalisateur sur les planches de la salle Ibn Zeydoun avant la projection de son film, initié par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel et ce, en parallèle à l'organisation des Journées internationales du film féminin... Que dire de son film? En voici déjà le synopsis: exploitant d'une échoppe de lait, Saci, un ancien combattant, qui a perdu sa jambe à la bataille de Monté-Cassino en 1945, va à la recherche de son fils Younès arbitrairement arrêté par le policier Ortiz. La disparition de Younès arrangerait les convoitises de Frifta qui prétend à la main de Gamra, la fille de Touhami. L'inspecteur Wolf, étrange personnage, qui s'habille comme un cow-boy, conduit une enquête avec la collaboration de Frifta sur l'arme que détiendrait Saci. L'attentat contre Ortiz devant le commissariat suscite le branle-bas de combat au sein des autorités. L'adjoint au maire Jacopetti invective la police pour avoir baissé les bras. Le commissaire Giudicelli enquête sur la mort de Noguès l'un de ses adjoints abattu par «Bob» (Boubaker) qui jouissait de la protection du commissaire. Mais ce dernier est dessaisi de l'enquête au moment où sa fille Florence lui apprend qu'elle est enceinte de Bob. Ramdane père de Kenzi homme pondéré qui ne fait pas secret de ses convictions nationalistes, refuse toute implication avec le maire Fabiani, qui devient à son tour la cible du capitaine Léonard avec la complicité de l'inspecteur Wolf. Les deux hommes en vieilles connaissances depuis la Seconde Guerre, finissent par s'entendre pour passer à l'action avec les partisans les plus durs de l'Algérie française... Une histoire qui semble somme toute cohérente et pourtant lorsqu'on regarde la forme, tout part en vrille! Se déroulant pendant la période de la colonisation algérienne, ce long métrage bégaie dès les premières secondes, à juste quelques minutes du commencement et on se demandait ce qui se passait au niveau du montage. Une musique parachutée vient accompagner chaque image laquelle est coupée en plein vol, pour céder la place à un continum ou succession de séquences comme dans un bal d'une pièce de théâtre entrecoupée de plusieurs actes. Le montage du film se poursuivra ainsi avec des hauts et des bas non pas grâce aux rebondissements des évènements mais plutôt en raison d'un bâclage édifiant et criard au niveau technique. Ce volet est la bête noire du film car marqué par de nombreux défauts y compris au niveau du mixage du son laissant apparaître deux niveaux disparates qui choquent l'oreille du simple spectateur. Les intrus est en fait un semblant de série z avec un jeu de comédiens des plus médiocres qui rappelle les mimiques des feuilletons télés. Ce long métrage qu'on a voulu nous faire gober comme un film historique est en fait un ramassis de brouillon qui demande à être revu et corrigé au plus vite. Car la copie est loin d'être recevable! Tourné comme un téléfilm, les acteurs habillés flambant neuf jurent avec leur langage prononcé en arabe semi-classique digne d'une pièce de théâtre algérienne encore une fois qui rappelle la sombre et ennuyeuse langue de bois du politiquement correct. Tout est lisse, propret, même les scènes de combat ou de bombardements rafistolés à coups de feu et de jambe coupée qui laisse à désirer. Une scène qui soulèvera un haut le coeur du public sans pour autant créer un choc d'émotion pour la suite du film, qui s'est voulu tantôt insipide, tantôt alarmant par tant de balivernes et de mauvaises interprétations des comédiens. Le réalisateur évoque d'ailleurs plusieurs thématiques dans son film sans approfondir le sujet. Il veut d'un côté, plaider pour l'entente et la cohabitation entre juifs et musulmans et évoque de l'autre, la nécessité d'ôter le voile à la femme sans préciser la démarche et la raison. Les intentions du réalisateur ne sont pas très claires. Il y a certes l'idée d'une nécessité de libérer l'Algérie du joug colonial et puis l'image du vilain Français qui ne fait que fomenter de mauvais plans pour arrêter le bougre algérien dont le profil se résume au fellagha. Mais il y a aussi l'idée non simple de l'amour entre les deux communautés qui se solde par un enfant qui, en grandissant, se tourne vers le père en raison de l'appel du sang plus fort. Mi-Français, mi-Algérien, cet homme (Boubekeur) fréquente lui aussi une Française et lui fait un enfant...Trop charmant tout ça. Le film parvient à capter l'attention cependant quand c'est de l'humain qu'il s'agira, mais hélas retombe et fléchit eu égard au rythme approximatif de la narration, quant aux dialogues, ils perdent de leur force et l'interprétation de son authenticité. Le verbe, lui, devient asséché de sa sève de vie comme habité par un scénario trop visible à l'écran... Tout sonne faux dans ce film qui se mord la queue comme le dernier des écoliers qui devrait réviser ses exercices mille fois avant de répondre positivement à l'examen. Car pour l'instant, le réalisateur a échoué lamentablement à son passage d'examen dans le monde du cinéma... Tout compte fait, oui il y a trop d'argent gaspillé dans de telles manifestations et non! Ce genre de films ne doit pas être le prétexte pour chaque événement pour justifier ces dépenses, hélas gâchées pour rien.