La violence a repris dans les territoires palestiniens occupés après une accalmie qui a duré moins de deux mois. Mahmoud Abbas, principal candidat à la succession de Yasser Arafat, voit se dégager la route à la présidence de l'Autorité palestinienne après le retrait de son plus dangereux concurrent, Marwan Barghouthi, le populaire chef du Fatah de Cisjordanie, au moment où sur le terrain, la situation dans les territoires palestiniens occupés s'est soudain dégradée après les raids israéliens sur la ville de Gaza et l'assassinat par l'armée israélienne d'un chef du Hamas. De son côté, la résistance palestinienne a mené deux opérations revendiquées par une branche du Fatah, les «Faucons» du Fatah et par les brigades Ezzedine Al-Qassam du Hamas, opérations qui ont occasionné la mort de cinq soldats israéliens et de deux Palestiniens. Le calme armé, qui s'est établi avant la maladie du président palestinien et qui a persisté après sa mort, a volé en éclat dans la nuit de dimanche après le raid d'hélicoptères israéliens contre deux bâtiments à Gaza, soupçonnés d'abriter des ateliers de production d'armes. Cette action de l'armée israélienne d'occupation a été prise comme une rupture de la trêve qui aura tenu moins de deux mois. Hier, les observateurs se demandaient plutôt quelles répercussions aura cette reprise des hostilités sur la prochaine élection présidentielle palestinienne d'une part, sur l'application du plan de retrait unilatéral de Gaza d'autre part. L'attaque de la résistance palestinienne à Rafah a visé un poste militaire israélien causant la mort de cinq soldats israéliens et de deux assaillants palestiniens. Après cette attaque, l'armée israélienne a procédé outre à une énième fermeture du point de passage de Rafah, à des représailles contre la population palestinienne tuant également un chef de la branche armée - les brigades Ezzedine Al-Qassam - du Hamas à Naplouse. La nouvelle dégradation de la situation dans les territoires palestiniens fait douter d'une éventuelle coordination du retrait israélien de Gaza, -programmé à partir du mois de mars prochain-, avec les responsables de l'Autorité palestinienne. Ce retrait, s'il se concrétise sur le terrain, voulu et imposé par le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, ne se fait pas néanmoins dans le cadre de la «Feuille de route» - plan de paix international supervisé par le quartette (ONU, UE, Russie et USA) - et risque de fermer les options encore existantes pour arriver à un règlement équitable du conflit israélo-palestinien. A défaut de pouvoir imposer un règlement négocié et équilibré au profit des deux communautés palestinienne et juive, la communauté internationale impuissante à faire observer par Israël, puissance occupante, le droit international et ses devoirs envers la population palestinienne, se contente de prendre acte de l'éventuel retrait israélien de Gaza. C'est sur ce fond de reprise de la violence dans les territoires palestiniens occupés, que le chef de l'OLP, Mahmoud Abbas, a entamé une vaste tournée des pays voisins de la Palestine, tant pour renforcer les liens avec les uns que pour renouer les relations et cicatriser des plaies avec les autres. C'est notamment le cas du Koweït, où s'est déplacé dimanche le candidat à la succession d'Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. M.Abbas a ainsi rétabli les contacts avec l'Emirat, contacts coupés depuis l'invasion de ce pays, en août 1990, par l'armée irakienne. Sûr de son élection à la présidence de l'Autorité palestinienne, après le retrait de son plus dangereux concurrent, le charismatique Marwan Barghouthi, Abou Mazen a vu ainsi la route de la présidence se dégager devant lui, lui donnant aussi l'occasion de renouer avec des pays comme la Syrie, le Liban ou le Koweït qui étaient en froid avec le défunt président Yasser Arafat. Hier, Mahmoud Abbas a poursuivi sa tournée des «popotes» au Moyen-Orient en faisant escale à Téhéran où il a eu des discussions avec les responsables iraniens. Ainsi, le futur président de l'Autorité palestinienne veut ainsi mettre tous les atouts de son côté en faisant les premier pas, allant à la rencontre des responsables des pays voisins. De fait, les Palestiniens, qui ne peuvent plus s'offrir le luxe de faire la fine bouche, sont conscients du fait qu'ils doivent pouvoir compter sur le soutien de tous les voisins arabes ou non arabes de la Palestine, en ces moments critiques induits par le retrait israélien de Gaza, retrait dont on ne sait dans quelles conditions il va s'effectuer et à qui Israël va rétrocéder le territoire. En tout état de cause pas aux Palestiniens qui n'ont pas été associés à cette initiative qui serait entrée dans le cadre plus large du processus de paix, Israël n'ayant permis l'ouverture d'aucune passerelle de discussions avec les Palestiniens sur le point afférent à leur prochain désengagement de Gaza. Aussi, Mahmoud Abbas veut-il prendre toutes les précautions pour parer aux éventuelles retombées (négatives) du retrait unilatéral israélien.