Scène du film 33 jours La compétition dans les catégories court métrage et fiction, étrennée dimanche dernier, n'a fait montre d'aucun film qui vaille vraiment le déplacement... 16 décembre à Oran. Les choses sérieuses commencent. Et de quelle manière! Hélas, marquée par une défection de taille et sans aucune communication autour. L'on apprendra du bouche à oreille, entre collègues de la presse que le fameux film syrien Miryam que tout le monde attendait, car en avant-première, ne sera pas projeté. Motif invoqué: la copie n'est pas arrivée, encore moins le réalisateur. Quelle est la raison de cette absence? Aussi, l'Algérie célèbre cette année le Cinquan-tenaire de l'Indépendance. C'est un fait. Le cinéma n'y échappe pas. Et toutes les causes anticoloniales semblent être les bienvenues dans tout festival ou autre manifestion culturelle, à telle enseigne, pensons-nous, que la thématique du film «engagé» a migré du Festival du film d'Alger vers Oran, eu égard aux deux films, projetés notamment dimanche dernier dans le cadre du Festival d'Oran du film arabe. L'un, un court métrage docu et l'autre un long métrage fiction. Le premier réalisé par Jeehad Sahrkaoui est plutôt un documentaire, projeté en matinée à la cinémathèque. The bitter dates s'apparente toutefois à un genre de reportage télé où s'entremêlent images et vidéos, entre témoignages larmoyants d'une grand-mère à qui on a volé ses terres et qui n'a pas encore revu ses enfants et une succession de photos, tantôt d'archives sur l'histoire de Yafa et de Ghaza à nos jours, entrecoupées d'images louant la culture palestinienne entre cuisine, tenues vestimentaires (robe) et bijoux. La matière de trop. Dommage de se perdre ainsi dans le superflu en voulant justifier coûte coûte, l'importance de la cause palestinienne en appuyant sur la richesse culturelle et mémorielle de la ̈Palestine. Le résultat est cet assemblage effarant d'idées et d'images désarticulées faisant éclater le propos de l'auteur du film en une multitude de «déflagrations» audiovisuelles. Le cinéma en prend un sérieux coup. Si le fil conducteur de ce récit reste ce livre que tient entre les mains cette vieille dame narrant le temps colonial de la Palestine jusqu'au protectorat anglais puis les attaques d'Israël, le montage filmique, lui, se noie dans un verre d'eau, tiraillé entre différentes représentations iconographiques qui feraient perdre le fil à plus d'un spectateur. Et pourtant, le réalisateur tenait là un bon sujet... On se dit que le prochain film sera donc meilleur. Première minute de projection et l'on est surpris par une anomalie inattendue et assez incongrue, mais unique dans les annales. Un drôle de quiproquo va surgir. Le projectionniste en maniant sans aucun doute deux machines, enverra la piste audio du film palestinien sur les images du second film, celui-ci marocain traite, par ailleurs, de la tyrannie qu'exerce un père sur son enfant, gaucher. Un film qui dénonce certes la maltraitance enfantine, mais sans grande conviction tant la surenchère est au rendez-vous là encore. Place cette fois au long métrage fiction. Dans l'après-midi, la salle Maghreb abritera pour sa part le film libanais 33 jours de l'Iranien Jamal Shourjeh. L'on comprend mieux pourquoi le sous-titrage en lettre arabe s'était incompréhensible, car tout simplement dans une autre langue. Bizarre, a fortiori, quand certains comédiens parlaient en hébreu. Les organisateurs croient-ils vraiment qu'on maîtrise la langue hébraïque? Tout d'abord 33 jours n'est pas à confondre avec un autre film du même nom réalisé cette fois par la fameuse Maï Masri. Celui projeté à Oran avant-hier est dit-on le premier longmétrage consacré à la deuxième guerre du Liban en 2006. Si on ne croit pas trop au jeu des comédiens, les effets spéciaux, eux, sont dignes d'une grande production jamais réalisée au pays du Cèdre. Elle retrace la bataille d'Ayta ash-Shab qui avait opposé l'armée israélienne à des combattants du Hezbollah. Le 12 juillet 2006, c'est cette embuscade qui avait déclenché une guerre avec l'Etat hébreu. En tentant de retrouver deux de leurs camarades kidnappés à la frontière, huit soldats israéliens avaient été tués par l'organisation chiite. C'est dans ce contexte de guerre, fait de feu et de sang, que le réalisateur va faire évoluer ses personnages dont, notamment un couple composé d'un résistant dont la femme enceinte et blessée se retrouve cachée dans un grotte en attendant la délivrance. Elle est soutenue par son amie Nesrine qui veille sur elle, tandis que dehors grogne le son des bombes et des chars dans tous les coins... A côté, le chef militaire israélien est représenté sous les traits d'un sanguinaire, alors que sa collègue militaire semble un peu en retrait. Rangée dans son coin, elle médite sur le destin de tous ces gens, sur la haine de son armée et sans doute sur la justice de tels actes. Un film grandiloquent certes, mais avec peu de densité psychologique bien que l'émotion soit au rendez-vous. Si la conférence de presse tenue vendredi matin par les organisateurs a fait dire à l'un d'entre eux que le critère de sélection des films est dicté avant tout par «la qualité esthétique qui fait un bon film», force est de constater jusqu'à présent, que c'est plutôt le sujet et non pas le contraire...Mais Le Festival vient tout juste de commencer. Wait and see donc...