Aux grands défis, les grandes œuvres. Conscient de la lourde tâche qu'il s'est assignée pour réaliser son quatrième long métrage, l'inépuisable réalisateur, Mohamed Hazourli, comme il fallait bien s'y attendre, n'a pas dérogé à son obsession de faire toujours de bons films. Et c'est depuis la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth (Oref) qu'il a donné, lundi dernier au soir, en avant-première, le la à son nouveau-né, « Les Intrus », en présence du beau monde du cinéma national. Produit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), sous l'égide du ministère de la Culture, ce nouveau film a la chance de coïncider avec une actualité on ne peut mieux propice, clôturant les Journées internationales du film féminin et se plaçant à la veille du grand Festival du cinéma méditerranéen que la ville d'Annaba s'apprête à abriter à partir de demain. De retour sur le grand écran après avoir porté très haut le feuilleton algérien, le réalisateur du mythique « Aâssab oua Awtar » a choisi un thème classique : la guerre de Libération nationale qu'il a traité de façon alors pas du tout classique. « Exploitant d'une échoppe de lait, Saci, un ancien combattant qui a perdu sa jambe dans la bataille de Monté-Casino en 1945, va à la recherche de son fils Younès, arbitrairement arrêté par le policier Ortiz. La disparition de Younès arrangerait les convoitises de Frifta qui veut épouser Gamra, la fille de Touhami. L'inspecteur Wolf, étrange personnage, qui s'habille comme un cow-boy, conduit l'enquête avec la collaboration de Frifta sur l'arme que détiendrait Saci. L'attentat contre Ortiz devant le commissariat suscite le branle-bas de combat au sein des autorités. L'adjoint au maire Jacopetti invective la police pour avoir baissé les bras. Le commissaire Giudicelli enquête sur la mort de Noguès, l'un de ses adjoints abattu par « Bob » (Boubaker), qui jouissait de la protection du commissaire. Mais ce dernier est dessaisi de l'enquête au moment où sa fille Florence lui apprend qu'elle est enceinte de Bob. Ramdane, père de Kenzi, homme pondéré qui ne fait pas secret de ses convictions nationalistes, refuse toute implication avec le maire Fabiani, qui devient à son tour la cible du capitaine Léonard avec la complicité de l'inspecteur Wolf. Les deux hommes, en vieilles connaissances depuis la Seconde Guerre mondiale, finissent par s'entendre pour passer à l'action avec les partisans les plus durs de l'Algérie française.... », résume le synopsis de ce film de deux heures vingt minutes et dont le scénario a été confié à un éminent journaliste de la presse nationale, Djamel Eddine Merdaci. Rompant avec les films de guerre traditionnelle, le réalisateur s'explique : « La Révolution, c'était aussi par l'image et le cinéma, entamée par les pionniers du genre en Algérie, tels que René Vautier et Djamel Chanderli. C'était aussi une révolution par la musique avec l'ancienne troupe du FLN ou via le sport avec l'équipe de Rachid Makhloufi... Bref, la révolution est une mélodie. » Innovant par le procédé thématique, ce film a notamment le mérite d'une esthétique réussie de bout en bout grâce à un vieux de la veille de la direction des photos, Ahmed Zine Bessa, qui a brillé par des techniques inédites dans les plans des caméras et dans la lumière. L'autre surprise du chef : les décors qui ont étonné plus d'un malgré un budget « chétif » de 120 millions DA. Il faut dire que l'implication sans faille et le savoir-faire du producteur exécutif, Antares Audiovisuelle, ont été pour beaucoup dans la réussite du film dont le tournage a été totalement réalisé en terre algérienne. Comme l'a été d'ailleurs l'armada de jeunes comédiens qui sont loin d'être des célébrités. Fier de son nouvel opus 100% algérien, Hazourli n'a pas tari d'éloges un secteur truffé de talents, de savoir-faire et surtout d'une illustre histoire. Il appelle, à cette occasion, à accroître le nombre de productions à une moyenne de 20 à 30 films chaque année pour pouvoir redorer le blason du cinéma algérien.