Le phénomène dit «terrorisme islamiste» est devenu le fléau d'un début de troisième millénaire calamiteux. Le qualificatif a été vite donné au nouveau barbarisme taxé, à tort, de «terrorisme islamiste». L'adjectif «islamiste» est superfétatoire et ne renferme qu'une parcelle de vérité qui n'est pas la vérité. En effet, si ces tueurs se réclament de «l'islam», ils le font par défaut et en rapport tant avec les besoins de leur mentor et sponsor pour l'un que des objectifs stratégiques et géopolitiques pour l'autre. Ainsi, l'objectif de l'Arabie saoudite a été, est, l'exportation de sa vision fondamentaliste de l'islam, le wahhabisme qui essaime partout dans le monde et particulièrement dans les pays arabes et en Afrique. Pour leur part, les Etats-Unis veulent assurer leur hégémonie sur le monde et plus particulièrement sur les pays renfermant de grandes réserves énergétiques. Leurs responsabilités dans le «jihadisme» islamiste est grande. Riyadh a apporté l'argent et le prosélytisme, et Washington a mis sur la table sa logistique, sa technologie et son savoir-faire militaire pour créer cet étrange mercenariat qui agit sous étiquette «jihadiste». Plus de 30 000 «jihadistes» de 80 nationalités (selon les chiffres mêmes du Pentagone) participent à la guerre dite «civile» imposée depuis quatre ans et demi à la Syrie. Peut-on comprendre ce phénomène «jihadiste» si l'on ne revient pas à la source de sa genèse? Il est ainsi admis que les premiers groupes jihadistes apparurent en Afghanistan dans les années 1980 pour combattre l'armée rouge soviétique. Des dizaines de milliers d'Arabes [Ils étaient au nombre de 35 000, selon des chiffres avancés à l'époque à avoir été enrôlés] ont été recrutés par l'Arabie saoudite et acheminés au Pakistan où ils ont été formés par des agents de la CIA et de l'ISI (services secrets pakistanais). Les premiers étrangers à avoir eu entre les mains le fameux lance-missile US FIM-92 Stinger [en dehors des soldats états-uniens] ont été ces «volontaires» arabes - connus plus tard sous le nom d'«Afghans» qui ont sévi dans certaines contrées arabes et en particulier en Algérie dans les années 1990 où ils ont semé la terreur occasionnant la mort de 200 000 Algériennes et Algériens. Le chef de ces «Afghans» n'était autre que l'agent patenté de la CIA: Oussama Ben Laden, promu plus tard dirigeant de la nébuleuse dite «islamiste» Al Qaîda. Ce que reconnaissait le sulfureux conseiller du président Jimmy Carter, Zbigniew Brzezinski, qui avouait en 1998 au magazine le Nouvel Observateur avoir financé et utilisé Ben Laden pour abattre un régime progressiste (afghan, Ndlr) qui avait accompli une réforme agraire et émancipé les femmes. Il assure: c'est bien la CIA qui a piégé l'Urss pour l'attirer en Afghanistan. «Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes...» Ces précisions pour lever les amalgames et que ce sont bien les Etats-Unis qui sont derrière les bouleversements qu'a connus le Moyen-Orient ces dernières décennies. Aussi, les Etats-Unis, par Arabie saoudite interposée, ont eu un long compagnonnage avec l'intégrisme saoudien. Ce que confirme l'ancien secrétaire d'Etat américain, sous George Bush père, James Baker III, qui admet sans ambages que l'Arabie saoudite est bien «un Etat intégriste» indiquant «il n'y a pas de pays musulman plus intégriste que l'Arabie saoudite (...) et pourtant c'est à la fois un ami et un pays important pour les Etats-Unis. Nous ne devons nous opposer à l'intégrisme que dans la mesure exacte où nos intérêts nationaux l'exigent», fin de citation. Il fallait le dire. Chassés d'Afghanistan par l'occupation de ce pays par les Etats-Unis, de nombreux «Afghans» se sont recyclés dans le terrorisme sous la bannière de l'islamisme intégriste. En réalité, tant qu'ils tuaient ailleurs, l'Occident n'a jamais cru à la nature barbare de ces hommes se réclamant d'une idéologie loin de représenter l'islam tel que nous le connaissons. Le monde entier avait pris à la légère la nuisance et les menaces de ce terrorisme singulier, jusqu'à la catastrophe de New York. Ayant ainsi mesuré la nocivité des nouveaux zombies, plutôt que d'agir dans un cadre concerté et sous l'égide de l'ONU, les Etats-Unis ont décidé de faire cavalier seul, déterminant des priorités, dont seul Washington en connaît les tenants et aboutissants et qui ne sont pas nécessairement ceux de la communauté internationale. L'instrumentali-sation du terrorisme est évident si l'on excipe du fait que beaucoup d'analystes ont été surpris de la manière avec laquelle les Etats-Unis combattaient «Daesh» en Irak et en Syrie. C'est encore plus révélateur depuis l'intervention de la Russie en Syrie [à la demande du gouvernement syrien, c'est important de le souligner] qui, en deux mois, a accompli ce que la coalition de 50 pays n'ont pu réaliser en quatorze mois. Ce qui fait réfléchir. Il y a anguille sous roche! Que nous cache-t-on?