A l'approche de chaque échéance électorale, la pression monte dans les états-majors des principaux partis de la scène politique et où des chefs politiques font souvent l'objet de « coup d'Etat politique ». C'est le cas notamment d'Abdallah Djaballah et Tahar Benbaïbèche qui ont été respectivement exclus de la tête d'Ennahda et du RND, lors des élections présidentielles. Si le premier, a réussi à créer un nouveau parti et rallier à sa cause des milliers de militants, le second s'est complètement effacé de la scène politique, après avoir été aux commandes du parti le plus puissant du pays. Tahar Benbaïbèche avait fait l'objet d'un putsch soigneusement organisé par l'ancien président du groupe parlementaire du RND, Mohamed Maghlaoui, l'actuel ministre des P et T, au profit d'Ahmed Ouyahia. Ce dernier a, d'ailleurs, pris ses dispositions en plaçant ses propres secrétaires généraux et en réussissant son conseil national et ce, pour parer à toute éventualité d'une reprise en main par l'ancien responsable du parti, Bensalah. En effet, Ouyahia qui fut placé par un putsch n'était pas à l'abri d'un coup de revers. Néanmoins, l'homme de tous les défis, a réussi en l'espace de quelques mois, à installer un terrain d'écoute et de communication et à rallier la presse à sa cause et en particulier après l'épisode du conseil constitutionnel. Ainsi, les journalistes, qui avaient tiré à boulets rouges sur Ouyahia et son Code pénal, avaient sensiblement changé d'attitude en prenant fait et cause pour le chef du RND et son député dans sa bataille contre les islamistes pour l'obtention du poste de membre du Conseil constitutionnel. A l'approche des élections législatives, il était donc nécessaire de restructurer le parti et faire face aux exigences du moment et surtout de la base. Si le FLN, le RND et le FFS ont réussi le pari de remodeler leur parti en prévision des prochaines élections, les autres partis, et plus particulièrement les partis islamistes, risquent de subir prochainement d'importants changements, notamment au mouvement Ennahda et au MSP. Le MSP, qui n'a pas changé de direction depuis sa création, risque de connaître des problèmes avant le rendez-vous de juin. Lors de la campagne pour les présidentielles, le cheikh Nahnah a failli perdre sa place de leader au profit d'Abou Djera Soltani. Son soutien au candidat du consensus avait créé une polémique au majliss echouri qui décida de maintenir le cheikh à son poste en échange qu'Abou Djera Soltani garde son poste de ministre. Mais, avec l'élimination de Soltani de l'exécutif de Benflis, le risque d'un changement à la tête du MSP, a considérablement diminué ou presque. Reste le Dr Amar Ghoul qui même obnubilé par son projet de relance du secteur de la pêche, demeure une menace sérieuse pour Nahnah qui caresse toujours le rêve de devenir président. Même si le Dr Amar Ghoul est l'un des meilleurs cadres que le MSP a produits, il ne montre pas d'ambition politique et se contente de mener à bien sa mission de ministre. Si la base du MSP revendique une direction jeune et moderne, il y a, en Ahmed Dene, Mokri ou encore l'intrigant Abdelkrim Dahmane, une relève capable de mener le parti loin dans la longue course vers le pouvoir. Il y a, enfin, le mouvement Ennahda, dont la base a rallié la cause du mouvement Islah de Djaballah et qui peut, dans un certain temps, disparaître de la coalition gouvernementale et par la même occasion de la scène politique. Devant l'absence d'une base électorale solide et d'un soutien politique conséquent, Ennahda risque, dans les mois à venir, d'appartenir à l'histoire politique du pays et remplir la liste des partis éphémères qui ont disparu.